Vues: 270 Created: 2016.12.19 Mis à jour: 2016.12.19

Eudes et Johann

Chapitre 52

Nous retournâmes à la cité pour le souper chez la tante de Johann. La soirée et la nuit furent calmes et il ne se passa rien de particulier. Nous étions fatigués et nous dormîmes comme des bébés.

Le lendemain matin, Georg et sa mère devaient aller travailler. Nous quittâmes l’appartement en même temps qu’eux et prîmes congé. Franz et le cocher étaient arrivés avec la calèche.

Nous avions encore rendez-vous avec le directeur de la filature et son fils Jonathan. Johann présenta ses dessins. Nous nous déshabillâmes brièvement afin de montrer nos caleçons. Le directeur nous dit ensuite :

— Malheureusement je ne sais pas si nous pourrons fabriquer ces vêtements. Il s’agit de modèles luxueux et nous pensions plutôt les vendre à des ouvriers.

— Cela ne fait rien, dit Johann, je n’ai jamais imaginé faire fortune avec.

— Nous trouverons éventuellement un investisseur prêt à nous aider pour ce segment.

— Envoyez une lettre à mon père, le Vicomte de R***, dis-je. Il pourra peut-être vous prêter de l’argent.

— C’est très généreux de votre part. Je ne manquerai pas de le faire.

— Je ne garantis pas que ce sera possible, ajoutai-je. Ce n’est pas encore moi qui tiens les cordons de la bourse.

— Nous verrons bien, conclut le directeur.

Nous reprîmes la route après cet entretien. Quelques jours plus tard, nous approchions du manoir de Rettenberg. Mon père avait demandé à son vieil ami le Marquis von Schwul und Schwanz de nous héberger pour une nuit et celui-ci avait accepté.

C’était le milieu de l’après-midi. La route serpentait dans une contrée montagneuse et nous traversions une forêt lorsqu’un gros orage nous surprit. La calèche s’arrêta soudainement, je pensai que ce n’était pas normal. Franz vint nous informer :

— Il y a une coulée de boue sur la route, le cocher n’a pas pu la voir à temps et nous sommes bloqués. Pourriez-vous descendre pour alléger la voiture ?

Il pleuvait à verse, mais il n’y avait pas d’autre solution. Nous descendîmes et nous fûmes trempés jusqu’aux os en quelques minutes. Nous aidâmes Franz à pousser le véhicule pour le dégager. Au moment où nous allions remonter dans la calèche et repartir, deux cavaliers sur des montures blanches arrivèrent au galop et s’arrêtèrent vers nous.

C’étaient deux jeunes hommes, ils montaient à cru. Ils étaient nus, à part une étoffe autour de leur sexe. Ils avaient les cheveux noirs, mi-longs. J’eus de la peine à trouver leur origine, ils devaient venir d’Asie. Leur apparition était si inattendue que je me demandai s’ils étaient réels ou si c’étaient des êtres surnaturels.

— Bonjour, Messieurs, nous dit l’un des deux. Tout va bien ?

— Oui, répondit Franz, nous nous sommes dégagés de la boue.

— Vous êtes les invités de Monsieur le Marquis von Schwul und Schwanz ? demanda l’autre.

— Oui, dis-je. C’est encore loin ?

— Non, à un quart d’heure. Monsieur le Marquis nous a envoyés à votre rencontre pour vous guider. Suivez-nous.

Nous remontâmes. Johann me demanda :

— Tu sais qui sont ces jeunes cavaliers ?

— Non, mon père ne m’en a pas parlé. Il n’a pas revu le Marquis depuis des années.

— Je pense que ce sont des Japonais, nous dit Olav. J’ai vu un rouleau provenant du Japon dans une bibliothèque, un manga, avec des dessins.

— Mais que font-ils ici, si loin de chez eux ? demanda Johann.

— Le Marquis nous le dira, répondis-je.

Nous arrivâmes au manoir, le portail était ouvert et la calèche entra dans la cour. Les deux cavaliers avaient déjà mis pied à terre. Un palefrenier s’occupait de leurs chevaux. Nous descendîmes du véhicule devant le perron. Le bâtiment principal n’était pas très grand, il avait deux étages. Les écuries se trouvaient à sa droite et les communs pour le personnel à sa gauche. L’un des asiatiques nous fit entrer et nous dit :

— Monsieur le Marquis von Schwul und Schwanz vous attend.

— Pourrions-nous d’abord nous changer, suggérai-je. Nous sommes trempés comme une soupe.

— Pas de souci, nous vous prêterons des habits secs.

— Nous en avons dans nos malles, objectai-je.

Il ne m’écouta pas et s’éclipsa avec son compagnon. Un majordome nous pria d’enlever nos chaussures boueuses et de mettre des pantoufles, puis nous fit monter au premier étage. Le marquis était devant la cheminée, dans une chaise roulante. Il s’était assoupi. Un feu avait été allumé bien que ce fût l’été. Le vieil homme avait de long cheveux gris clairsemés, il était vêtu d’une robe de chambre violette. Le majordome le réveilla :

— Vos invités sont arrivés, Monsieur le Marquis.

Il sursauta, ouvrit les yeux, nous regarda et finit par nous saluer.

— Ah, bonjour, Messieurs. Excusez-moi, je suis toujours fatigué. La vieillesse.

— Bonjour, Monsieur le Marquis, je suis Eudes, le fils du Vicomte de R***.

— Oui, cela fait bien longtemps que je connais ton père. J’étais ambassadeur à Berne à cette époque. C’est avec moi qu’il a couché pour la première fois avec un homme.

— Il ne me l’avait jamais dit.

— Tu ne savais pas qu’il couche avec des hommes ?

— Oui, je le savais, je ne savais pas que c’était avec vous.

— Présente-moi tes amis.

— Voici Johann, mon secrétaire particulier, et Olav, un étudiant, qui nous accompagne.

— Enchanté. Lequel est ton amant ? Ou baises-tu avec les deux ?

— C’est Johann. Mais Olav participe aussi à certains de nos amusements. Comment l’avez-vous deviné ?

— Tel père, tel fils. Je pense que le Vicomte ne t’aurait pas envoyé chez moi si tu étais avec une donzelle. Ne t’inquiète pas, je ne peux plus bander depuis longtemps et je ne vais pas te violer.

— Pourrions-nous nous changer avant de poursuivre cette conversation, Monsieur le Marquis ?

— Les deux T vont revenir avec des habits secs.

— Les deux T ?

— Oui, les deux Japonais, Tomokazu et Tsuguhiko, des noms à coucher dehors, je les appelle T1 et T2. Vous allez faire plus ample connaissance avec eux ce soir.

— Et que font-ils ici ?

— Ils vivent à l’ambassade du Japon à Munich, ce sont les fils de diplomates. J’ai offert de les prendre en vacances l’été chez moi lorsqu’ils étaient petits. Et ils y ont pris goût, ils reviennent fidèlement chaque année. Ils sont grands maintenant, ils me rendent des services et je leur offre le logis et quelque argent de poche en contrepartie. Ils sont un peu excentriques, cela a fait jaser au début lorsqu’ils ont commencé à monter nus. Ils mettent seulement leur fundoshi, c’est un sous-vêtement traditionnel.

Le majordome revint, accompagné de deux domestiques. Ils installèrent un matelas recouvert d’un drap blanc à même le sol, devant la cheminée. Ils posèrent des robes de chambre violettes sur une chaise. Ils apportèrent également un panier en osier vide.

Les deux Japonais revinrent eux aussi. Ils étaient toujours nus, à part la bande de tissu blanc qui cachait leurs sexes. L’un des deux poussait un chariot sur lequel était posé un broc et une cuvette. Ils se présentèrent. Je retins que Tomokazu, T1, était le plus grand. Le marquis fit un signe. Tsuguhiko, T2, s’approcha de moi, enleva ma veste, et continua avec mon pantalon, sous les regards amusés de mes amis.

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Woyzeck Il ya 7 ans  
arthur Il ya 7 ans  
Woyzeck Il ya 7 ans  
clyso Il ya 7 ans