Vues: 273 Created: 2016.12.18 Mis à jour: 2016.12.18

Eudes et Johann

Chapitre 51

Nous enfilâmes nos caleçons et sortîmes de la chambre. La tante de Johann nous dit :

— Je vous prie de m’excuser, je n’ai pas l’habitude d’avoir des gens en visite. Si vous voulez vous laver et vous habiller avant, je réchaufferai de l’eau plus tard.

— Mais non, ma tante, dit Johann, il fait déjà chaud et ce sera amusant, c’est la première fois que je déjeune comme ceci en caleçon.

La tante avait fait une tresse la veille, elle la servit avec du beurre et du miel. Nous bûmes du thé, ce n’était pas ma boisson favorite, je n’osais cependant pas demander autre chose. La tante nous donna ensuite le programme de la matinée :

— Je crois que vous êtes tous protestants. Nous, nous sommes catholiques. La chapelle de la cité est oecuménique, il y a un culte à neuf heures et une messe à onze heures. Voulez-vous aller au culte ?

— Non, ma tante, dit Johann. Nous pourrons nous en passer pour une fois. Il faudrait nous dépêcher pour être prêts à temps.

— Georg doit aller plus vite à la chapelle, à dix heures déjà, il doit se confesser avant la messe.

— Quels péchés a-t-il commis ? demanda naïvement Olav.

— Oh, vous devez bien le savoir. Il est allé à l’Oikema hier soir. Et j’espère qu’il n’y a rien eu de pire, mais ce n’est pas à moi de juger, c’est à notre Seigneur.

— Qu’est-ce qui pourrait y avoir de pire que de copuler avec une femme ? demanda encore Olav.

— Je préfère ne pas le nommer, répondit-elle en faisant le signe de la croix. N’êtes-vous pas soumis à des tentations au pensionnat ? Être tout le temps entre hommes, ne pas pouvoir bénéficier d’un peu d’intimité dans vos chambres. Vos hormones doivent vous démanger à votre âge.

— Mais on aime bien faire ça, nous, continua Olav.

— Que voulez-vous dire ? demanda la tante.

— Il veut certainement dire que cela ne nous dérange pas d’être nus entre hommes, dis-je, comme vous avez pu le constater. Olav est norvégien, il ne parle pas encore très bien l’allemand. Nous allons descendre nous laver. Euh, doit-on s’habiller ?

— Ce ne sera pas nécessaire, vous n’allez croiser personne.

Nous prîmes nos habits et sortîmes de l’appartement. Nous croisâmes évidemment des voisins dans l’escalier, nous les saluâmes très poliment. Des ragots en perspective pour plusieurs jours. Une fois dans la salle de bain, je questionnai Olav :

— Tu n’as pas compris ou tu as fait exprès de dire qu’on aimait bien faire ça ?

— Je n’ai pas compris, me répondit-il. C’est quoi des hormones ?

— Je te laisse le bénéfice du doute, enlève ton caleçon, on va voir si tes hormones te démangent.

Nous ne pûmes malheureusement pas poursuivre ces investigations car le voisin entra à ce moment-là pour se laver. Hasard ou pas ?

Nous accompagnâmes Georg à la chapelle, l’occasion de retrouver le curé qui n’était autre que le pèlerin que nous avions rencontré à Fribourg, David. Il fut très content de nous revoir. Il demanda à Georg d’aller prier pour se préparer à la confession, c’était pour l’éloigner afin de nous parler :

— Je voulais encore vous remercier pour la rencontre à Fribourg. Je vis maintenant heureux avec Jonathan. Nous devons évidemment nous cacher pour nous aimer, nous allons souvent faire des retraites dans un couvent à Saint-Gall.

— Je suis content pour vous, répondis-je. Nous sommes ravis d’avoir pu vous aider. Maintenant c’est à ton tour d’aider quelqu’un : le cousin de Johann, Georg. Sa mère l’a envoyé à l’Oikema alors qu’il n’y tenait pas et il n’a pas pu satisfaire la prostituée. Il s’est amusé un peu avec nous ce matin. Il a des doutes, j’ai peur qu’il fasse une bêtise. Sa mère ne semble pas trop aimer les invertis.

— Ne crains rien, je veillerai sur lui. Je lui proposerai de venir me trouver pour discuter.

Nous quittâmes la chapelle et firent le tour de la cité. Nous avions encore convenu avec la tante de Johann d’aller nous baigner dans le lac de Constance l’après-midi. Elle devait nous préparer un panier avec un pique-nique. Nous retournâmes le chercher, attendîmes la fin de la messe et descendîmes les quatre au bord du lac. Georg nous conseilla de ne pas aller trop près de la ville afin de trouver un endroit plus calme. Il y avait beaucoup de monde qui se baignait en été. Nous finîmes par découvrir une petite plage ombragée peu fréquentée. Nous mangeâmes puis fîmes une sieste digestive.

Nous nous baignâmes ensuite, nus bien évidemment, même Georg ne se fit pas prier. Nous nous étendîmes au soleil pour nous sécher. Un homme passa et se plaignit :

— C’est quoi ces manières ? De nos jours les jeunes ne respectent plus rien.

— Vous êtes en retard, Monsieur, lui dis-je, ici c’est le premier camp naturiste gay de Thurgovie, vous n’étiez pas au courant ?

— C’est quoi un camp naturiste gay ?

— Revenez dans deux siècles, vous comprendrez.

— Complètement cinglés.

Il repartit en bougonnant. Nous étions enfin tranquilles. Et vous devinez ce qu’il arriva, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin, nos hormones nous démangeaient à nouveau.

Comments

clyso Il ya 7 ans