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Vues: 601 Created: 2020.08.13 Mis à jour: 2020.08.13

Les études de Marie-Jeanne

Travail d'été

Marie-Jeanne avait peu de temps pour se préparer : elle devait rentrer chez ses parents afin de pouvoir occuper son emploi d’été. Les deux femmes se firent de tendres adieux. Madame Granlean proposa de raccompagner Marie-Jeanne chez elle en voiture, mais cette dernière lui fit remarquer que trop de sollicitude ouverte envers elle risquait d’attirer les soupçons quant à leur relation. Marie-Jeanne prit donc le train.

Ses parents étaient contents de l’avoir à la maison pour plus qu’un week-end de temps à autre. Encore une fois, ils furent surpris du changement qui s’était opéré en elle : elle était plus assurée, plus indépendante. Mais après tout, c’était bien normal !

Le concessionnaire automobile chez qui elle avait déjà travaillé l’an dernier, après son baccalauréat, l’embauchait à nouveau. Le patron devait rester un temps à proximité, sans venir tous les jours car sa famille lui rendait visite, puis partir en vacances. Son adjoint était parti en vacances et devait revenir par la suite. La secrétaire ainsi qu’un des mécaniciens était en congé, mais ils avaient pris un jeune en plus, Nicolas, pour l’atelier.

Là aussi, Marie-Jeanne surprit par sa nouvelle assurance. Lorsqu’un client, profitant de ce que sa femme s’était éloignée, lui fit un compliment un peu trop appuyé sur son physique, sa réponse fut à la fois courtoise et ironique : « Vous êtes trop indulgent, voulez-vous que je demande confirmation de votre jugement à madame votre épouse ? ». L’homme changea de sujet.

Les affaires étaient plus calmes l’été, mais le patron préférait garder la concession ouverte ; l’atelier avait de toute façon toujours des clients.

Un jour, justement, en allant à l’atelier vérifier un bordereau de pièces détachées pendant la pause de midi, Marie-Jeanne entendit un bruit de chute d’objet de la réserve, puis d’autres bruits plus légers. La porte en était pourtant fermée ; elle pensa qu’un animal y était entré et essayait maintenant d’en sortir, et ouvrit la porte. Elle étouffa un petit cri.

Jean-Louis, un mécanicien de 28 ans avec qui elle avait sympathisé, avait son pantalon baissé. Nicolas était devant lui, accroupi, sa verge dans la bouche. En s’installant, il avait fait tomber une pile de vieilles boîtes, qui jonchaient le sol ; c’était le bruit qu’elle avait entendu. Elle referma la porte ; mais Jean-Louis l’avait entendue et avait tourné la tête.

Celui-ci la rejoint quelques minutes plus tard

« Marie-Jeanne ? Mais tu avais dit que tu sortais manger ton déjeuner au parc… je ne voulais pas…Tu ne diras rien ?

— Non bien sûr. J’avais eu un doute sur un bordereau et étais revenue pour en avoir le cœur net, j’ai entendu un bruit cru qu’il y avait un animal coincé. Je ne voulais pas vous déranger.

— Tu… enfin… tu ne semble pas choquée.

— Jean-Louis, ce que vous faites Michel et toi ne regarde que vous. En fait ce qui me choque le plus, ce sont les risques que tu prends. Michel a moins de 21 ans, si vous êtes surpris tu pourrais avoir de gros problèmes.

— Je le sais bien. Mais nous avions tellement envie ! Je n’ose pas le recevoir trop souvent chez moi, les voisins jaseraient… et puis il vit chez ses parents, il ne peut pas non plus trop sortir le soir.

— Je comprends. C’est la première fois que vous faites cela dans la réserve ?

— Non, parfois nous y étions déjà allé…

— Tu prends aussi le risque de te faire renvoyer.

— C’est vrai oui je sais c’était stupide de ma part.

— Jean-Louis je t’aime bien. Promets-moi de ne pas recommencer. Pas ici.

— D’accord. »

Marie-Jeanne avait bien sûr entendu parler d’homosexualité masculine avant d’arriver à l’université, mais toujours en des termes soit vagues (« amitiés particulières ») soit injurieux. Avec madame Granlean, elle en avait appris un peu plus, celle-ci voulant dessiller la jeune fille et lui faire perdre certains préjugés. Toutefois, elle ne s’était pas encore tout à fait défaite de son cliché que l’homosexuel était forcément raffiné et efféminé, et était surprise que Jean-Louis, robuste mécanicien, en fut lui aussi.

Marie-Jeanne réfléchit. Quelques jours plus tard, elle parla entre quatre yeux à Jean-Louis.

« Jean-Louis, j’ai une idée. Tu ne peux pas recevoir Michel tout seul chez toi trop souvent sinon ça ferait jaser. Mais tu peux recevoir plusieurs collègues après le travail. Si tu nous invitais tous les deux ?

— Marie-Jeanne… mais, ça ne t’embêterait pas de tenir la chandelle ?

— Pas si je peux regarder. »

Ce fut le tour de Jean-Louis d’être choqué.

« J’ai dû mal comprendre.

— Jean-Louis, j’ai 19 ans. Je n’ai jamais « vu le loup », comme on dit. Ça m’intéresse, pourtant, de savoir comment est fait un homme, comment il fait l’amour. Alors, oui, j’aimerais vous voir tous les deux… Enfin je ne vous oblige pas, mais comme je vous rends un service, j’apprécierais un service en retour. »

Jean-Louis semblait troublé.

« Nous en rediscuterons. »

Comments

clyso Il ya 4 ans  
Aranam Il ya 4 ans