Hospitalisation à ma demande
Partie 4
La nuit a porté conseil, en effet. Dès le lundi matin, j'ai entrepris une démarche pour quitter la clinique où je n'y avais pas ma place. Je m'en suis rendu compte peu à peu : les gens qui étaient là avaient tous une addiction très avancée à l'alcool, la drogue, le jeu ou la cigarette. Je n'étais concerné par aucune de ces quatre types de pathologie, mon entrée ne se justifiait qu'à cause d'un burn-out familial. De patients ayant cette même pathologie, il n'y en avait pas. Je ne comprends pas pourquoi la direction de la clinique n'a pas attendu qu'un cas similaire au mien se présente avant de m'admettre dans l'établissement.
Avec les vacances, c'est une autre équipe qui prenait son service ce lundi matin. Et après le petit déjeuner, prise de tension dans les mêmes conditions. J'en avais pris l'habitude et je n'ai pas hésité à me mettre en slip pour la circonstance. Avant de quitter cette petite salle et avant l'entrée d'un autre patient, j'ai demandé à l'infirmière qui s'est occupée de moi, Anaëlle, à rencontrer le médecin. Je lui ai expliqué pourquoi et elle m'a assurée qu'elle allait faire remonter ma requête.
La matinée se déroule dans un ennui mortel. Je me douché après le passage du veilleur de nuit et avant le petit déjeuner, car en semaine, les chambres étaient nettoyées vers 9 h. On n'avait pas le droit de s'y trouver à ce moment.
Je suis sorti prendre l'air, discuter avec les revenants du week-end, ou ceux qui l'ont passé en famille... Les résidents au fur et à mesure que le temps passait, pensaient eux aussi que je n'avais rien à faire ici, mais Gérard m'a recommandé d'aller voir le médecin d'abord, et le psychiatre ensuite. Ce dernier seul avait le pouvoir décisionnaire au sujet des sorties, mais celui que l'on m'a attribué (il y avait deux psychiatres dans l'établissement) n'était pas conciliant. Me voilà bien.
Anaëlle vient me chercher dans le jardin et m'annonce que l'un des médecins de l'hôpital, va me recevoir dans l'après-midi. Une petite lueur d'espoir naquit en moi.
Après le déjeuner, mon rendez-vous est confirmé. Cependant, il a lieu dans une autre aile du bâtiment. Anaëlle m'explique comment y aller, seul, et elle me dit aussi qu'à mon retour, je devrais passer par la case fouille. Cela en valait le prix, pour partir d'ici : je m'en moquais royalement. Elle me remit sous enveloppe scellée mon dossier à présenter au médecin, et me voilà parti, franchissant l'esprit léger le portail interdit, traversant le jardin sous le soleil éclatant de juillet...
J'arrive en bas du bâtiment médical, je m'annonce à la réceptionniste qui m'indique une salle d'attente au bout d'un couloir et que le médecin va me recevoir, porte 2.
Devant cette porte, je patiente, il est alors environ 14 h 30, mais il y a 2 autres personnes dans cette salle d'attente. Je n'ose pas leur parler pour savoir si elles sont hospitalisées ou si elles viennent en consultation libre, tout simplement. La première personne est appelée, c'est une femme et le médecin que j'aperçois à ce moment et qui me salue, est un homme, assez jeune, plus jeune que moi sans doute, mais c'est un géant. Il doit bien approcher le mètre 90 !
Dix minutes plus tard, la seconde personne est appelée après la sortie de la femme. Ce patient est un homme, mais il ne ressort qu'au bout d'une bonne demi-heure.
Vient alors mon tour. J'entre un peu fébrile dans le cabinet. La zone réservée à l'accueil du patient et au médecin est assez petit, par contre derrière une cloison amovible laissée ouverte, la zone d'examen est plus vaste. C'est là que se trouve la table d'examens, entre autre.
Le médecin, bien sûr, referme la porte. Je lui présente, sans dire un mot, l'enveloppe cachetée. Il l'ouvre en la déchirant et prend connaissance du contenu et ne dit pas un mot. Puis, posant le dossier sur son bureau, il me dit :
- Ainsi, vous voulez nous quitter.
- Oui, je ne sais pas ce que fais ici. Je m'ennuie. Je me suis reposé, certes, mais je n'ai rien à faire. Comme je n'ai pas d'addiction, on m'a interdit la participation aux activités. J'en ai assez de lire, de relire, de dormir... Je veux reprendre mes activités, retrouver mon bureau...
- Bon, écoutez, je n'y vois pas d'inconvénients. Mais je n'ai pas le dernier mot, c'est le docteur... (le psychiatre) qui le fera. En attendant et par pur routine, je vais vous examiner. Je dois le signaler dans mon rapport.
Le médecin se lève et se dirige vers la seconde partie de son cabinet, étend un ruban de papier sur la table et me signe de venir le rejoindre.
J'obéis, bien sûr, mais le médecin me dit :
- Défaites vous. En slip, s'il vous plait.
Je commence à me séparer de mon polo, mais le médecin exige que je pose mes affaires dans l'autre partie sur une des chaises, pas ici.
Et je reviens vers lui en slip, pieds nus (je n'avais pas de chaussettes, il faisait chaud - je rappelle que toute cette histoire a eu lieu en juillet dernier).
Je monte sur la table et le médecin procède à un examen basique. Il m'ausculte, tâte mon corps un peu partout après avoir écouté mon coeur, pris la tension, etc... Il m'examine aussi de dos, debout de face et de dos.
Juste avant de me rhabiller, il me demande si au niveau génital, tout va bien, ce à quoi je lui répond que oui. Il n'ira pas plus loin, je me rhabille et il signe un document stipulant que je peux sortir.
Je retourne dans mon bâtiment avec le papier du médecin, que je présente à Anaëlle : elle arrête mes pas et me prie d'attendre le passage à la fouille.
Cinq minutes plus tard, Sébastien vient me chercher et m'invite à le suivre. Il me fait entrer dans une pièce toute petite, 3 à 4 m², sans fenêtre et me dit :
- Vous savez pourquoi vous êtes là ?
Je lui dis oui de la tête et sans plus attendre, hop ! deuxième déshabillage de la journée. Sébastien observe et me demande de ralentir, car, semble-t-il, je me déshabille un peu trop vite pour lui. Il n'a pas le temps de bien me contrôler et de vérifier mes affaires...
Je ralentis. Il me regarde, observe... Je m'en moque. Ca ne me fait plus rien ! Tout ce que je veux, c'est partir d'ici.
Je me retrouve en slip. Sébastien me regarde et s'approche de moi. Il me fait écarter bras et jambes et m'inspecte, sans me toucher. Il se met à genoux pour regarder mes jambes, et dit en le désignant d'un doigt :
- Je dois regarder dans le slip. Excusez-moi.
Il se met très près de moi, et tirant sur l'élastique, jette un coup d'oeil à l'intérieur du slip. Puis il me commande de me retourner et, je le suppose, m'inspecte de visu par arrière. Sans me demander la permission cette fois, il baisse mon slip et met à nu mes fesses, quelques secondes. Puis, il me le remonte et m'autorise à me rhabiller. Lentement. Il me surveille encore et me libère quand je suis totalement vêtu. Il disparaît très vite de mon champ de vision.
La nuit de lundi à mardi est blanche : je pensai à ma sortie... Et si elle était refusée ? Et si le psychiatre ne le voulait pas...
Mardi matin, j'ai le rendez-vous avec le psychiatre. Le médecin que j'ai vu lundi a réussi à lui caser un rendez-vous pour moi.
Je me rends dans la salle d'attente où d'autres patients que je connais maintenant, et qui sont tous rattachés à cette unité, attendent aussi. La plupart, c'est pour un renouvellement de traitement. Le psychiatre les reçoit entre 2 et 20 minutes. Ce qui fait qu'en gros, en moins d'une heure, tous ceux qui étaient là avant moi, sont passés dans le cabinet et en sont ressortis.
Arrive mon tour. Le psychiatre a tous les éléments en main me concernant. Il fait la moue en me recevant :
- Vous n'êtes pas là depuis longtemps, monsieur. Comment pouvez-vous vous faire une idée de ce que nous pouvons faire pour vous soigner ?
A nouveau, je m'embarque dans une prose expliquant mon point de vue et ce pour quoi je suis ici. Et les raisons qui me forcent à vouloir partir.
Finalement, le psychiatre réfléchit un long moment et accepte de me laisser partir. Je me lève de ma chaise, soulagé d'un poids énorme, quand j'entends le médecin dire :
- Attendez, je n'ai pas fini avec vous.
Il se lève de son bureau lui aussi, et ferme les volets de son cabinet.
Ce lieu est une vaste pièce ouverte par 2 côtés sur des baies vitrées allant du sol au plafond. Très clair donc. En fermant les stores, la pièce devient sombre, très sombre. Sur sa lancée, il ferme à clés la porte de son cabinet et allume le plafonnier et me dit :
- Déshabillez-vous, monsieur. Je ne vais pas vous examiner, j'ai juste besoin de vous passer un test.
Je n'ai même pas réfléchis. J'ai obéis dans la seconde qui a suivi.
A SUIVRE : le dernier épisode : la sortie.
Une sortie ça se désire !
La sortie fut-elle compliquée ???