Vues: 300 Created: 2016.11.29 Mis à jour: 2016.11.29

Eudes et Johann

Chapitre 38

La soeur qui était venue nous chercher nous informa :

— L’infirmière vient juste d’arriver, elle se prépare et aura quelques minutes de retard.

La soeur ouvrit la porte de la salle où allait se dérouler le cours, située au même étage, et nous entrâmes. Les jeunes filles se levèrent. Elles étaient une vingtaine, assises par rangs de cinq. Sur le devant une scène surélevée, avec des rampes d’escaliers de chaque côté. Les demoiselles étaient vêtues de longues robes noires. L’abbé leur fit signe de se rasseoir. Nous montâmes sur la scène, il y avait quatre chaises sur lesquelles nous nous assîmes.

J’observai l’assemblée des jeunes filles. Elles avaient le même âge que moi, elles commençaient à chuchoter et à pouffer de rire. Je reconnus Mademoiselle Winifred, ma future épouse, au dernier rang. Elle me fit un sourire carnassier. Je supposai que ses parents l’avaient envoyée ici afin de la détourner de ses servantes. L’abbé ne dit rien, il sortit un bréviaire de sa poche et le lut. J’étais un peu en retrait, je vis qu’il avait glissé un papier à l’intérieur. C’était, me sembla-t-il, un récit qui narrait un accouplement entre deux hommes. Le prêtre remarqua que je l’observais, je fus gêné de mon manque de savoir-vivre. Il me tendit le papier en me chuchotant :

— C’est un jeune novice beau comme un ange qui l’a écrit. Je dois déterminer si c’est un péché ou pas.

Je fus interrompu par la soeur infirmière qui entra, je redonnai rapidement le papier à l’abbé. Elle avait mis un tablier blanc sur sa robe. Les jeunes filles se levèrent, nous aussi. Je reconnus immédiatement la soeur qui s’occupait de ma grand-mère, elle nous salua en faisant semblant de ne pas savoir qui nous étions. La suite s’annonçait plutôt mal : ma future femme et une infirmière un peu trop curieuses.

L’abbé prit la parole :

— Mesdemoiselles, nous allons vous instruire d’un sujet qui doit vous préoccuper : l’homme. Nous avons invité ici deux spécimens et l’infirmière va vous parler tout d’abord de son anatomie. Je lui cède la parole. N’hésitez pas à poser toutes vos questions, ce sera la seule fois que vous suivrez ce cours cette année. Ma fille, c’est à vous.

— Merci mon père, oui Mesdemoiselles, l’homme, et plus exactement ce qui se cache sous ses habits. J’ai été infirmière toute ma vie et j’en ai vu des milliers. Croyez bien que c’est seulement son aspect physique que je vais vous décrire. Je laisserai Monsieur l’abbé vous parler des aspects moraux par la suite. Vous avez peut-être déjà vu un petit frère ou un cousin nu. Avec l’âge, le corps de l’enfant évolue pour devenir celui d’un homme et nous voulons satisfaire votre curiosité. Dieu a fait l’homme à son image, vous allez donc voir aussi Dieu dans toute sa beauté lorsque ces jeunes hommes se présenteront devant vous comme au jour de leur naissance.

Je n’étais pas sûr que cette interprétation biblique fût exacte. L’infirmière se tourna vers nous :

— Messieurs, pourriez-vous vous déshabiller ?

Nous posâmes notre veste sur le dossier de la chaise, puis enlevâmes notre chemise. Nous attendîmes ensuite.

— Eh bien, Messieurs, nous dit la soeur, vous n’enlevez pas le reste ?

— La mère supérieure nous a parlé de nous mettre à torse nu.

— Les jeunes filles seraient déçues, nous n’osons pas tout dire à la mère, sinon elle interdirait ces cours.

Rires dans la salle. Contraints et forcés, nous enlevâmes nos souliers et nos pantalons. Les rires redoublèrent lorsque les filles virent nos caleçons.

— Devons nous aussi enlever nous chaussettes ? m’enquis-je.

— Oui, s’il fait trop froid nous remettrons une bûche dans le poêle.

Il ne nous resta plus qu’un seul vêtement pour préserver notre pudeur. La soeur s’impatienta :

— Eh bien, Messieurs, faut-il que je vous l’enlève moi-même ?

Nous devions boire la calice jusqu’à la lie, ja baissai mon caleçon et Johann m’imita. Par chance nous n’avions pas remis de pansement le matin, il n’aurait servi à rien puisque la blessure était cachée par nos prépuces. Les rires atteignirent leur paroxysme. La soeur les fit cesser.

— Eh bien, Mesdemoiselles, je ne vois pas ce qu’il y a de drôle. Au lieu de rire bêtement, je vous prie de répondre à mes questions : qu’est-ce qui vous frappe chez ces jeunes hommes, si vous pensez à des enfants plus jeunes ?

Silence complet. L’infirmière reprit :

— Ne répondez pas toutes à la fois, ce n’est pas honteux de parler de ceci. Nous n’étudions ces spécimens comme des échantillons scientifiques. Séparez le corps de son esprit.

Une jeune fille osa faire une remarque :

— Leur zizis sont plus gros.

— On ne dit pas zizi, Mademoiselle, on dit pénis, du latin. C’est exact, ils ont grossi au cours de la puberté. Peuvent-ils encore grossir ?

— Oui, dit une autre jeune fille, pour mettre la petite graine dans le ventre de la maman.

— Ce n’était pas le sens de ma question, mais tu as raison. Ces jeunes hommes ont seize ans, leur pénis n’ont peut-être pas encore terminé leur croissance, même si celui de Monsieur Johann me paraît de fort belle taille. Il est vrai que leur pénis augmentera encore lorsqu’il seront en présence de leur épouse lors de la nuit de noces, même si j’ai quelques doutes quant à ces deux-là, passons, c’est un autre sujet. La petite graine s’appelle un spermatozoïde, elle est contenue dans la semence, ou sperme, et cette croissance temporaire due à un afflux de sang s’appelle une érection. Je pense que vous montrer une érection dépasserait le cadre assigné à ce cours, et ces deux jeunes hommes auraient peut-être de la difficulté compte tenu de leur… passons, c’est un autre sujet. Lorsque le sperme sort du méat, c’est une éjaculation. D’autres remarques, Mesdemoiselles ?

— Ils ont des poils.

— Oui, Mademoiselle, comme vous, sur le pubis. Sur le torse pas tellement, j’ai vu pire. À la suivante.

— J’ai vu un ex-voto montrant la circoncision de Notre Seigneur, on m’a expliqué qu’on lui avait coupé la peau qui recouvrait le…

— Le gland, Mademoiselle. C’est exact, c’était une ancienne coutume chez les Juifs, coutume qui n’est plus en cours chez les Catholiques. On le fait parfois lorsque la peau, le prépuce, est trop étroit, je suis sûr que ces deux jeunes hommes n’ont pas ce souci. Je les connaissais déjà avant qu’ils viennent ici et j’ai contrôlé moi-même. Monsieur Johann, pourriez-vous nous montrer ?

Johann se décalotta et exposa son gland.

— Ma soeur, demanda une jeune fille. Contrôlez-vous le pénis de tous les hommes ?

— De tous ceux que j’ai croisés dans ma carrière d’infirmière. Je dois vous dire que je soigne la grand-mère de Monsieur Eudes dans son château et que je leur ai montré comment administrer des clystères. Une autre question ?

— C’est quoi cet anneau que Monsieur Johann a sous son gland ?

La soeur s’approcha et regarda :

— Je ne sais pas, je pense que c’est un bijou que l’on porte comme une boucle d’oreille, dans le frein à la place du lobe. Est-ce exact, Monsieur Johann ?

— Euh, oui, c’est exact, répondit mon ami en rougissant. Je l’ai depuis hier seulement.

— Il faut de tout pour faire une monde, dit l’infirmière. D’autres questions ?

— C’est quoi ces boules sous le pénis ?

— On appelle ceci des cou…, pardon des bourses, elles contiennent les testicules qui fabriquent les spermatozoïdes. Question suivante ?

— C’est quoi un clystère ?

— Il s’agit d’injecter de l’eau dans le fondement afin de lutter contre la constipation. Monsieur Eudes, pourriez-vous nous monter votre anus ?

Je me retournai et écartait mes fesses. Il y eut quelques cris et rires dans l’assistance.

— Silence, Mesdemoiselles, c’est un organe comme un autre, enfin peut-être pas pour ces messieurs, passons, c’est un autre sujet. Encore des questions ?

— Peut-on faire sortir des spermatozoïdes sans être avec sa femme ?

— Je pense que cette question n’est pas appropriée, l’Église l’interdit, c’est un péché. Monsieur l’abbé vous l’expliquera plus tard. Il est temps de passer à la pratique. Vous allez monter sur la scène les unes derrière les autres afin de voir les jeunes hommes de tout près.

— Pourrons-nous les toucher ? demanda Mademoiselle Winifred.

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arthur Il ya 7 ans  
clyso Il ya 7 ans  
Woyzeck Il ya 7 ans  
clyso Il ya 7 ans