Situations embarrassantes
Le retour de la morale dans une province du Tritriztan
Le Tritriztan est une destination touristique encore pas trop courue, et vantée par le Guide du Routard (vous l'avez acheté d'occasion). Vous vous êtes donc laissée tenter.
Sur place, vous avez fait la connaissance de gens fort sympathiques, donc un fort séduisant jeune homme. Tout allait très bien jusqu'au moment où la police a débarqué…
Si les vendeurs et hôteliers du Tritriztan font un effort raisonnable, bien qu'assez limité, pour parler anglais, ce n'est pas le cas de la police. On finit par vous dire que votre consulat sera prévenu et pourra envoyer un représentant (l'ambassade est à plusieurs centaines de kilomètres…) et qu'en attendant vous devez coopérer, dans votre propre intérêt.
Deux policières vous emmènent avec deux autres femmes dans une pièce et vous demande de vous déshabiller. Il n'y a de toute façon guère le choix : dehors il y a d'autres policiers, masculins, elles n'auront qu'à appeler à l'aide… Vous et les autres femmes commencez par enlever votre haut et votre pantalon. Les policières rangent séparément les vêtements de chacune. Vous êtes maintenant en sous-vêtements. Une policière pointe votre soutien-gorge. Vous commencez par vouloir répliquer, mais vous réfléchissez vite que ce serait peine perdue. Les policières récupèrent les soutien-gorge.
Puis c'est le tour des chaussettes, du moins pour les deux prisonnières qui en ont (vous étiez en sandales). Et enfin… la policière pointe votre culotte. Vous commenciez à vous douter qu'il faudrait en passer par là… mais vous espériez que non. Vous vous exécutez et tendez votre culotte.
L'autre policière ricane. Vous ne comprenez pas la conversation mais elles semblent désigner le pubis glabre d'une autre prisonnière. Possiblement, au Tritriztan l'épilation intime ne fait pas partie des mœurs et est cause d'hilarité. L'autre femme, une anglaise dont vous aviez récemment fait la connaissance, est mortifiée.
Quant à vous, quand vous remettez votre culotte blanche à la policière et que celle-ci la range sur votre pile de vêtements, elle appelle sa collègue. Les deux ricanent en commentant votre culotte. Là encore, vous ne comprenez pas la langue, mais vu comme elles la tiennent en exposant le fond, vous vous dites qu'il est possible que celui-ci n'ait pas été des plus propres. Vous êtes vous aussi mortifiée.
La troisième culotte est récupérée, puis on vous fait successivement poser un pied sur un tabouret et tousser tandis qu'une policière vous observe l'entrejambe. Lorsque la troisième femme y passe, la policière désigne son sexe à l'autre. Vous comprenez que ce qui provoque ses commentaires, c'est la ficelle du tampon. Visiblement aussi, dans les villes secondaires du Tritriztan, on n'utilise pas de protection hygiénique interne…
Vous et les deux autres femmes avez du mal à croiser vos regards, tellement la honte est forte. On vous tend un linge, à la femme au sexe épilé et vous, et on vous fait signe de vous asseoir dessus. Quant à la troisième, on l'emmène, ainsi que vos vêtements, et on vous laisse seules, nues, avec un broc d'eau et deux tasses en terre cuite, attention délicate vu la chaleur. La porte est une grille qui donne sur un fond de couloir du commissariat.
Vous finissez par parler. Qu'arrive-t-il ? Pourquoi ces arrestations ? Que vous reproche-t-on ? Que va-t-on vous faire ? Et le consulat ? Etc.
Le temps passe. Vous avez bu, et vous commencez à le regretter. Vous avez bien repéré le WC à la turque dans le coin de la cellule, mais vous n'osez pas vous en service devant l'autre femme, et avec la possibilité que n'importe qui du commissariat passe devant la grille.
Enfin la première femme est ramenée. Elle a l'air très embarrassée, et évite votre regard. Elle porte une sorte de culotte locale. L'autre est à son tour emmenée. Vous vous demandez si vous devriez poser des questions à votre compagne d'infortune et ce qu'elle vient de subir, mais elle n'a pas l'air bavarde.
Vous n'y tenez plus et vous accroupissez sur la toilette. On entend le pipi couler. C'est humiliant, mais que faire, vous songez que si on vous emmène à un interrogatoire vous risqueriez de vous faire dessus !
Les policières ramènent la deuxième femme, celle-ci sans culotte. C'est maintenant votre tour.
Vous êtes emmenée nue à travers l'hôtel de police. Les gens, hommes ou femmes, vous regardent et commentent, mais vous ne comprenez rien. Vous avez une main devant votre sexe, l'autre devant vos seins. Ce défilé est humiliant. Vous espérez que l'ambassade sera ferme et obtiendra des sanctions contre ces policiers.
À un moment, vous attendez devant une porte. C'est là que, tandis que votre esprit gamberge, vous vous demandez pourquoi la première femme, celle dont la ficelle de tampon avait provoqué les sarcasme des mégères de la police, est revenue renculottée et pas la seconde… et vous avez peur de comprendre.
On vous fait entrer. C'est une sorte d'infirmerie, avec une table d'examen… qui comporte des étriers gynécologiques ! Un homme et une femme en blouses vous attendent. L'homme parle à la femme, qui, ne parlant sans doute pas anglais et encore moins français, vous fait asseoir sur la table. Un médecin, une infirmière ?
Le médecin vous écoute le cœur et les poumons avec un stéthoscope, puis va prendre un abaisse-langue. Il vous touche la mâchoire et vous comprenez que vous devez ouvrir en grand. Il inspecte votre bouche, relevant votre langue à un moment. Il vous passe dans la bouche une sorte de coton à prélèvements. Vous comprenez qu'il s'agit de vérifier que vous ne dissimulez rien. Vous songez aux implications que cet objectif aura sur d'autres parties du corps. L'infirmière, pendant ce temps, passe une brosse dans vos cheveux, probablement pour en faire tomber d'éventuels objets qui y seraient dissimulés. Les deux échangent des paroles, ainsi qu'avec les policières. Évidemment vous ne comprenez rien, vous ne savez même pas s'ils parlent de vous ou du beau temps.
Puis on vous fait signe, par le geste, de vous allonger. Vous vous doutez de comment ça va se finir, mais que faire ? Vous vous allongez. Le médecin vous palpe le ventre en commentant. Puis vient le moment où l'infirmière prend votre pied et fait le geste de le placer dans l'étrier. Vous sautez de la table. Réaction irrationnelle, bien sûr : à une contre quatre, vous ne faites pas long feu. On vous plaque contre la table d'examen, penchée en avant.
Une des policières se place devant vous, bien visible, et commence à défaire son ceinturon. Comment… elles ne vont tout de même pas… Elle s'arrête et dit quelques mots. Les trois femmes rient. Un peu de discussion s'ensuit. Vous voyez la policière repartir derrière vous avec la brosse en bois que l'infirmière avait utilisée dans vos cheveux. Ouille ! Vous aviez vu sur des sites en ligne que la brosse à cheveux était un instrument utilisé par les mères américaines sur les postérieurs enfantins, mais vous ne l'aviez jamais expérimenté. Vous essayez de garder votre dignité mais bientôt vous poussez de petits cris peu dignes d'une adulte.
La fessée s'arrête. On vous relâche et on vous fait signe de remonter sur la table d'examen. S'asseoir sur vos fesses si récemment châtiées est très déplaisant, mais bientôt vous vous retrouvez allongée les pieds dans les étriers. Pour plus de sûreté, on vous passe des sangles aux poignets et aux chevilles, et une autour de la taille.
Le médecin prend un tabouret et examine votre sexe, qu'il commente au bénéfice des trois autres femmes. Vous ne comprenez évidemment pas ce qu'il dit. L'infirmière vient jeter un coup d'œil. Encore a-t-elle l'excuse d'être du personnel médical, mais c'est ensuite le tour des deux policières. Le médecin désigne des choses de son doigt ganté au niveau de la vulve et de l'anus, parfois vous écartant les lèvres. Vous ne savez pas ce qu'il y a de si intéressant.
Puis il se saisit d'un spéculum. Comme d'habitude, cet examen est désagréable. Le spéculum est en métal froid, le médecin ne l'a pas réchauffé; et vous avez l'impression qu'il est plutôt de grande taille. Vous avez le vagin grand ouvert. Le médecin regarde dedans. Il montre votre intimité à l'infirmière; cette fois heureusement sans inviter les deux policières. Puis il prend des prélèvements.
Le spéculum est retiré.
Le médecin introduit maintenant un doigt ganté dans votre anus. C'est fort désagréable, même s'il l'a abondamment lubrifié. Il vous explore. Il se saisit ensuite d'un instrument… qui prend le même chemin. On ne vous avait jamais fait cela même chez le gynécologue ! On vous regarde l'intérieur du rectum : d'abord le médecin, puis l'infirmière. Puis on vous prend des prélèvements.
L'instrument est retiré. Quand en aura-t-on fini avec tout cela ? vous demandez-vous. L'infirmière discute avec le médecin, puis avec les policières.
Elle installe quelque chose au bout de la table, sous vos fesses. Elle prépare quelque chose dans l'évier ; vous entendez l'eau couler. Elle revient avec une sorte de broc équipé d'un tuyau… Elle ne va tout de même pas… Mais que pouvez-vous faire, vous êtes attachée ! La canule rentre sans difficulté dans votre rectum, et l'eau commence à couler.
Vous ignorez quelle quantité de liquide il y a dans le broc, mais elle doit être assez importante, car vous ressentez des douleurs intestinales. Vous essayez de leur dire d'arrêter ; même si vous ne parlez pas la langue locale, le contexte et votre expression devraient transmettre le message. Peine perdue ! On vous administre le lavement quand même. Vous avez peu de refaire le lavement sans prévenir, dans cette position honteuse, vous faites des efforts désespérés pour vous retenir.
On vous détache. Ce temps d'attente est insoutenable. Vous pouvez enfin vous remettre debout, mais votre ventre exige soulagement. On vous a sorti une sorte de pot de chambre en métal. Vous tentez de protester, mais vous rendez compte que ce sera soit le pot soit vous conchier publiquement. Vous vous accroupissez donc. Les deux policières jacassent, même sans comprendre vous savez que c'est ironique.
On vous tend un rouleau de papier toilette. Vous vous torchez. Pendant ce temps, on inspecte le contenu du pot… Pensait-on que vous cachiez des objets ? Le médecin vous fait signe de vous pencher sur la table. Vous êtes trop choquée pour songer à désobéir. Vous recevez encore une fois son doigt dans le rectum.
L'infirmière vous emmène dans une petite pièce attenante. Il y a des toilettes à la turque et, comme souvent au Tritriztan, une petite douchette pour se laver après usage. Vous sentez comme un gargouillis dans votre ventre, il doit rester du lavement, et l'expulsez. Vous vous essuyez à nouveau. L'infirmière vous tend la douchette. Vous vous lavez l'anus devant elle. Elle vous tend du papier toilette. Vous vous le passez… vous êtes bien lavée, il ressort propre. Elle vous fait signe de vous laver les mains. Elle vous parle tandis que vous vous exécutez. Vous ne comprenez pas ce qu'elle dit, mais par ses gestes vous comprenez qu'elle vous invite à être méticuleuse.
Vous êtes enfin ramenée à la cellule. Après tous ces évènements dégradants, devoir passer nue devant les hommes et les femmes des couloirs n'était plus si grave. Vous retrouvez vos compagnonnes d'infortune.
Le lavement a probablement joué le rôle de boisson ; vous devez à nouveau uriner en public…
On vient vous donner des uniformes de prisonnières. Le lendemain, vous êtes transférée ailleurs ; vous comprenez, à voir certains panneaux, qu'il s'agit de la capitale. Même s'il est désagréable de vous retrouver en prison, avec la promiscuité, c'est tout de même mieux.
Vous recevez le surlendemain la visite d'un diplomate. Celui-ci vous explique que la province tritriztani que vous visitiez a depuis 5 ans un gouvernement dont l'axe politique est la rééducation des mœurs corrompues : alcoolisme, usage de drogues, fornication, adultère, homosexualité, etc. Pour les étrangers, tant qu'il s'agit des actes les moins graves, les autorités ne vont pas jusqu'au procès et à l'emprisonnement durable. Elles se contentent de procédures humiliantes et d'un emprisonnement de quelques jours, de façon à s'assurer que la personne n'y reviendra pas. Non, il n'y a pas grand chose que l'on puisse faire — si l'on proteste, les autorités vont maintenir les chefs d'accusation et aller au procès, arès un temps imprévisible de détention préventive. Le mieux est de se dire qu'on s'en tire finalement à bon compte, par une simple expulsion.
Pourquoi ne vous avait-on pas prévenue ? Les guides touristiques indiquent les lois locales à respecter ; il ne tenait qu'à vous de leur prêter plus d'attention et de ne pas se dire que les problèmes ne tombent que sur les autres. Par ailleurs, les voyageurs à qui ces problèmes arrivent ne vont pas claironner sur les toits le détail de ce qui leur est arrivé ; de temps en temps on voit un article euphémistique publié. Quant à notre gouvernement… le diplomate, par une phrase alambiquée, vous fait comprendre qu'il lui importe de maintenir de bonnes relations avec le Tritriztan, relations qui ne sauraient être remises en cause pour des incidents somme toute assez véniels.
C’est évidemment une fiction, mais ce q…