LE TOUCHER RECTAL
LE TOUCHER RECTAL
Un ami médecin retraité, m’avait raconté qu’il y a 50 ans un éminent professeur de médecine avait enseigné dans un amphithéâtre à une centaine d’étudiants en médecine comment diagnostiquer un cancer de la prostate grâce au toucher rectal :
« Si au toucher rectal, la prostate est dure comme du bois, c’est un cancer. Si la prostate est souple comme le bout du nez, c’est un adénome».
J’ai cherché sur internet et j’ai trouvé immédiatement trois sites qui confirmaient exactement cette méthode de diagnostic. J’étais donc persuadé que j’aurais à subir ce « toucher rectal » lors de ma première consultation chez un urologue. Pendant toute ma vie, je n’avais jamais eu de relation homosexuelle et donc je n’avais jamais été pénétré dans l’anus par un homme. Malgré mon âge avancé, j’étais dans la situation d’une jeune pucelle sur le point d’être déflorée, et qui était partagée entre la crainte de la douleur et l’espoir du plaisir. Je craignais que l’urologue me trouve un cancer, et j’espérais qu’il ne trouve qu’un adénome.
J’imaginais que ce «toucher rectal» serait douloureux pour mon anus étroit, et j’ai demandé à mon épouse de me «préparer» en m’administrant des lavements avec une pompe Higgingson et en me dilatant l’anus avec un plug anal (le plus petit de la gamme) acheté dans un sex-shop. Cette dilatation était agréable mais sans le plaisir qu’un massage prostatique était censé procurer.
Le jour du rendez-vous avec l’urologue, une énorme surprise d’entendre que le toucher rectal ne se pratiquait plus et était inutile pour diagnostiquer le cancer de la prostate. J’ai pris soin de ne pas contredire cet urologue mais il a bien vu ma surprise. A la fin de la consultation il m’a dit : «je vais tout de même vous examiner» et j’ai du m’allonger sur le dos et relever les jambes et j’ai eu droit à ce «toucher rectal». L'urologue a enfoncé son doigt bien à fond dans mon rectum. Sans être douloureux, c’était franchement désagréable. J’ai demandé avec avidité le résultat de ce toucher rectal et l’urologue m’a répondu : «c’est souple, mais cela ne prouve pas que vous n’avez pas de cancer».
J’ai ensuite vérifié sur internet sur des sites liés au ministère de la santé et j’ai vu que les cancers de la prostate sont souvent indétectables à la palpation. L’urologue avait raison !