Vues: 965 Created: 2012.09.20 Mis à jour: 2012.09.20

Consultation privée

Consultation privée

Consultation privée

Au cours d'un examen médical en milieu hospitalier (en hôpital privé, je précise), j'ai été reçu en retard par le médecin. Il s'agissait pour moi, d'une visite de routine, suite à des problèmes de digestion fréquents. Je voulais éviter une intervention chirurgicale, et mon médecin d'alors m'avait conseillé ce service hospitalier spécialisé.

J'avais rendez-vous en début d'après-midi, et, lorsque j'arrive sur place, la salle d'attente est bondée, noire de monde.

Ici, chaque médecin a une secrétaire particulière. Celle du praticien qui doit me recevoir m'accueille et m'informe que le médecin aura quelques minutes de retard, que tout ce monde qui attend, est là pour d'autres spécialistes...

En attendant, elle m'ouvre un dossier. Evidemment, cet accueil se fait dans un bureau discret et porte fermée, confidentialité oblige.

Une fois les formalités accomplies, elle me demande de retourner en salle d'attente et me précise qu'elle viendra me chercher quand mon tour sera arrivé.

Je n'ai pas à attendre bien longtemps. Tout au plus un quart d'heure plus tard, j'entends la secrétaire appeler mon nom et me demandant de la suivre.

A l'opposé de la salle d'attente, après deux couloirs en angle droit, elle m'ouvre une porte qui donne sur un large bureau, bien éclairé et bien décoré.

Le bureau du médecin est en verre et face à lui, quand il prendra place, se trouve le fameux lit d'examen.

La secrétaire s'affaire à dérouler sur la table d'examen le rouleau de papier jetable et l'étend sur le lit. Après quoi, elle me dit :

- Le médecin va arriver. Déshabillez-vous, s'il vous plait. Posez vos affaires sur la chaise et allongez-vous sur la table. Encore 5 minutes, et le médecin viendra vous voir.

Elle referme la porte du cabinet et m'y laisse seul.

Nonchalament, je me mets en petite tenue. Croyant bien faire, l'ordre de la secrétaire n'étant pas clair, je me retrouve en slip et je m'allonge attendant le bon vouloir du toubib.

J'attends... Je commence à avoir froid... Les 5 minutes sont passées... Que fait le médecin ?

J'entends la porte s'ouvrir : enfin, le médecin ! il est temps !

Comme je ne peux pas voir qui entre (ma tête étant opposée à la porte d'entrée du cabinet), ce n'est pas le médecin, mais la secrétaire.

- Vous êtes bien installé, monsieur ? Excusez-moi, mais le médecin m'a dit de vous faire patienter encore un peu. Ne vous inquiétez pas, il s'occupe de vous tout de suite.

Je n'ai pas eu le temps de répondre, de dire que j'avais froid, que la secrétaire repart aussitôt.

Mon attente se prolonge encore 20 bonnes minutes : toujours pas de carabin à l'horizon.

Je commence à perdre patience. Dans ma petite tenue si légère, je commence à avoir la chair de poule à cause de la climatisation du cabinet. Je gesticule en tout sens, j'ose m'assoire sur la table, et tant pis si le médecin me surprend...

La porte s'ouvre à nouveau... et c'est encore la secrétaire qui s'excuse du retard en lieu et place du médecin. Elle se confond en excuses et reste près de moi plus longtemps que la première fois. Je me sens gêné d'être dans cette tenue face à un personnel non médical. Je resserre mes jambes, pour que la secrétaire en voit le moins possible, mais, finalement, à quoi cela sert-il ?

Cette fois, j'ai le temps de lui dire que je suis frigorifié. Elle sourit et m'aonnonce l'arrivée imminente du médecin... qui entre aussitôt, sans frapper, dans le cabinet. il remercie la secrétaire, qui retourne à ses occupations.

Me voilà enfin seul avec le médecin, qui se présente, qui me sourit, qui me met à l'aise. J'arrive à me décontracter. Le médecin s'excuse du retard, et moi, d'un geste de la main je lui fait comprendre que ce n'est rien.

Allongé et en réponse à ses questions, je lui dit pourquoi je suis là et je lui tends la lettre de mon médecin, qu'il lit assis à son bureau, à quelques mètres de moi.

La prose de mon généraliste est longue, il a écrit deux pages et le médecin que je vois aujourd'hui parcourt méticuleusement le courrier qu'il a en main.

A la fin de sa lecture, il pose la lettre sur son bureau, s'en écarte et vient me retrouver en disant :

- Nous allons voir ça, ce n'est pas bien grave, je pense.

Ouf ! me voilà rassuré.

A ce moment précis, son téléphone sonne. Le médecin me dira :

- Excusez-moi, je dois répondre, c'est une urgence.

Je n'entends que des Ah ! Oh ! C'est bon. J'arrive.

Le médecin m'abandonne et quitte le cabinet en refermant la porte sur moi.

Que dois-je faire ? Rester à attendre ? Annuler mon rendez-vous ? Retourner chez moi ?

Ces questions me turlupinent, mais je n'ai pas de réponse.

L'arrivée de la secrétaire, qui frappera avant d'entrée me fournira la réponse que je cherchais.

- Le docteur a été appelé en urgence au bloc. Je ne pense pas qu'il vous recevra ce jour... A moins d'attendre une bonne heure, voire deux. C'est comme vous voulez, monsieur. Vous retournez en salle d'attente et vous patientez ou bien je vous donne un autre rendez-vous.

Sans même réfléchir, j'ai opté pour la deuxième solution.

S'emparant de l'agenda du médecin qui gisait sur son bureau, la secrétaire nota un rendez-vous dans 10 jours. En même temps, elle me dit :

- Vous pouvez vous rhabiller, monsieur.

Ce que j'ai fait dans un effort inhumain, face à une personne qui m'espionnait du coin de l'oeil.

La secrétaire attendit que je sorte pour sortir elle aussi : elle devait fermer à clé la porte du cabinet.

Je n'ai pas honoré le second rendez-vous avec ce médecin, je me suis décommandé la veille et j'ai consulté ailleurs. Et, ma foi, cela s'est plutôt bien passé.