Vues: 839 Created: 2014.03.19 Mis à jour: 2014.03.19

Étude clinique

Chapitre 1

Encore un personnage qui s’appelle K., c’est bien sûr un hommage à Kafka.

Mardi 18 mars 2014

Bonjour, je me présente : Nicolas K., je viens d’avoir 18 ans et je suis toujours puceau. Je désire faire des études de médecine et je cherche à en financer une partie pour ne pas être totalement dépendant de mes parents. Je sais qu’un groupe pharmaceutique offre de participer à des études cliniques pour tester de nouveaux médicaments, je consulte régulièrement leur site. Mais cela ne m’enchante pas : ingurgiter des molécules inconnues, se faire prendre du sang toutes les heures, avoir des nausées, diarrhées ou le corps couvert de boutons. Mais je vais devoir me décider si je veux une place pendant les vacances d’été. Je n’ai déjà plus besoin de la signature de papa/maman, ils n’auraient pas été enthousiastes. Ce sera une occasion pour moi de découvrir un milieu médical.

Je compare les différentes offres, lorsque je vois une nouvelle étude :

Etude K765, Hommes 18-30 ans, 2500 € + le logement et la nourriture

Durée : 2 semaines à choix entre le 1er juillet 2014 et le 30 novembre 2014

Exactement ce qu’il me faut. Je clique, mais il n’y a pas beaucoup de détails.

Etude consacrée à la sexualité, pas de prise de médicaments, une seule prise de sang et d’urine journalière. Séjour à la clinique pendant 12 jours sans sorties. Une visite médicale préliminaire.

Condition : pas de dysfonction érectile connue.

Ça joue, je peux me branler sans problème. Je pense qu’il faudra fournir des échantillons de sperme et rien d’autre, ce ne sera pas trop désagréable. Je m’inscris directement, il y a très peu de données à fournir, seulement le nom, l’adresse, le sexe, l’âge, le no de portable et l’adresse électronique. Une hôtesse me rappelle le jour même pour fixer le rendez-vous de la visite médicale préliminaire.

Vendredi 21 mars 2014

Je prends le métro puis le RER jusqu’à la clinique située en banlieue. Il faut encore marcher 20 minutes, je ne suis pas stressé, je n’ai rendez-vous qu’à 10 heures. J’ai pris congé toute la journée en invoquant une maladie. La clinique est un bâtiment moderne mais discret. Pas de logo du propriétaire à l'entrée. J’entre, me présente à l’hôtesse d’accueil qui confirme le rendez-vous. Elle me donne un questionnaire médical à remplir et me prie d’aller dans une salle d’attente où je suis seul. Le questionnaire a six pages en petits caractères, les questions concernent ma situation familiale et professionnelle, puis toutes les parties du corps sont passées en revue et je dois mentionner toutes les maladies que j’ai eues, même les plus bégnines. Heureusement, je suis en bonne santé et c’est assez vite rempli. Je dois encore patienter un quart d’heure lorsqu’un médecin arrive et me salue :

— M. Nicolas K. je présume ?

— C’est exact, bonjour Docteur.

— Bonjour Monsieur, je suis le Professeur Jules Y., directeur médical de la clinique.

— Enchanté.

Nous nous serrons la main. Le professeur, âgé d’une cinquantaine d’années, a mis une blouse blanche classique et une cravate.

— Suivez-moi, me dit-il.

Nous nous rendons dans son cabinet qui est très vaste avec une grande baie vitrée. Il me prie de m’asseoir à son bureau.

— M. K., tout d’abord merci d’avoir pris contact avec nous. Vous savez que ces études cliniques sont capitales pour le développement de nouveaux médicaments.

— Mais cette étude ne parle pas de médicaments.

— Oui le médicament en question n’est pas encore au point. Nous allons donc faire une comparaison sans, puis avec le médicament l’année prochaine.

— Devrais-je revenir ?

— Si vous le désirez, mais ce n’est pas obligatoire. Nous faisons cette étude sur plusieurs personnes et nous utiliserons les valeurs moyennes.

— Et quel est le sujet de cette étude ?

— Je vais d’abord vous faire signer une clause de confidentialité, cela ne vous engage pas encore définitivement, mais vous ne devrez parler de ceci à personne.

Il me tend un papier que je lis en diagonale et signe.

— Bien, cette étude a pour thème l’orgasme. Nous développons un médicament qui pourrait augmenter les sensations de l’orgasme chez l’homme. Si vous participez à cette étude, vous devrez avoir un orgasme chaque jour, ou même plusieurs mais dans la même session, et l’on mesurera certains de vos paramètres corporels comme le pouls, l’activité du cerveau par exemple.

— Ce n’a pas l’air très astreignant.

— Il faut simplement que vous acceptiez d’être observé pendant cette phase assez intime. Nous pourrons aussi vous filmer. Avez-vous une petite amie ?

— Non, pas encore.

— C’est mieux ainsi, elle pourrait être jalouse. Encore des questions ?

— Et de quelle manière aurais-je des orgasmes ?

— Nous n’avons pas encore établi le protocole détaillé, mais ce ne sera pas désagréable, il ne s’agit pas de vous envoyer des décharges électriques sur la prostate.

— Ça existe ce genre de traitement ?

— Oui, mais seulement sous anesthésie générale. Nous utiliserons des méthodes plus douces et naturelles. Encore une question ?

— Je pense que tout est clair pour le moment.

Le professeur prend alors mon questionnaire médical et le lit rapidement.

— Tout est en ordre, vous n’avez pas eu de souci de santé grave. Je vais vous examiner. Veuillez vous déshabiller s’il vous plaît.

Je me lève, j’enlève mes souliers, ma chemise, mes pantalons et les pose sur la chaise. Je suis maintenant en boxer, j’ai choisi un noir à cette occasion, puis j’attends. Le professeur, qui prenait des notes sur son PC, relève la tête et me dit :

— Entièrement nu s’il vous plaît.

Comments

Woyzeck Il ya 10 ans  
clyso Il ya 10 ans