Vues: 283 Created: 2016.11.15 Mis à jour: 2016.11.15

Eudes et Johann

Chapitre 26

Philippe me demanda :

— As-tu encore des questions ?

— J’en aurais une, si tu le permets.

— Je t’écoute.

— As-tu un amoureux ?

— Non, j’essaie de ne pas trop m’attacher. Je sais qu’un amoureux ne pourrait pas vivre avec moi plus tard et que je vais me marier à mon retour. Ce qui ne veut pas dire que je suis chaste, je trouve toujours d’autres étudiants esseulés à réconforter.

— Ta fiancée sait-elle que tu couches aussi avec des hommes ?

— Oui, je le lui ai dit et elle l’a accepté. Je ne sais pas non plus si elle m’est fidèle pendant que je suis ici, je ne lui ai pas mis de ceinture de chasteté avant de partir. Je ne lui en tiens pas rigueur.

Je pensai que Philippe allait se marier plus par convenance que par amour, comme moi.

— Encore une question, demandai-je. Quel est ce cours de biologie avec le professeur cet après-midi ?

— Je te laisse la surprise.

— Et quelles sont les punitions lorsqu’on n’observe pas le règlement ?

— Des retenues le dimanche. Ce n’est de toute façon pas bien grave. On ne sait pas que faire le dimanche et l’on est tout de même autorisé à aller au service religieux. Il y a bien une rumeur qui court au sujet d’une autre punition, mais je ne vais pas t’en parler, je ne sais pas si c’est vrai. Désobéis et tu verras.

— Bon, je n’aurai pas le temps de désobéir, je ne vais pas rester bien longtemps.

— Détrompe-toi, tu vas prendre goût à la vie ici et rester, j’en suis sûr. Et tu seras quand même tout près de chez toi, tu pourras y retourner tous les dimanches alors que nous devons attendre l’été suivant.

— Cela ne dépend pas que de moi, il faudra que j’en parle à Johann et à mon père, et pas que je prenne la place d’un étudiant qui aurait plus besoin d’être ici que moi.

— Le pensionnat accueille normalement vingt étudiants. Nous sommes déjà en plus et ne prenons la place de personne. Et il y a encore deux lits vides dans ta chambre pour des cas urgents.

— Une autre question : es-tu libre dimanche prochain ?

— Bien sûr, où voudrais-tu que j’aille ? Et je n’ai pas désobéi.

— Je t’invite chez moi pour le dîner, je pense que j’inviterai aussi Parsifal, si cela te convient.

— Merci, je viendrai avec plaisir. Mon cousin Parsifal m’intrigue et je désirerais mieux le connaître.

Nous étions maintenant au bout du jardin. Il y avait une maisonnette basse.

— Qu’est-ce que c’est ici ? demandai-je.

— Je vais te montrer, entrons.

À l’intérieur de la maisonnette un couloir étroit terminé par une fenêtre aux verres dépolis, avec trois portes de chaque côté. Philippe ouvrit la première : une chambre avec un lit, assez large. Une petite table avec une cuvette et un broc rempli d’eau, un coffret en bois.

— Regarde dans le coffret et tu comprendras, me dit Philippe.

Je l’ouvris, il contenait des préservatifs.

— Tu sais ce que c’est ? me demanda mon guide.

— Je sais. C’est ici que les couples se retirent pour faire l’amour ?

— Oui, comme c’est dans l’enceinte du pensionnat nous pouvons venir tous les soirs après les cours, il faut être rentré à 10 heures. Il y a une règle non écrite : la masturbation est autorisée dans les chambres, par contre les fellations et les pénétrations y sont prohibées, il faut venir ici ou aller dans un bosquet. C’est pour éviter le voyeurisme. On peut aussi être plus de deux dans une chambre, celles au fond sont plus grandes.

— Décidément, tout est prévu pour l’épanouissement des étudiants. Encore quelque chose : j’ai été étonné ce matin de la façon dont tu m’as lavé le dos et les fesses.

— Ce n’était pas pour te faire des avances, je sais bien que ton coeur est pris. C’était juste pour t’aider, le maître d’internat est très maniaque au sujet de la propreté. Il est bourru, c’est pour cacher qu’il nous aime beaucoup. Nous sommes comme des fils pour lui, il change totalement d’attitude lorsque l’un d’entre nous est malade. Et avoir les fesses propres est toujours apprécié lorsqu’on vient ici. Petite information pratique : tu peux donner tes caleçons à laver tous les jours, pas besoin d’attendre qu’ils soient sales.

Nous retournâmes à l’aula. Tous les professeurs étaient là, ainsi que les autres membres du personnel. Ils étaient plus nombreux que les étudiants. Le directeur fit un bref discours puis nous les présenta individuellement. Il céda ensuite la parole au Professeur Von Venusberg qui fit un brillant exposé sur la situation politique en Europe, les intrigues, les guerres en cours. Il émit le voeu que tous les pays d’Europe s’unissent. Il parla ensuite d’une nouvelle révolution, pas politique mais industrielle, la création d’usines pour remplacer les artisans. Il nous invita enfin à ne plus nous cacher pour nous aimer, dans la mesure du possible, afin que cela devienne naturel aux yeux de tous. Il fut chaleureusement applaudi à la fin.

Après le repas, je demandai à Philippe :

— Viens-tu au cours de biologie ?

— Oui, c’est toujours très amusant.

À deux heures, nous nous rendîmes à la salle d’étude des sciences naturelles. Elle avait des sièges en gradins, une longue table de bois tachée par les expériences, un squelette humain dans un coin. Des armoires vitrées de chaque côté contenaient des instruments dont peu m’étaient familiers.

Le Professeur entra avec une valise en bois qu’il posa sur la table. Nous nous levâmes et il nous fit nous rasseoir. Il sortit un microscope d’une armoire. Nous étions une douzaine pour le cours, tous les nouveaux et quelques anciens. Les autres avaient préféré s’abstenir.

— Bonjour, Messieurs. Biologie : un nouveau mot venu du grec, le discours de la vie. Pour moi le plus beau symbole de la vie est l’homme, vous tous chers étudiants. J’ai décidé de consacrer ma vie à soigner les hommes, leur corps comme leurs âmes, et j’ai donc choisi de vous parler de l’homme aujourd’hui.

Il nous fit un exposé sur les dernières découvertes de la médecine et l’importance croissante de la chimie pour soigner les maladies. Il nous dit ensuite :

— J’ai trop parlé, je commence à avoir la bouche sèche et vous allez vous endormir. Nous allons passer à la pratique. L’instrument que vous voyez ici est un microscope, il permet de visualiser l’infiniment petit. Nous allons regarder au microscope deux des liquides les plus importants pour la survie de l’homme : le sang et le sperme.

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clyso Il ya 7 ans