Vues: 510 Created: 2014.03.21 Mis à jour: 2014.03.21

Étude clinique

Chapitre 4

Dimanche 6 juillet 2014

En ce beau dimanche d’été, je suis dans le RER à destination d’un parc à thèmes bien connu, mais je ne vais pas aller jusqu’au terminus, je vais descendre avant pour un autre genre d’attractions, si je puis m’exprimer ainsi. Je vais tout d’abord vous raconter ce qui s’est passé durant les derniers mois.

Je suis sorti de la clinique le vendredi du mois de mars en début d’après-midi. J’étais encore très excité par la matinée, je ne me suis pas arrêté pour déjeuner, j’ai acheté des sandwiches et une bouteille d’eau dans une boulangerie. Je suis retourné en ville. Je ne pouvais pas rentrer tout de suite, car j’étais censé être au lycée. Je suis allé au musée d’art moderne, où je me suis calmé en regardant distraitement les œuvres. J’ai pris la décision définitive de participer à cette étude.

Je me suis rendu compte qu’on ne m’avait pas demandé ma motivation, pourquoi je m’étais inscrit. L’aspect commercial primait, tant pis si j’avais par la suite des problèmes psychologiques après cette expérience. Mais je me sentais assez fort.

Une semaine après, j’ai reçu le contrat que j’ai signé immédiatement. Je n’ai pas analysé en détail toutes les clauses, le groupe pharmaceutique avait des armées d’avocat qui avaient examiné chaque mot, chaque virgule.

J’ai passé mon bac.

Dix jours avant, j’ai reçu la convocation définitive avec la liste des affaires à prendre et les objets interdits (en particulier l’alcool, les médicaments, la nourriture, la drogue et les cigarettes). J’aurai même la possibilité de faire la lessive, je n’ai donc pas pris beaucoup d’habits. Je pouvais aller le lundi matin à 8 heures ou déjà le dimanche après-midi pour avoir plus de temps pour m’installer. J’ai bien fait de choisir le dimanche, la rame du RER est presque vide.

On me donnait encore quelques instructions spéciales :

Nous vous prions de vous raser la tête afin de faciliter le contact avec les électrodes. Ce n’était pas prévu, mais nous vous demandons également de vous raser les organes génitaux. Vous pourrez aussi le faire à la clinique.

Nous vous prions d’éjaculer tous les jours, une fois par jour et une seule, une semaine avant, ceci afin d’habituer votre organisme à ce rythme.

J’avais informé mes parents progressivement, leur disant d’abord que je voulais travailler pendant l’été et que je n’irai pas en vacances avec eux, puis je leur ai parlé vaguement d’études médicales. Je leur ai donné au dernier moment la fausse description en leur précisant que ce serait inoffensif puisqu’il n’y avait pas de médicaments à prendre. Ils pensaient déjà à leurs propres vacances et n’ont pas regardé en détail. Ma petite sœur, qui est plus curieuse, a consulté le site internet de la clinique et m’a demandé la semaine dernière :

— C’est quelle étude que tu fais ?

— Elle n’est pas sur la liste.

— Je pensais que c’était celle consacrée à la sexualité.

— Non, il n’y avait plus de place.

— Alors, pourquoi tu te branles chaque jour ?

— Comment le sais-tu ? Tu m’as vu ?

— Non calme-toi, oui je t’ai vu une fois te branler, mais il y longtemps. Maman m’a demandé de l’aider et de passer l’aspirateur dans ta chambre, j’ai vu la lettre avec les instructions. Si tu faisais de l’ordre toi-même, ce ne serait pas arrivé.

— Tu as raison. Mais pas un mot. Sinon je dis à nos parents que tu as un petit ami.

— Comment le sais-tu ?

— Tu as déjà entendu dire qu’on peut mettre un mot de passe sur les ordis ?

Hier matin, très tôt, mes parents sont partis en vacances avec ma sœur et je me suis retrouvé seul dans l’appartement. Je suis allé chez le coiffeur pour me faire raser la tête, j’ai dit que je partais à l’armée. Le coiffeur m’a alors raconté tous ses souvenirs. J’ai renoncé à me raser le pubis, on verra bien à la clinique.

J’ai bien fermé l’appartement ce matin, dit à la concierge qu’il serait vide pendant deux semaines, puis j’ai déjeuné dans un bon restaurant.

Je reprends mon récit au moment où je descends du train. J’achète quelques magazines et je vais de nouveau à pied jusqu’à la clinique où j’arrive vers 16 heures.

À l’accueil, l’hôtesse contrôle mon nom, puis me demande de monter au premier étage pour un contrôle de sécurité. J’arrive devant une porte fermée qui s’ouvre automatiquement à mon approche. À l’intérieur, deux gardes, un homme et une femme assis à une table en train de lire des journaux. L’homme se lève et me serre la main.

— Bonjour Monsieur. Nous sommes obligés de vous contrôler pour votre propre sécurité et la nôtre. Nous ne voulons pas qu’une personne étrangère essaie d’entrer pour dérober des remèdes en cours d’expérimentation. Veuillez venir avec moi à côté.

Il ouvre la porte d’une autre pièce et nous entrons. Il referme derrière nous.

— Posez votre sac sur la table, me dit-il, et montrez-moi une pièce d’identité.

Je lui donne ma carte, il introduit son numéro dans un ordinateur puis me la rend. Il me donne un bracelet avec une puce électronique.

— Vous devrez tout le temps le garder sur vous, il vous servira de clef pour la chambre. Veuillez maintenant vider toutes vos poches, enlever vous souliers, votre ceinture et poser tous ces objets sur la table, me demande-t-il ensuite.

J’exécute ses ordres, il me tâte alors toutes les parties du corps puis refait un contrôle avec un appareil, comme dans les aéroports. Il ouvre ensuite mon sac et sort tous les habits et objets qu’il contrôle méticuleusement.

— Tout est parfait, vous n’avez rien qui est interdit que nous aurions confisqué jusqu’à la fin du séjour. Vous pouvez tout remettre dans le sac.

Nous ressortons du local séparé. Au fond, il y a deux portes. Il ouvre celle de gauche en me la montrant :

— C’est ici, la partie pour les hommes, vous n’avez pas le droit d’en sortir sauf en cas d’urgence. Malgré les circonstances, je vous souhaite un bon séjour.

Je suis un peu déçu, j’avais secrètement espéré rencontrer des filles de mon âge, afin de, qui sait, nouer une amitié. Mais ce ne sera pas possible. J’entre dans la section des hommes. Il y a une infirmière qui m’attend, pas celle que je connais déjà.

— Bonjour Monsieur, Nicolas K., c’est bien ça ?

— Oui, bonjour.

— Je vais vous conduire à votre chambre.

Nous suivons un long et étroit couloir jusqu’au bout.

— Vous êtes ici, me dit l’infirmière, chambre no 1, pas difficile à se souvenir, essayez d’ouvrir avec le bracelet. Vous avez de la chance, vous avez une fenêtre.

La serrure fonctionne sans problème, j’ouvre la porte et j’entre. La chambre est très petite et froide, la climatisation tourne au maximum. Elle n’a pas l’aspect d’une chambre d’hôpital, mais plutôt d’une chambre d’hôtel d’une chaîne économique. Il y a un lavabo, une douche et des toilettes. L’infirmière m’indique un bouton en me disant :

— Si vous avez un problème, vous pouvez sonner, il y a toujours une infirmière et un médecin présents 24 heures sur 24, ainsi qu’un garde de sécurité. Si ce n’est pas urgent, vous pouvez aussi téléphoner. Le personnel a le droit d’entrer dans les chambres sans attendre votre réponse. Ne vous formalisez pas si vous êtes sous la douche ou déshabillé. Voici le programme pour les prochains jours. Nous vous demandons d’être ponctuel au lieu et à l’heure indiquée. Aujourd’hui, vous avez le dîner entre 18 et 21 heures, à l’étage au-dessus puis une préparation dans votre chambre à 21h15. Vous avez le droit de circuler librement dans la section des hommes et d’utiliser toutes les installations, à part le sauna, le hammam et le bassin. Vous ne devez pas franchir les portes rouges sans y être autorisé, cela déclenche une alerte. Veuillez également repérer les sorties de secours. Je vous donne également toutes ces consignes par écrit. Pas d’autres questions ?

— Je vais relire tout ça en détail.

— Je vous laisse découvrir seul les autres locaux, j’ai beaucoup de monde à recevoir cet après-midi. Bon séjour.

L’infirmière sort. J’arrête immédiatement la climatisation, je ne veux pas tomber malade. J’ouvre la fenêtre, on ne voit rien d’intéressant, sinon d’autres immeubles de bureaux. J’enlève mes baskets et je me couche sur le lit, il est plus confortable que je ne le pensais. Il me semble soudain que je suis dans une prison et pas dans une clinique.

J’ai bu un peu trop de vin rouge au déjeuner et je m’endors. Je me réveille et regarde ma montre. Il est 17h30, j’ai encore du temps avant le repas. Il fait maintenant chaud dans la chambre, j’enlève mon t-shirt et mon jean. Je pense soudain que je ne me suis pas encore masturbé aujourd’hui, c’est le moment idéal, je me recouche, me caresse le pénis avec l’étoffe du boxer blanc. Je me dis que c’est la dernière fois que je le fais moi-même. Quand même bizarre, une étude clinique sur l’orgasme. Je me demande si je ne devrais pas quitter la clinique en courant. Non, je dois avoir le courage de rester. Je baisse mon sous-vêtement pour libérer mon sexe dressé. Je le regarde, est-il trop petit ? Qu’en a pensé l’infirmière au mois de mars ? M’a-t-elle jugé, suis-je un simple corps ou un être humain pour elle ?

Je me dis que je réfléchis trop, je me masturbe de plus en plus rapidement, jusqu’à l’éjaculation. Et si quelqu’un était entré ? Tant pis, je dois oublier ma pudeur pour deux semaines.

Je me rhabille et je sors explorer la clinique. Au premier étage, il y les chambres et certainement d’autres salles d’examen, mais des portes rouges me barrent le passage. Je monte au deuxième étage. Une grande salle avec des tables pour les repas, un coin avec quelques ordinateurs, mais j’ai pris le mien, un salon avec une TV, une petite salle avec des appareils sportifs d’entraînement. Je reprends l’escalier, je monte deux étages et me retrouve sur le toit. Nous pouvons quand même sortir à l’extérieur. Quelques chaises longues sous des parasols. Un local avec le sauna, le hammam et le petit bassin rempli d’eau froide. Je me demande pourquoi je n’ai pas le droit de les utiliser. Il est précisé que les maillots de bains y sont interdits et facultatifs sur le reste de la terrasse, je n’en ai de toute façon pas pris, ce n’était pas sur la liste. Pourquoi pas une petite bronzette ? Je suis encore seul, je me déshabille entièrement et me couche sur une chaise longue. La température est plus agréable que cet après-midi.

Je redescends pour le repas. On ne peut pas se servir soi-même, il faut présenter son bracelet. Le cuisinier voit sur un écran ce qu’il peut nous servir. Il est indiqué dans les consignes que nous ne devons manger que ce qui nous est distribué, interdiction de finir l’assiette du voisin. Ce soir, c’est une assiette de crudités. Que de l’eau et des jus de fruits à boire, ou du café et du thé. Un fruit pour le dessert.

Je ne parle pas aux autres hommes qui sont aussi arrivés ce soir. Il y a des gens de tous âges, mais en majorité entre 20 et 30 ans. J’ai l’air d’être le plus jeune. Je retourne dans ma chambre et je m’installe, je sors mon ordinateur et le relie au réseau, j’ai trouvé un mot de passe avec les consignes. J’ai de nouveau trop chaud, je me mets en boxer. Je sursaute lorsqu’on frappe à la porte. Un infirmier entre dans ma chambre. Il est déjà 21h15.

— Bonsoir M. K., je viens pour la petite préparation.

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Woyzeck Il ya 10 ans  
dudu Il ya 10 ans  
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