Clara et Pierre

Good vibrations

« Bien. Et donc là, après ton examen, tu aurais envie de te toucher ?

— Éventuellement.

— Tu sais ce que l'on dit ? Qu'à l'époque victorienne, sous prétexte de soigner l'« hystérie » et d'autres maladies de femmes, des médecins pratiquaient des masturbations.

— Ah bon ?

— Oui. Intéressant pour une époque qui par ailleurs pourchassait la masturbation… On dit que c'est comme cela qu'on a commencé à utiliser les vibromasseurs.

— Je ne savais pas…

— Veux-tu que je t'administre ce genre de traitement ?

— Quoi ? Tu veux me… me…

—T'amener à un orgasme réparateur au lieu que te touches toute seule dans ton lit. Enfin, c'est une suggestion, peut-être que tu préfères te tripoter toute seule. »

Clara était rouge.

« Je crois que je vais accepter ta proposition.

— Très bien. Allonge-toi sur le dos, écarte les jambes et détends-toi. »

Pierre commença par un massage des seins et du ventre. Clara sentait l'air sur sa vulve mouillée. Elle avait envie qu'il s'en occupe… Elle fut soulagée quand son doigt ganté passa sur ses lèvres et son clitoris, et vint éprouver la turgescence de celui-ci.

« On plaisante souvent de l'érection des messieurs, qui démontre leur excitation, mais celle des dames, bien que moins spectaculaire, est également sensible. »

Pierre passa le doigt entre les petites lèvres. L'entrée du vagin était encore lubrifiée, un mélange de sécrétions et de lubrifiant artificiel. Son doigt entra sans difficulté. Il prit les petites lèvres entre deux doigts et se mit à les frotter l'une sur l'autre. Clara se pinça la lèvre inférieure avec les dents, tant le plaisir qu'elle ressentait était embarrassant.

À la surprise de Clara, Pierre la laissa (« je reviens tout de suite ») et revint avec un instrument qu'elle identifia comme un sex-toy, de forme cylindrique, mais un peu incurvé au bout et muni d'une excroissance, un peu comme un gland de pénis, mais sans ressemblance anatomique, et en plus courbé. Il déballa un préservatif et l'installa sur l'engin. (La partie pénétrante est en silicone et démontable, songeait-il, il pourrait la stériliser à l'eau bouillante, mais pourquoi se compliquer la vie…) Le regard de Clara était fixé sur ses mains.

Pierre lui enfonça le vibromasseur dans le vagin et l'alluma à petite force. Elle sentit une sensation inhabituelle mais agréable. Il se mit à lui toucher doucement le clitoris. Devant les réactions positives, il augmenta la force des vibrations et lui tint le vibromasseur sous un certain angle. Elle sentait quelque chose de particulier, un peu de cette sensation d'avoir envie de faire pipi de tout à l'heure pendant l'examen.

Pierre, attentif aux réactions de Clara, fit comme une petite étude scientifique sur la façon de lui donner du plaisir. Puis il augmenta la force des vibrations, lui appuya le vibromasseur au bon endroit à l'intérieur, et lui frotta le clitoris. Clara jouit fortement, en agitant les jambes. D'un geste, elle repoussa les mains de Pierre, qui retira l'ustensile.

Cela n'avait rien à voir avec faire l'amour, songea-t-elle. C'était plus clinique, plus précis, bien sûr artificiel, aucune verge ne pourra transmettre des vibrations ainsi… Mais, déjà, il était temps pour Pierre de prendre congé.