Clara et Pierre

Un examen longtemps repoussé

« Alors, tu t'es préparée comme demandé ?

— Oui. J'ai pris un suppositoire et suis passée aux toilettes.

— Avec succès ?

— Oui. »

Clara rougit un peu. Même après avoir reçu et rendu des lavements devant Pierre, c'était encore embarrassant pour elle de devoir répondre à ce genre de questions comme une gamine fière d'avoir fait caca toute seule.

« Bien. Déshabille-toi. Si tu étais chez un vrai gynécologue, probablement, on ferait en deux temps, d'abord les seins puis le bas, mais là, on ne va pas faire de chichis. Tu peux garder tes chaussettes si tu veux. »

« Il en a de bonnes, Pierre, de dire de ne pas faire de chichis, on voit bien que ce n'est pas lui qui se met tout nu devant une personne du sexe opposé toute habillée », se dit Clara. Elle obéit quand même, et se mit nue. Elle enleva même les chaussettes, elle se serait sentie ridicule avec.

Pierre lui prit le sein droit, le soupesa et le palpa, puis fit de même du sein gauche.

« Jamais de problème de ce côté ?

— Non…

— Très bien. Comme nous avions dit, faute de table d'examen, tu vas te mettre sur le dos sur ta table de séjour et je reprendrai l'examen des seins à plat. Tu as préparé quelque chose pour te caler la tête ? J'ai quelque chose pour sous tes fesses. »

Oui, Clara avait prévu quelque chose. Elle se mit en position et Pierre lui palpa minutieusement les seins. Quitte à faire un examen par fantasme, autant qu'il soit utile, et il aurait signalé toute masse suspecte pour qu'elle puisse demander un vrai avis médical.

« Bien. Maintenant, tu vas te déplacer pour avoir les fesses près du bord. Je n'ai pas d'étriers, alors tu vas bien écarter et poser tes pieds sur le bord. »

Sitôt dit, sitôt fait. Clara était tout de même intimidée. Certes, pendant la séance de lavement, son sexe avait été visible ; mais là, il allait être le centre de l'attention. Elle qui avait toujours repoussé le moment d'aller chez le gynécologue, elle qui refusait le cunnilingus par embarras du goût et de l'odeur que pouvait avoir son sexe, allait devoir l'exhiber.

Pierre, pendant ce temps, passait des gants d'examen. Il s'agenouilla et regarda la vulve exposée, entourée de poils. Clara ne cédait pas à la mode actuelle du rasage ou de l'épilation intégrale ! Il écarta les lèvres et regarda attentivement à la recherche de rougeurs ou autres indications de lésions ou d'irritations.

« As-tu des problèmes de ce côté ?

— Non plus… »

Il alla prendre un spéculum dans ses affaires. Il avait l'acquisition de cet instrument via un commerce en ligne, quand il avait su que Clara était intéressée par l'examen. Il avait hésité devant les modèles : Collin ou Cusco ? Métal ou plastique ? Métal, sans doute, ça ferait plus ancienne mode et que ferait-il de 100 spéculums en plastique ? Le Cusco ressemblait plus au cliché du spéculum ; va pour le Cusco ! Il avait pris le modèle moyen, qui lui paraissait probablement adapté à une femme qui avait des rapports vaginaux (Clara lui avait parlé d'un « coup d'un soir » le mois dernier) mais n'avait pas enfanté par voie basse. Il s'était un peu entraîné au maniement de l'ustensile, afin de ne pas apparaître maladroit ou emprunté au moment de l'utiliser sur Clara.

Suivant un conseil de bon sens qu'il avait lu, il passa l'instrument sous l'eau chaude pour le mettre à température corporelle. Clara le vit, avec appréhension, s'approcher instrument en main. Le spéculum, l'instrument par excellence de l'intrusion médicale dans la femme… Il s'agenouilla et inséra les valves dans les lèvres, vers l'entrée du vagin. Il s'était demandé s'il allait mettre du lubrifiant, mais apparemment en général, on n'en met pas si le spéculum est posé pour pouvoir faire un frottis. Même s'il n'allait pas faire de frottis, il allait faire comme si ! Avec précaution, il inséra les valves dans le vagin, puis fit les gestes qu'il avait répétés pour ouvrir l'instrument.

Clara avait certes l'expérience des pénis dans son conduit, mais cet instrument métallique était une nouveauté. Elle se sentit être ouverte par l'intérieur. Qui plus est, contrairement à la verge, qui remplit, le spéculum laissait rentrer l'air. C'était un peu comme être bouche ouverte, mais avec un outil qui vous la tiendrait ouverte.

Pendant que Clara analysait ses sensations et ses sentiments, Pierre, à l'air d'une petite lampe, lui regarda le col de l'utérus et le fond du vagin. C'était la première fois qu'il faisait cela, mais il s'était documenté sur des sites médicaux (quelles anormalités rechercher) et des sites fétichistes (l'aspect d'un col et d'un vagin normaux). Tout avait l'air correct. Pierre replia l'instrument et le retira. Clara émit un petit soupir de soulagement.

Pierre alla poser le spéculum sur l'évier et revint pour pratiquer l'examen vaginal. Cette fois-ci, il était debout. Il inséra un doigt dans l'orifice pour éprouver son état et sa lubrification. Clara était mouillée. Méthodiquement, il éprouva du doigt la face antérieure, vers le nombril, lui demandant si elle ressentait quelque chose de particulier.

« Là, j'ai un peu envie de faire pipi.

— Tu veux aller aux toilettes ?

— Non, j'y suis allée juste avant que tu n'arrives. »

Elle n'allait pas lui dire, quand même, que cet endroit où il appuyait lui donnait du plaisir quand un homme la « doigtait » ou lui mettait la verge sous le bon angle. Cela aurait été indécent.

Par prudence et décorum médical, il mit un peu de lubrifiant sur ses doigts, en se montrant bien, puis inséra deux doigts profondément. Il se mit à nouveau à la palper de l'intérieur, tandis que son autre main lui palpait le ventre. Normalement, il devrait ainsi pouvoir sentir les organes internes ; il sentait bien des choses, mais son manque d'éducation médicale ne lui permettait pas de savoir quoi. Quant à Clara, elle trouvait cela embarrassant et un peu inconfortable, sans être douloureux.

Pierre retira ses doigts. Clara émit à nouveau un soupir de soulagement, de courte durée puisqu'elle sentit bientôt un doigt lubrifié sur son anus.

« Pousse. Comme pour faire caca. »

Elle poussa, et le doigt rentra. Toucher rectal… Malgré ses problèmes chroniques de transit, elle ne se souvenait pas en avoir subi chez le médecin, ou alors quand elle était petite. Pierre la palpa à nouveau par l'intérieur, via cet autre orifice, puis il remit deux doigts dans le vagin et palpa, deux doigts d'un côté un de l'autre, la paroi entre vagin et rectum. « Two in the pink, one in the stink », songea-t-il.

L'examen était maintenant terminé. Pierre essuya le lubrifiant en excès. Se levant pour se diriger vers la cuisine, il mit deux petites claques sur les cuisses de Clara.

« Cela ne te dispense pas de prendre rendez-vous pour un vrai examen gynécologique. Soit généraliste, soit gynécologue, soit sage-femme. Compris ? Et tu feras aussi un dépistage IST. »

Pierre alla à la cuisine faire bouillir de l'eau pour stériliser le spéculum. Clara le rejoint.

« Pierre, merci.

— De rien. Mais je maintiens ce que j'ai dit sur le rendez-vous et le dépistage.

— Tu as raison.

— De quand date ton dernier orgasme ?

— D'il y a une semaine.

— Toute seule ?

— Oui, toute seule. Enfin, c'était peu après ton départ.

— Tu t'es masturbée après mon départ ?

— Oui.

— Alors que tu avais les fesses… comment étaient-elles ?

— Bien roses.

— Et pourquoi l'étaient-elles ?

— Parce que j'avais reçu la fessée.

— Et ça t'a donné envie de te toucher ?

— Oui. Ça et… ça et les lavements. »