Sabrina était une jeune diplômée fraîchement arrivée dans l'équipe au travail. C'était une jeune femme à la peau légèrement bronzée. Elle était de taille moyenne, plutôt jolie, souriante, avec quelques kilos en trop qui lui donnaient des formes assez généreuses. J'étais arrivé deux ans avant elle dans l'équipe, moi aussi sorti d'école, ce qui faisait de moi le deuxième plus jeune de l'équipe.

Un jour, pendant la pause de l'après-midi, alors que notre groupe était en train de discuter et que la discussion avait comme souvent dérivée sur des sujets insolites, on aborda les suppositoires, débattant entre ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre ce genre de médicament. J'étais un peu plus en retrait, à côté de Sabrina, quand celle-ci me lança un sourire en écoutant aussi le débat.

-Et toi, t'en penses quoi, des suppos ? Fit-elle.

Elle m'avait demandé ça à moi personnellement, et je remarquai aussi qu'elle m'avait posé la question suffisamment discrètement pour ne pas que les autres nous entendent.

Je lui répondis sur le ton de la plaisanterie.

-Je ne sais pas trop, je suis plus ouvert à en donner qu'à en recevoir !

Elle sourit à ma réponse, puis me chuchota, plus bas cette fois et plus proche de mon oreille.

-Si t'as besoin d'une cobaye, moi je veux bien recevoir !

Je rougis instantanément en comprenant ce qu'elle voulait dire. Je me tournai pour la jauger, ne sachant pas trop quoi en penser. Était-elle en train de plaisanter ? Ou bien était-elle sérieuse avec sa proposition ? J'avais tendance à pencher plutôt pour la deuxième option vu le ton employé, mais peut-être que je me faisais simplement des idées. A côté, les collègues rigolaient et avaient déjà changé de sujet. Aucun d'eux ne semblait avoir remarqué notre petit échange. Puis ce fut le temps de regagner nos bureaux respectifs.

Le reste de l'après-midi, je ne fus pas très productif. Je ne cessai de penser à ce que Sabrina m'avait dit pendant la pause. Elle était repartie en même temps que tout les autres sans rien ajouter, et je n'arrivai toujours pas à savoir si sa proposition était sérieuse. Si c'était le cas, j'étais bien sûr plus qu'intéressé, mais me disais que c'était peu probable que ça aboutisse à quelque chose de concret. Néanmoins, je voyais à présent Sabrina différemment.

En fin d'après-midi, vers la fin du service, j'avais traîné au bureau en laissant les autres repartir chez eux les uns après les autres. Sabrina était encore à son bureau, devant son ordinateur. Au moment où elle se leva en prenant sa veste, je fis mine de partir aussi à ce moment-là, je pus ainsi la rattraper dans le couloir. On attendit d'être assez éloignés des bureaux pour se mettre à discuter.

-Bon, du coup, quand est-ce que tu veux ton suppo ? Demandai-je d'une voix décontractée qui pouvait passer pour une taquinerie, essayant toujours de savoir si c'était une plaisanterie ou une vraie proposition.

Je vis Sabrina sourire en continuant à regarder devant elle, sans rien répondre. Je crus alors avoir fait une grosse boulette en abordant à nouveau ce sujet.

-On est tout les deux sérieux à propos de ça, n'est-ce pas ? Lança-t-elle alors.

Elle continuait à regarder droit devant elle, sans tourner la tête vers moi, se contentant juste de marcher à côté, à mon niveau.

-Oui, on dirait bien, répondis-je.

-Viens avec ce qu'il faut demain, me dit-elle. Si je suis prête, je te dirai où se retrouver...

-D'accord...

On resta ensuite muets l'un et l'autre, jusqu'à la sortie du bâtiment, où on se sépara pour aller chacun regagner sa voiture.