Vues: 274 Created: 2016.12.27 Mis à jour: 2018.11.08

Eudes et Johann

Chapitre 60

Épilogue

Je rêvais que j’enculais, pardon que je sodomisais Bastian Baker lorsque je me réveillai ce matin-là. C’était le lendemain de l’anniversaire de mes 58 ans, j’avais fêté la veille et trop bu. Je m’étais couché tard et le soleil était levé depuis longtemps en ce beau jour de juin 2016.

Noblesse oblige, je me présente : Daniel, dernier Vicomte de Reichenbach, habitant à Zollikofen dans le canton de Berne, Suisse. Eudes avait caché sa provenance, mais tout le monde aura reconnu le château où il habitait. Je vis seul, je n’ai plus de valet à mon service, ni même personne d’autre d’ailleurs, à part une femme de ménage portugaise. Je suis gay et je ne me suis jamais marié, pas de descendant, pas de frère ou de soeur, la famille de Reichenbach va s’éteindre à ma mort. La fortune familiale s’est lentement érodée. Cela coûte cher d’entretenir un bâtiment historique. J’ai décidé de le vendre à une fondation qui le transformera en un musée consacré à l’homosexualité. Cela a fait jaser dans la ville, mais personne ne m’a proposé autre chose à la place. Il y aura aussi quelques appartements luxueux et hors de prix à louer (envoyez-moi un MP si cela vous intéresse). J’ai donc invité un architecte à faire l’expertise du bâtiment. Une porte nous a intrigués à la cave, elle ne devait pas avoir été ouverte depuis des années, elle n’avait pas de serrure. Un appareil de mesure nous a indiqué qu’un local se trouvait derrière la porte, nous avons décidé de la forcer. Le bois était pourri et il fallait de toute façon le changer.

Les ouvriers sont arrivés le lendemain de mon anniversaire et ont massacré la porte à la tronçonneuse. Derrière, une surprise nous attendait : deux squelettes entremêlés. J’ai pensé immédiatement à mon ancêtre Eudes. Je ne savais pas grand chose de lui, sinon qu’il avait disparu en montagne avec un de ses amis et qu’on n’avait jamais retrouvé les corps. Il était certainement revenu en cachette au château pour y mourir. J’ai appelé la police par acquis de conscience. Ils sont venus, m’ont posé des tas de questions, ont fait des photos puis emmené les restes pour les analyser et mis des scellés. J’ai dû donner une goutte de salive pour l’analyse d’ADN.

Le résultat m’a rapidement été communiqué : il s’agissait bien d’un de mes ancêtres mort il y a plus d’un siècle, un non-lieu a été édicté et les dépouilles sont revenues au château dans un cercueil. J’ai pu alors examiner la pièce à la cave. J’y ai découvert une lettre d’adieu dont je vous parlerai plus tard, ainsi que des centaines de feuillets de papier recouverts d’une fine écriture. C’est le récit d’Eudes, il a raconté toute sa vie depuis son adolescence et c’est ce texte que j’ai porté à votre connaissance, du moins la première partie, celle que je trouve la plus passionnante. Je suis en train de déchiffrer la suite. Pour le moment, je vais simplement vous donner quelques étapes importantes du reste de la vie d’Eudes et de Johann. Je publierai peut-être d’autres épisodes si j’en trouve qui seraient susceptibles de vous intéresser.

Il y avait encore les dessins représentant les amis d’Eudes et leurs attributs ainsi que ceux de Johann avec les caleçons, ces dessins seront en bonne place dans le musée.

Une mauvaise nouvelle attendait Eudes à son retour, la maladie de son père s’était aggravée et celui-ci mourut quelques mois plus tard d’une crise cardiaque. La mère put cependant reprendre le domaine en main avec l’intendant Jean qui redevint son amant.

Eudes et Johann purent ainsi faire des études, ils restèrent en Suisse. Johann devint un médecin très célèbre, il se spécialisa dans l’urologie (cela ne doit pas vous étonner). Eudes fit des études de lettres qui ne lui servirent à rien, sinon à nous raconter sa vie. Il se maria avec Mademoiselle Winifred, je n’ai pas trouvé comment il put concevoir un garçon et une fille, avec ou sans aide extérieure, l’analyse d’ADN prouve cependant que je suis bien issu de ses gamètes qu’il aimait tant répandre.

Eudes continua à financer le pensionnat, mais il décida de l’ouvrir aux hétérosexuels, tous en veillant à la bonne entente entre tous les étudiants. Par la suite, le pensionnat devint un gymnase mixte et public. J’en suis maintenant le directeur, un simple salarié.

Il négligea la loge maçonnique, c’est Jean qui s’en occupa jusqu’à un âge avancé. Les maçons vieillissaient aussi et certains restaient à la taverne pour boire des verres au lieu de baiser. Eudes avait rencontré l’amour très jeune et n’avait pas bien compris l’utilité de ce lieu. Il le ferma à la mort de Jean.

Eudes et Johann gardèrent le contact avec leur amis, ils firent plusieurs voyages et les revirent assez souvent, en particulier Philippe et sa femme qui l’aidèrent toujours à financer les activités du pensionnat en faveur des homosexuels.

Eudes acheta des actions de la fabrique de sous-vêtements, elles lui rapportèrent pas mal de dividendes et je les ai héritées. La fabrication a été délocalisée de nos jours et les actions ne valent plus rien. Johann ne reçut par contre pas beaucoup d’argent pour ses créations. Le prêtre David fut déplacé dans un autre canton à la suite de son comportement jugé inadéquat. Il échoua dans le couvent de jeunes filles de Fribourg. Jonathan se consola en devenant l’amant de Georg.

Johann tomba malade à l’approche de son huitantième anniversaire. Il commençait à perdre la mémoire et la raison. Eudes décida d’abréger ses souffrances, comme Johann le lui avait demandé dans son testament lors de l’initiation maçonnique. Johann avait depuis longtemps préparé un cocktail lytique. Ils firent une dernière excursion dans les montagnes puis revinrent au château sans rien dire à personne. Ils détruisirent le mécanisme secret d’ouverture de la porte et burent la potion ensemble.

J’ai découvert dans l’enveloppe de la lettre d’adieu les deux petits anneaux qu’ils portaient sur leurs pénis, ils avaient pris soin de les enlever avant de se donner la mort.

Il ne me restait plus qu’à accomplir le voeu qu’avait exprimé Eudes dans son testament. J’ai fait incinérer leurs restes et déposer l’urne dans notre concession familiale au cimetière de Zollikofen. J’ai fait poser une pierre très simple avec cette inscription :

Eudes von Reichenbach

1808-1878

Johann Häberli

1807-1878

Ils s’aimèrent toute leur vie

Ils reposent ensemble pour l’éternité

Et voilà, le récit est fini. Merci à celles et ceux qui ont eu la patience de me lire jusqu’au bout, même si cette histoire sortait du cadre habituel de ce forum. Merci pour vos commentaires.

Comments

Woyzeck Il ya 5 ans  
arthur Il ya 5 ans  
clyso Il ya 7 ans