Vues: 308 Created: 2016.11.02 Mis à jour: 2016.11.02

Eudes et Johann

Chapitre 13

Merci à arthur et clyso pour vos commentaires.

Le lundi suivant j’avais repris mes cours avec le précepteur en compagnie de mes soeurs. Ma grand-mère était rentrée le mardi et Johann avait dû apprendre à la soigner. Une soeur infirmière était venue chez nous pour quelques jours afin de le former. Elle avait tout d’abord été étonnée que ce fût un homme qui avait été choisi, elle avait ensuite compris pourquoi et était tombée sous le charme de mon ami. Heureusement qu’elle avait fait voeu de chasteté.

J’étais très distrait et j’avais été remis à l’ordre plusieurs fois. Je ne pensais plus qu’au jeudi suivant, jour de mon initiation. Mon père avait informé le précepteur que j’allais m’absenter l’après-midi. Je devais me présenter à l’entrée du temple à deux heures et frapper à la porte. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, je n’avais trouvé aucun livre au sujet de la Franc-Maçonnerie et de ses rituels dans la bibliothèque. Je ne savais pas si cette initiation allait être sérieuse ou si ce n’était qu’un jeu.

J’avais au moins un quart d’heure d’avance lorsque j’arrivai devant la porte marquée « TEMPEL ». Je frappai, personne ne me répondit. J’attendis et j’entendis une horloge qui frappa deux coups à l’intérieur. Je frappai à nouveau et on ouvrit. Je vis une petite pièce très sombre, juste éclairée avec une bougie, et trois portes fermées.

C’était l’intendant « Jean » qui me fit entrer. Je remarquai tout de suite qu’il était nu, son sexe était cependant caché par un tablier blanc aux bords bleus, avec une décoration en forme de V, bleue également. Il avait aussi un sautoir autour du cou, toujours bleu lui aussi. Un bijou était accroché à celui-ci.

— Bienvenue Jérémie, me dit Jean. Je suis le Grand Expert et je serai ton guide pendant la cérémonie. Je dois d’abord m’assurer que tu es bien un homme puisque la Loge est interdite aux femmes et aussi être sûr que tu n’as pas de maladies.

Encore un qui s’intéressait à ma bite. Jean me couvrit les yeux avec un bandeau. Il m’ôta mes chaussures et mes bas, je sentis le sol froid sous mes pieds. Il m’enleva ma veste, décrocha mes bretelles, fit ensuite passer ma chemise par-dessus ma tête. J’étais à torse nu. Il pétrit mes seins et mes tétons.

— Tu n’as pas une poitrine de femme, c’est bien.

Il m’enleva le pendentif que j’avais autour du cou ainsi que ma chevalière.

— Je te dépouille de tes métaux, tu es ainsi dépouillé du monde des apparences.

Il ouvrit la braguette de mes pantalons, ceux-ci tombèrent à terre. Je n’étais plus vêtu que de mon nouveau caleçon blanc livré le matin même par Johann. La main de Jean se promena sur l’étoffe, je pensai que c’était une dérogation au Rituel. Il finit par le baisser. J’avais déjà une légère érection. Le Grand Expert manipula ensuite mon pénis, en exposa le gland, ouvrit le méat, puis tâta longuement mes testicules.

— Je confirme que tu es bien un homme, me dit-il, Duos habet et bene pendentes ! comme ils disent à Rome. Tourne-toi.

Jean m’écarta les fesses, il enduit mon anus d’onguent et explora l’intérieur de mon corps, tout d’abord avec son doigt puis avec un ustensile en métal.

— Tout est bon de ce côté-là aussi. Le Rituel ne prévoit cependant pas de bander maintenant, les Apprentis sont souvent trop pressés. Nous avons donc remplacé les chaînes par une cage de chasteté dans notre Rite.

Jean me passa une ceinture autour de ma taille et entoura ma bite et mes couilles d’une pièce en métal. Je débandai immédiatement. Je pensai qu’il allait me couvrir avec un tablier, ce ne fut pas le cas, il libéra mes pieds de mes habits et me laissa nu. Je l’entendis ouvrir une porte, il me fit avancer de quelques pas puis m’asseoir sur un tabouret.

— Tu vas rester trois heures dans ce cabinet de réflection et il est interdit de sortir, sauf en cas d’urgence. Les besoins naturels ne sont pas une urgence, il y a un pot de chambre sous la table, ta cage a un trou pour pisser. La seule obligation : rédiger ton testament philosophique en répondant aux questions que tu trouveras sur un papier. Je te laisse.

Jean ôta mon bandeau, sortit et ferma la porte. J’étais assis devant une petite table fixée au mur, seule une bougie éclairait faiblement la pièce. Je commençai par regarder la cage de métal qui emprisonnait mon sexe et qui était très désagréable à porter. Je me levais pour mieux l’éclairer : pas trace de rouille, cette cage était bien entretenue, elle devait servir souvent. Jean avait-il voulu m’humilier ou simplement me détacher de la futilité du sexe et me ramener à l’essentiel ? Je me rassis.

Devant moi un miroir qui reflétait mon visage, celui-ci était très beau, avec mes longs cheveux roux qui tombaient jusqu’aux épaules, je vis alors des boutons qui en gâchaient quelque peu l’harmonie. Je relevai la tête et découvris des sentences écrites contre les murs. L’une d’elles attira mon attention :

Si tu crains d’être éclairé par tes défauts, ta place n’est pas parmi nous.

Ce miroir ne devait pas être là juste pour m’admirer, je pensai alors à Narcisse, le précepteur m’en avait parlé quelque temps avant. Il avait expliqué que le reflet n’est une apparence qui cache son être intérieur. Pourquoi m’en avait-il parlé ? Savait-il que j’allais être initié et voulait-il m’en donner les clefs ? Très probable, mon précepteur devait être aussi un Maçon et j’allais le voir le zizi à l’air dans quelques heures. Cette perspective me fit sourire : je serai son égal et je n’accepterais plus ses punitions idiotes lorsque je n’aurais pas appris mes leçons. Je lus une autre sentence :

Si tu es capable de dissimulation, tremble ! on te pénétrera !

Devais-je prendre cette phrase au pied de la lettre ? Allait-on me pénétrer une fois sorti de ce cabinet ? Je pensai que ce ne serait pas le cas, mon père m’avait dit qu’on pouvait refuser tout acte avec un autre Maçon. Et Jean m’avait déjà pénétré symboliquement avec son ustensile il y a quelques minutes. Je lus une autre sentence :

Si tu persévères, tu seras purifié par les éléments, du sortiras de l’abîme des ténèbres, tu verras la lumière.

C’était déjà plus clair, il me fallait encore tenir quelques heures et tout ceci ne serait qu’un mauvais souvenir (ou un bon ?). Je regardai les objects sur la table : un crâne tout d’abord. Je n’en avais jamais vu de réel, seulement des planches dans un livre. Je voulus le toucher, le prendre dans ma main, mais je n’osai pas. À qui avait-il appartenu ? À l’un de mes ancêtres ou avait-il été récupéré au cimetière dans une tombe oubliée ? Je repensai à cette fameuse tirade de Shakespeare :

Être, ou ne pas être, telle est la question.

Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir

La fronde et les flèches de la fortune outrageante,

Ou bien à s’armer contre une mer de douleurs

Et à l’arrêter par une révolte ? Mourir… dormir,

Rien de plus ;… et par ce sommeil dire que nous mettons fin

Aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles

Qui sont le legs de la chair : c’est là une terminaison

Qu’on doit souhaiter avec ferveur. Mourir… dormir,

Dormir ! peut-être rêver ! Oui, là est l’embarras.

Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort,

Quand nous sommes débarrassés de l’étreinte de cette vie ?

Quel ennui ! Devoir philosopher alors que je ne pensais qu’à l’amour que je venais de découvrir avec mon valet Johann. Cette pensée me fit frissonner et gonfler mon pénis entravé. Je compris alors pourquoi il l’était, pour ne pas me distraire de mes réflexions.

— Oui, je ne suis qu’un mortel dont le corps finira bouffé par les vers, tu es content Jean ? criai-je. Viens m’enlever ma cage et laisse-moi baiser avec Johann !

Personne ne me répondit, Jean n’était certainement pas resté. Je pris mon mal en patience et je passai en revue le reste des objets devant moi : un quignon de pain sec, de l’eau, deux flacons marqués S et F et un sablier que je tournai pour voir le sable s’écouler, symbole du temps qui passe évidemment. En évidence ces lettres : V.I.T.R.I.O.L. Que signifiaient-elles ? Je levai la tête et trouvai la réponse : Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem que je traduisis par : Visite l'intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. Pierre philosophale, alchimie ? Que de secrets.

Jean m’avait dit que j’allais devoir rédiger un testament philosophique. Du papier était posé devant moi ainsi qu’une plume et un encrier. Sur une autre feuille se trouvaient les questions auxquelles j’allais devoir répondre :

Cet endroit est le lieu de ta mort symbolique. Tu va rédiger ton testament en répondant aux trois questions ci-dessous puis tu formuleras à leur suite tes dernières volontés.

Quels devoirs as-tu envers ton propre pénis ?

Quels devoirs as-tu envers le pénis de ton ami ?

Quels devoirs auras-tu envers les pénis des autres Maçons de la Loge ?