Vues: 499 Created: 2014.03.22 Mis à jour: 2014.03.22

Étude clinique

Chapitre 5

— Bonsoir Monsieur, dis-je.

— Je m’appelle Éric, je vous ai fait peur ? Vous avez sursauté.

— J’avais oublié l’heure, de quelle préparation s’agit-il ?

— Je dois contrôler si vous êtes bien rasé, je vois que la tête est en ordre. Et le reste ?

Je ne m’étais pas rasé le pubis parce que je pensais que ce serait Julie qui le ferait. Je suis gêné que ce soit un homme.

— Euh, je pourrais le faire moi-même, si vous me donnez un rasoir.

— Non, je vais m’en occuper, j’ai l’habitude.

Il a un petit chariot avec du matériel, dont une alèse qu’il met sur le lit.

— Voilà, me dit-il. Il ne vous reste plus grand-chose à enlever. La clim est en panne ?

— Non, je n’aime pas. Je la mettrai en route lorsque je quitterai la chambre.

Je me résigne à enlever mon boxer et à me coucher sur le lit.

— Ce n’était pas prévu, savez-vous pourquoi vous devez me raser ?

— Nous avons pensé que ce serait plus hygiénique. Mais vous verrez, c’est très agréable. Je me rase moi-même depuis longtemps.

J’aurais mieux aimé qu’il évite de me raconter sa vie intime. Est-il gay ? Il a effectivement l’habitude et me rase rapidement avec un rasoir jetable et de la mousse à raser. Je suis assez tendu lorsqu’il termine pas les bourses.

— Vous voyez, me dit-il, ce n’était pas si ennuyeux. Je dois encore vous mettre un appareil de contrôle.

— Pour contrôler quoi ?

— On ne vous a pas encore dit ? Vous n’avez pas le droit de vous masturber en dehors des séances journalières. Cet appareil va surveiller toutes vos érections.

— Mais je peux avoir une érection nocturne !

— Oui, bien sûr. L’appareil fera la distinction. Je vais vous le montrer. Le boîtier est attaché à une ceinture autour de la taille. Il a simplement une électrode qui fait diverses mesures à la racine du pénis.

— Et pour me doucher ?

— C’est un peu plus ennuyeux, il faudra le débrancher, quelqu’un devra vous surveiller pendant ce temps, sinon vous pourriez vous branler, pardon vous masturber sous la douche.

— Vous ne pouvez pas me faire confiance ?

— Malheureusement pas, nous avons souvent des tricheurs dans ces études. Il y des millions ou des milliards d’euros en jeu avec un nouveau médicament.

— Et si l’électrode se détachait, on pourrait m’accuser de tricher.

— Il y aurait immédiatement une alerte qui se déclencherait, nous viendrions voir tout de suite. Je vais placer l’appareil, pourriez-vous prendre vos testicules dans la main et les remonter, je dois placer l’électrode juste en dessous du scrotum.

Je fais ce qu’il a dit, il me nettoie la peau puis colle l’électrode. Il la relie ensuite au boîtier et met la ceinture en place, puis fait un contrôle, un voyant vert s’est allumé.

— Tout est en ordre, je vais cesser de vous importuner pour ce soir. Je laisse encore un gobelet sur le lavabo, je vous prie d’uriner dedans demain matin. C’est moi qui ferai la prise de sang à 6 heures et vous pourrez prendre votre douche. Je suis de garde cette nuit. Je vous souhaite une bonne nuit.

— Merci, vous aussi.

Il quitte ma chambre. J’espère qu’il n’y aura plus d’autres surprises désagréables comme cet appareil. Je n’aime pas qu’on me surveille ainsi tout le temps. C’est une ceinture de chasteté électronique. Il est tôt, mais je me couche sans me rhabiller. La couette sera trop chaude, je ne garde que le drap qui l’enveloppe, je ferme un peu la fenêtre, tire le rideau et j’éteins la lumière. Vous devinez que je mets très longtemps avant de m’endormir.

Lundi 7 juillet 2014

Le soleil me réveille. J’émerge lentement des brumes du sommeil et je vois l’infirmier Éric qui est en train d’ouvrir le rideau.

— Bonjour Nicolas, bien dormi ? Vous n’êtes pas en vacances. C’est l’heure.

— Bonjour.

— Je vais faire la prise de sang.

Il a de nouveau son petit chariot sur lequel il prend une seringue. Il met un gant, pose l’unique chaise de la chambre à côté du lit puis s’assied.

— Permettez-moi d’abord de contrôler quelque chose, me demande-t-il.

Il enlève le drap, exposant mon pénis en érection matinale. Je suis assez surpris, mais je n’ai pas le temps de réagir.

— Excusez-moi, mais l’appareil de contrôle des érections est un prototype et je dois vérifier s’il fonctionne bien. Sur notre logiciel de contrôle, il était indiqué que vous bandiez, et c’est exact.

— Je suppose que vous savez combien j’ai eu d’érections pendant la nuit.

— Quatre, si ça vous intéresse.

L’infirmier me fait alors la prise de sang sans me couvrir, puis il m’enlève l’électrode, la ceinture et le boîtier de l’appareil enregistreur.

— Vous pouvez aller remplir le gobelet et prendre votre douche.

Mon érection est retombée, je vais uriner aux toilettes, pose l’échantillon sur le chariot puis je prends une douche, je ferme la porte, la cabine est de toute façon transparente. Je ressors pour me sécher. Je demande à l’infirmier :

— Vous allez me remettre l’enregistreur d’érections ?

— Je dois obéir aux ordres.

— C’est ennuyeux, j’aurais bien aimé essayer le sauna et le hammam, je n’ai encore jamais eu l’occasion.

— J’ai une idée, je pourrais y aller avec vous pour vous surveiller.

Son idée ne m’enchante pas, j’aurais mieux fait de me taire.

— Je ne veux pas vous déranger, ce n’est pas nécessaire.

— J’y vais de toute façon plusieurs fois par semaine avant ou après mon service, c’est autorisé et mon chef le sait.

— Mais je ne sais pas si…

— Je vais mettre les choses au point : ne pensez pas que je cherche à vous séduire ou quelque chose de ce genre. Il est strictement interdit d’avoir une relation sexuelle entre un infirmier et un patient, je serais immédiatement licencié si on l’apprenait.

— Comment pourrait-on l’apprendre, nous ne sommes pas surveillés tout le temps.

— Désolé de vous contredire, oui nous sommes surveillés tous le temps. Chaque pièce de cette clinique a une caméra vidéo cachée. Chaque déplacement est enregistré. Si je reste trop longtemps dans une chambre, une alerte se déclenche au centre de contrôle et le garde regarde immédiatement l’écran.

— Mais c’est illégal !

— Vous n’avez pas lu votre contrat attentivement, vous avez accepté cette surveillance. Bien sûr, les juristes avaient tourné la phrase de manière à ne pas éveiller votre attention.

— Bon d’accord, j’accepte votre proposition.

— Ce soir 18 heures, ça va ?

— OK.

— Je viendrai vous chercher dans votre chambre. Bien, encore quelques patients et je vais dormir. Enjoy vour stay !

Il me remet l’enregistreur en place puis quitte la chambre. Je repense à ma petite aventure avec Julie au mois de mars. Elle n’a pas été licenciée, du moins je ne l’espère pas. Ce n’est pas la même chose, un comité d’éthique a donné son feu vert. Je m’habille et monte prendre le petit déjeuner. Je reviens dans la chambre, le temps me paraît interminable jusqu’à 9 heures.

Dix minutes avant l’heure, je quitte la chambre et je me rends vers la porte rouge no 3, je ne suis pas le seul. À 9 heures la porte s’ouvre,

Julie me fait signe et j’entre. Elle me dit :

— Bonjour mon petit Nicolas. Ça va ?

— Ça va, ça ira mieux dans une heure ou deux.

— Suis-moi. Je préfère que nous nous vouvoyions lorsque nous sommes avec d’autres personnes. Ce matin le professeur sera là, tu es le premier patient, c'est le début officiel de l’étude, mais rassure-toi, le premier jour tu resteras seul pour la première mesure.

Nous entrons dans une salle. Le professeur me salue.

— Bonjour M. K. Nous sommes tous un peu nerveux aujourd’hui, vous n’êtes pas le seul.

— Bonjour Professeur.

— Nous allons tout de suite commencer. Veuillez vous déshabiller entièrement et vous coucher sur le lit.

Je me couche, ma tête est légèrement surélevée. Julie me pose deux serviettes sur le corps, une sur les pieds et les jambes, l’autre sur le sexe et le haut du corps. Le professeur continue :

— Nous allons vous mettre une sorte de casque sur la tête avec une vingtaine de capteurs qui mesureront toute l’activité du cerveau. Nous allons contrôler la position avec l’ordinateur puis nous ferons des marques pour le placer tous les jours au bon endroit.

Julie me pose le casque puis fait des essais pendant 10 minutes, elle me place ensuite des électrodes sur la poitrine et les jambes et un capteur sur le doigt. Le professeur positionne trois caméras vidéo, l’une qui filme la tête, deux autres le pénis. Il reprend l’explication :

— Il n’y aura pas de capteur sur le pénis, c’est le logiciel associé aux caméras qui calculera tout : la longueur, le diamètre, les contractions, l’éjection du sperme. Vous avez d’autres questions ?

— Ce n’est pas très érotique tout ceci.

— Ne vous inquiétez pas. Vous êtes le premier et nous devrons peut-être faire des ajustements si quelque chose ne marche pas comme nous l’avons prévu. Pour la mesure no 1, vous serez seul, ce sera à vous de faire le travail, et je vous promets que nous ne regarderons pas les vidéos en direct. C’est pour vous habituer à tout cet environnement technique. Nous allons encore vous mettre des lunettes sur les yeux. Vous verrez différentes vidéos, nous pourrons dans un premier temps déterminer quel genre de films vous plaisent le plus. Ne touchez pas votre pénis pendant cette phase. Et on ne vous forcera pas à garder les yeux ouverts, nous ne sommes pas dans « Orange Mécanique ».

— Que voulez-vous dire ?

— Vous ne connaissez pas le film de Stanley Kubrick ? Il est disponible sur notre réseau interne, visionnez-le un de ces jours.

— Je suivrai votre conseil. Et après les films ?

— À un certain moment, vous aurez une lumière verte qui s’allumera. Cela veut dire que vous pourrez commencer à vous masturber pour avoir un orgasme. Ne vous inquiétez pas du temps nécessaire, vous pourrez garder les lunettes pour voir d’autres vidéos ou les enlever, il y du lubrifiant si vous le désirez. Aujourd’hui vous êtes libre de faire comme vous le voulez. Il y a également un bouton pour nous appeler si vous avez un problème ou lorsque vous aurez terminé. D’autres questions ?

— Non, je ne pense pas.

Julie me montre le lubrifiant, le bouton pour appeler puis me met les lunettes sur les yeux et des écouteurs sur les oreilles. Elle retire les serviettes. Je les entends quitter la pièce et je reste seul.