Descente au ciel ou montée en enfer si vous préférez
Chapitre 5 : En psychiatrie
Dans le premier chapitre je racontais comment à 18 ans je tombais amoureux d’un homme de 35 ans et comment nous aimions faire des jeux de rôles. Des jeux ou initialement je jouais le rôle d’une adolescente, mais qui m’emmenaient à accepter d’être traité comme un bébé par l’ex de mon copain. Dans le second chapitre je racontais comment nous aimions jouer en public et comment ces jeux devenaient de plus en plus compulsifs. Dans les chapitres suivants je racontais comment j’étais devenu accroc aux jeux de bébés et aux couches et comment je perdais graduellement tout contrôle. Dans ce 5ième chapitre je raconte comment les psychiatres essayaient de me « guérir ».
Après l’incident ou, ayant rentré complètement dans mon rôle de petite fille je voulais faire des crêpes, couvrant toute la cuisine de farine, sucre et lait, Guy paniquait. Et quand je racontais de mes rencontres avec Lucie ou elle me traitait en petit bébé en m’humiliant au max, il avait insisté que je cherche de l’aide professionnelle, comme mes contacts sur Internet avaient déjà conseillé à plusieurs reprises. Bien que je trouvais toujours que tout le monde exagérait j’acceptais de consulter un psychiatre.
Celui-ci était assez perdu devant « mon cas ». Il expliquait que selon lui c’était un cas extrême d’accrochage aux jeux. Que c’était une dépendance comme on peut être dépendant de l’alcool, la nicotine ou les jeux de chance. Mais cela n’expliquait pas que je « devenais le rôle ». Je crois qu’il ne me croyait pas, qu’il croyait que je cherchais seulement l’attention. Mais puisque j’insistais sur le fait qu’à plusieurs reprise j’avais vraiment perdu le contrôle il suggérait que je venais en observation à l’hôpital. Evidemment l’idée de passer deux semaines dans le service psychiatrique d’un grand hôpital m’effrayait, mais Guy insistait. Sur le forum en ligne j’exprimais mon soupçon qu’il insistait puisque c’était une solution pratique vue qu’il n’osait plus me laisser seule et que son job ne le permettait évidemment pas de rester chez moi tout le temps. Cette accusation injuste était aussi motivée par ma peur. La peur pour l’hôpital psychiatrique, mais aussi peur de ce qui m’arrivait. Ma copine d’Internet se fâchait. Elle me demandait si moi j’aurais envie de devoir m’occuper d’une personne adulte agissant comme un enfant de 6 ans ? Surtout si cela nuisait à mon job? Elle insistait que Guy n’était pas mon père et que donc il n’avait aucune obligation de prendre soin de moi. En même temps elle essayait de me rassurer expliquant que l’hôpital n’était pas aussi terrifiant, que j’allais être dorloté, que je n’avais qu’à prendre quelques bons livres, etc. Et elle soulignait que le fait que Guy insistait était, en effet, peut-être partiellement parce qu’il voulait me sortir d’entre ces pieds ce qui était entièrement compréhensible. Mais c’était surtout parce qu’il m’aimait et qu’il se faisait des sérieux soucis pour moi. Mais ça je le savais évidemment.
Par contre ce qu’elle disait de l’hôpital ne m’avait nullement convainque. Ce n’était pas un hôpital tout court, c’était le service psychiatrique. J’allais à l’asile de fous. Je n’arrivais pas à croire que c’était ce qui me fallait.
Et j’appris vite que j’avais eu raison d’avoir peur. Très vite je constatais que l’hôpital psychiatrique est le comble d’une fantaisie de domination. Puisque ma fantaisie était d’être un petit bébé dépendant j’aurais due adorer, mais ce n’était pas le cas. Le plus terrifiant est qu’on sait quand on rentre, mais on ne sait pas quand on sort. J’avais accepté de passer deux semaines en observation et j’en sortais seulement après deux mois. Et mon cas ne s’améliorait pas du tout, au contraire.
En fait les premiers jours se passaient assez bien. Le personnel était très gentil et, comme ma copine m’avait suggéré, j’avais pris quelques bons livres. Mais surtout j’observais la faune parmi laquelle j’avais atterrit. Il y avait une quinzaine de patientes, et la toute grande majorité agissait tout à fait normalement. Ce n’était que petit à petit que on s’apercevait chez quelques unes des réactions ou des comportements un peu bizarre. Ce qui me confirmait dans ma conviction que ma présence là était une erreur. Mais le personnel ne cessait pas de me répéter que si j’étais là il y devait y avoir des bonnes raisons et que le plus vite que j’acceptais ça le plus vite que je pourrai travailler à ma guérison. Ce qui me déprimait.
Il y avait trois femmes complètement « absentes », que tout le monde appelait « les folles ». La première ne bougeait pas de toute la journée. Le matin on l’accompagnait jusqu'à son fauteuil ou elle restait toute la journée en regardant devant elle avec un regard vide. La seconde, une femme d’une quarantaine d’années, bien soignée, avait des terribles crises hystériques. D’un moment à l’autre elle commençait à rire très fort, à danser en rond, ou à pleurer et à jeter par terre tout ce qui se trouvait à portée de main. Lors de ces crises les infirmiers la donnaient parfois une injection et après ça elle restait calme le restant de la journée. La troisième était une jeune femme, peut-être au début de la trentaine. Elle se promenait toujours en pyjama en suçant son pouce. Elle avait une jolie figure, mais avait en permanence une expression triste et ne parlait presque pas. Pour manger on les installait toutes les 3 ensemble à une table, en les mettant des tabliers à longues manches en plastic, se fermant par-derrière. La plus âgée était nourrie à la cuillère. Elle ouvrit machinalement sa bouche toujours avec son regard hagard. Pour la plus jeune on lui coupait la nourriture en petits morceaux et on la laissait se débrouiller. La hystérique était attachée à sa chaise avec ces mains dans le dos et elle aussi était nourrit à la cuillère, parfois en la forçant d’ouvrir la bouche. Une fois je l’entendais implorer de ne pas l’attacher, qu’elle promettait d’être calme. Mais la réponse était du genre « on connaît ça ».
Mais puisque on gardait ces trois femmes un peu à l’écart dans un coin de la grande salle commune, je n’y prêtais pas beaucoup d’attention. L’organisation des journées était très stricte à quoi je n’avais pas l’habitude. Malgré ce nouveau environment à découvrir et mes livres, les journées passaient lentement. Chaque jour j’avais une séance avec un des psychiatres, et une séance de groupe avec une thérapeute. Pour le reste il y avait la douche du matin et les 3 repas. Dés le deuxième jour je m’embêtais à mourir.
Il y avait un jeune infirmier assez sexy, genre bodybuilder, dont j’avais remarqué qu’il me regardait souvent. Rentrant dans mon rôle d’adolescente provocante je lui faisais la cour. Très vite il tournait autour de moi sans cesse, incapable de résister à mon petit air de fausse innocence. Le jeu amusait énormément deux filles de mon âge un peu punk, et me méritais d’être leur amie. Immédiatement je faisais donc partie de la bande « cool » du service. Le lendemain je continuais mon jeu avec l’infirmier. Pour le taquiner je lui disais qu’il n’était pas mon genre, sur quoi il me demandait ce qui était alors mon genre. En guise de réponse je le demandais de deviner qui était mon acteur préféré. Il répondait du tac au tac « Johnny Depp ». Je commençais à sauter sur place en exclamant « T’as gagné, t’as gagné ». Toute la salle nous regardait évidemment. Quand il me demandait ce qu’il avait gagné, je passais mes bras autour de son cou et en faisant un petit saut je lui donnait une bise sur ces lèvres. Quand je me retournais je rencontrais les yeux furibonds de la thérapeute.
Lors de la séance de groupe de ce jour elle me demandait si je voulais raconter ce qui c’était passé le matin ?
Je feignais ne pas comprendre. Tu sais très bien que le docteur t’a absolument défendu de jouer des rôles.
Oui, et alors ? Quel rôle ?
Elle avalait l’appât sans réfléchir.
Ce matin avec Robert, l’infirmier, ce n’était pas un jeu de rôle ?
Ca ? Parce que deux personnes normalement constituées se sentent attirés l’un par l’autre c’est nécessairement un jeu ? Je suppose que c’est comme ça pour des personnes qui n’ont aucune attractivité.
Tout le groupe éclatait de rire. Elle me regardait, mais ne disait plus rien, continuant avec quelqu’un d’autre. Cette petite victoire m’avait encouragé. Je rentrais de nouveau dans mon rôle d’adolescente en dandinant sur place au rythme de mon iPod. D’abord elle m’ignorait, mais quand je commençais à former les paroles des chansons avec mes lèvres, et que tout le groupe regardait mon jeu elle n’avait plus de choix. OK Claire ça suffit. Donne moi ce walkman.
J’éclatais de rire. Walkman ? Je n’ai pas de walkman. Elle venait vers moi, et sortait mon iPod de ma poche. Ca Ca ? C’est un iPod, ma pauvre tarée. Je m’en fou ce que c’est, c’est confisqué.
Rentrant instantanément dans le rôle d’une fillette de 5 ans je commençais à crier: « Non tu peux pas prendre, c’est à mon papa, non, donne ici,… » . Elle me regardait calmement et puis elle me rendait le iPod sans un mot. Je lui faisais un grand sourire, et en la remerciant je lui promettais d’une petite voix d’être sage. Elle ne répondait pas, et continuais la séance comme si rien ne c’était passé. Après la séance je commentais tout fier à mes nouvelles amies mes deux « victoires », en ajoutant que je trouvais la thérapeute plus cool que je n’aurais cru. Elles m’avertissaient de ne pas me détromper.
Le lendemain matin mon psy me répétait que je devais absolument arrêter les jeux de rôles. Les jours suivants continuaient de la même manière, seulement je ne pouvais pas m’empêcher de jouer de plus en plus mes différents rôles. Surtout celui d’adolescente qui agaçait la thérapeute à mort, mais souvent je passais dans mes autres rôles sans bien le réaliser. Entre la thérapeute et moi il y avait une antipathie réciproque. En général j’essayais de ne pas perdre le contrôle pendant les cessions de thérapie en groupe. J’adorais interrompre la cession par des enfantillages, comme demander à aller à la toilette ou prétendre de ne pas comprendre ce qu’elle expliquait. Mais surtout je m’amusais à corriger les nombreuses fautes dans ce qu’elle disait. J’impressionnais le petit groupe avec mes connaissances, scientifiques et autres, ce qui irritait évidement mon adversaire.
Un des deux psychiatres avec qui j’avais des séances privés insistait que je lui parle de mes différents « rôles ». Il m’encourageait de les donner des noms, et me demandait de décrire leurs caractères, m’expliquant que ça allait m’aider à mieux contrôler mes rôles. Cela m’amusait et j’inventais donc des personnages distincts avec des traits de caractère bien spécifiques. Et en effet cela m’aidait à les maintenir séparé l’un de l’autre et de ne pas changer de rôle de minute en minute.
Le premier rôle était celui d’une adolescente (14-15 ans), que j’avais baptisé Lo. C’était le tout premier rôle que Guy et moi avions joué et je l’adorais toujours. C’est un rôle que j’adorais jouer en public. C’est fou comme n’importe quel homme, de n’importe quel âge, perd tout défense en face d’une fille de 14 ans un peu nymphomane. Lo était extrovertie et cherchais toujours l’attention.
Dans le second rôle j’étais à peine plus jeune (10 -12), mais c’était un rôle complètement différent. C’est un rôle difficile, sur la frontière de l’enfance et l’adolescence. Un moment je réagissais comme un enfant et le suivant comme une jeune adulte. Guy n’aimait pas du tout ce rôle parce qu’il est tellement imprévisible. Je le jouais donc souvent seule. J’aimais ce rôle parce que c’est le rôle le plus jeune que je pouvais jouer en public avec les gens croyant que j’étais vraiment le rôle que je jouais. Ce rôle était baptisé Petite Claire. Petite Claire était très timide, et avait un immense problème d’auto estime. Le troisième rôle était notre rôle favori. Dans ce rôle je jouais une fillette de 5 6 ans, Pupuce. C’était un rôle gaie, plein de bonheur. L’inconvénient était qu’on ne pouvait pas le jouer en public (sauf si nous arrivions à créer des circonstances éloignées de nos vies normales comme dans le petit hôtel en Espagne). El le dernier rôle était celui de Bébé. Ce rôle était différent. En premier lieu parce que Guy ne l’aimait pas du tout. Mais aussi parce que cela évoquait des sentiments différents chez moi. Il ne s’agissait plus d’exercer un pouvoir pervers sur mon entourage, mais non plus d’avoir ce sentiment merveilleux d’être dépendant d’une autre personne qu’on aime de tout cœur et à qui on fait une confiance absolue. Au moins pas seulement. Il s’agissait également d’être humilié et dominé.
Identifier les rôles aidait à les contrôler. Mais très vite j’abandonnais, je n’essayais même plus de contrôler. À quoi bon, puisque j’étais contrôlé du matin au soir par le staff. Je passais donc d’un rôle à autre sans y prêter aucune attention. Je crois que d’être traité comme une personne malade je me sentais de plus en plus une malade. De toute manière le personnel, la thérapeute en premier lieu, ne ratait pas une occasion pour me souvenir pourquoi j’étais là.
Et je me réfugiais de plus en plus dans mes rôles. Ce qui évidemment forçait le personnel de me traiter de sorte, me privant graduellement de toute dignité.
Une nuit je n’arrivais pas à dormir et, loin dans mon rôle, mon « papa » me manquait. Je décidais donc de rentrer à la maison. En essayant de sortir par la sortie de secours j’enclenchais un système d’alarme réveillant tout le service. A partir de ce jour chaque soir on m’attachais mes chevilles et poignets à mon lit. Et quand à deux reprises, dans mon rôle de Pupuce, je mouillais ma culotte en plein jour, cela devenait encore plus humiliant. Après le second « accident » ils m’avaient mise une couche jetable et le lendemain ils me donnaient tout un paquet en m’ordonnant d’en mettre une chaque matin après ma douche.
Comme on peut imaginer cela changeait la façon que les autres patientes me regardaient. Surtout mes deux copines « cools » prenaient de la distance.
Et puis un jour mon sort était définitivement scellé. Comme souvent la nourriture était infecte et je refusais de manger. Quand une infirmière insistait que je devais me nourrir je piquais une crise de colère et jetais mon assiette par terre. L’infirmière n’avait rien dit, une aide avait nettoyé le sol et j’avais savourée une autre de mes petites « victoires ». Mais au repas suivant quand je voulais m’installer à ma place normale, à côté de mes copines, l’infirmière me disait doucement de la suivre, qu’ils avaient mis ma place à une autre table. D’abord je ne comprenais pas puisqu’ils n’y avaient jamais eu des places fixes, mais quand je voyais ou elle m’emmenait j’éclatais en pleurs en priant de ne me pas faire ça. Mais elle insistait doucement que je ne les laissais pas de choix. Je refusais de bouger, mais ils avaient prévus ça et une seconde plus tard je sentais la piqûre.
A partir de ce jour je prenais mes repas avec les 3 « folles », portant moi aussi une sorte de grand bavoir en plastic avec des manches. On m’attachait à la chaise. Parfois quand je refusais à manger ils m’attachaient les mains et me nourrissaient à la cuillère. Au début entre les repas j’avais essayé de rejoindre les autres patientes, mais immédiatement elles m’avaient fait comprendre que dorénavant je n’étais plus à ma place chez elles. Je faisais maintenant partie des « folles » et je devais donc rester dans la partie de la salle destinée à nous 4, sans gêner les autres.
En quelques semaines cette fille fière, gaie, coquine, avait changé dans un des cas le plus pathétique du service. Comme les 3 autres folles je ne parlais presque plus, je ne lisais plus, et je passais la journée en attendant. Souvent je m’asseyait par terre avec mes jambes devant moi et repoussant ma jupe vers le haut je me masturbais en frottant sur ma couche mouillée en plein vu de tout le monde.
Quand je m’en rendais compte de ma condition je paniquais : Quoi si je devais rester là pour le restant de ma vie ? Je cherchais de chasser ces idées noires en me réfugiant encore plus dans mes rôles, renforçant ainsi le cercle vicieux.
Je continuais à participer aux cessions de groupe, mais les choses avaient changées. Le premier jour que je portais des couches, quand j’avais demandé la parole, la thérapeute m’avait coupé court : « Ah non Claire, ce petit jeu est fini maintenant, tout le monde sait que tu ne dois pas, je veux dire plus, aller à la toilette ». Le groupe avait éclaté de rire et à partir de là la thérapeute avait le dessus et savourais ça victoire. Lors de discussions elle se tournait vers moi en disant « demandons à notre genie scientifique ». Bien que je savais presque toujours la réponse ma réaction était couverte de rires. Personne n’était plus intéressé en ce que je disais. Plus grave étais quand j’étais installé à table avec les autres « folles » avec mon grand bavoir elle me regardait de loin avec un petit air triomphaliste. Ou quand après une de mes crises on m’avait attaché mes mains et, l’infirmière n’arrivant pas à nous nourrir tous ensemble à la cuillère, elle venait aider. Normalement elle n’intervenait jamais dans ces besognes manuelles, mais elle ne se privait pas du plaisir de me nourrir à la cuillère en m’encourageant de bien ouvrir ma bouche comme à un petit bébé, mais en même temps me harcelant en me posant la question si j’étais toujours convainque que ma présence là était une erreur.
Il va de soit que cela me rendait très malheureuse et inquiète une grande partie du temps. Mais en même temps beaucoup du temps j’étais parfaitement heureuse. J’étais bien soigné du matin au soir, je n’avais plus aucune responsabilité, et je pouvais jouer mes rôles sans me soucier des conséquences.
Il y avait une jeune infirmière, à peine plus âgée que moi, extrêmement douce et gentille. Est-ce qu’elle prenait pitié de moi ou est ce qu’il y avait une autre raison je ne le sais pas, mais chaque moment qu’elle pouvait se libérer elle s’occupât de moi. Elle me brossait les cheveux que si non restaient en broussaille, elle m’aidait à choisir les vêtements à mettre, et quand en pleine journée elle voyait que ma couche était trempée elle m’emmenait vite à la salle de bain pour me changer. Elle s’occupait de plus en plus des 4 folles, au grand soulagement de ces collègues. Au moment des repas elle s’occupait des 3 autres d’abord et puis elle prenait son temps pour me nourrir. Elle adorait Pupuce et ne le cachait pas, me donnant des gros câlins quand elle était contente de moi. Elle me traitait comme une petite gamine mais elle le faisait tellement naturellement qu’il n’y avait rien de humiliant ou dégradant. Et je lui rendais toute la tendresse qu’elle me donnât. Si jusqu'à ce jour j’ai des bons souvenirs de mon séjour dans l’aile psychiatrique c’est grâce à elle. Et je ne me souviens même pas de son nom.
Souvent je me laissais glisser dans ce sentiment de bien-être absolu, oubliant compétemment qui j’étais et ou je me trouvais. J’aspirais de rester là pour toujours et cela me coûtait de plus en plus d’efforts pour sortir de cet état de bonheur léthargique.
Mais Guy continuait à me manquer ce qui me motivait pour vouloir sortir et heureusement que Guy ne me laissait pas tomber. Quand il me rendait visite je lui racontais tout, y compris mes pires angoisses, mais aussi mes moments de bonheur.
On était d’accord que l’hôpital avait été une mauvaise idée. Un des problèmes était que les médecins ne se mettaient pas d’accord sur la diagnose. Le jeune psychiatre, celui qui insistait que je décrivais mes rôles, croyait qu je souffrais d’une personnalité dissociative. Ce qu’on appelait avant « multiple personnalités ». Une maladie mentale grave sans beaucoup d’espoir de guérison. Le fait que j’insistais que souvent je perdais le contrôle était pour lui une indication importante pour ce diagnostique. Par contre l’autre médecin pensait à une personnalité hystérique (histrionique). Donc une personnalité qui ferait n’importe quoi pour attirer l’attention sur elle. Moi-même je n’acceptais toujours pas que je souffrais d’une vraie maladie mentale. Je me voyais simplement comme une fille que trouvait un plaisir pervers à embêter et provoquer tout le monde, en payant moi-même un prix élevé. En bref une sorte de sadomasochiste.
Mais si nous étions d’accord que l’hôpital me renfonçait de plus en plus dans une attitude de plus en plus néfaste, et que je devrais donc sortir de la le plus vite possible, nous réalisions que je ne pouvais plus simplement rentrer. Guy me promettait de me trouver une autre solution. Ce qu’il ne tardait pas à trouver. Une solution qui allait nous mener à une nouvelle étape, beaucoup plus gaie et heureuse que mon séjour dans l’aile psychiatrique. Mais ça je raconterai dans un chapitre suivant.