Vues: 542 Created: 2014.03.25 Mis à jour: 2014.03.25

Étude clinique

Chapitre 6

La vidéo débute dans mes lunettes. Il s’agit manifestement d’un spot institutionnel pour le groupe pharmaceutique. Je me demande s’ils se sont trompés, mais ça doit faire partie du protocole, peut-être pour me calmer. Il est vrai que ce spot est assez lénifiant. Mais, après cinq minutes, l’image change et je vois enfin ce que j’attendais : des extraits de films pornographiques avec diverses situations, que j’aime plus ou moins. Je ne sais pas si cela se remarque vraiment, il ne me semble pas être très excité. Après une dizaine de vidéos, la lumière verte s’allume. C’est à mon tour de prendre le relais. Je vois toujours un des films, et c’est effectivement un que j’ai bien aimé. Je commence à caresser mon pénis, essayant de faire le vide, ce n’est pas facile, mais j’y arrive, le film aidant. Après un temps assez long, je finis par jouir et je suis soulagé, j’ai pu remplir mon contrat. J’attends quelques minutes avant de sonner.

Julia arrive, puis commence pas m’enlever les lunettes et les écouteurs.

— Ça s’est bien passé ? me demande-t-elle.

— Pas trop mal pour un début. Et les enregistrements, ils sont bons ?

— Je ne pourrais pas faire de commentaires à ce sujet, nous ne devons pas influencer ton comportement ces jours prochains.

— Et quel sera le programme demain ?

— Je n’ai pas le droit de t’en parler non plus, toujours pour la même raison.

Je suis un peu frustré. Julie me lave, enlève tous les appareils de mesure, puis remet la « ceinture de chasteté ». Elle me dit :

— C’est fini pour aujourd’hui. Mais le professeur t’avait dit que tu pourrais faire une visite médicale avec lui, comme préparation à tes futures études de médecine. Ça irait cet après-midi si tu es d’accord.

— Je rien de prévu avant 18 heures.

— Tu pourras te rendre au contrôle de sécurité à 13h30. Je t’y attendrai, à plus tard.

Julie quitte la salle. Je me rhabille et je retourne dans ma chambre. Je ne sais pas très bien que faire, le temps sera long entre les séances.

Pendant le déjeuner les autres participants racontent leurs premières impressions. Ils ont reçus les médicaments sous le contrôle strict du personnel médical. Je n’ose pas dire pourquoi je suis là et je reste silencieux.

Je me rends à l’heure prévue au contrôle de sécurité. La porte s’ouvre à mon arrivée, j’entre, Julie m’attend déjà. Le garde me dit qu’il n’y a aura pas de fouille, il me fait confiance. Nous sortons de l’autre côté.

Je demande :

— Pourquoi faire une fouille en sortant ?

— Ils ont peur que des patients volent des remèdes. La fouille est souvent plus sévère en sortant qu’en entrant.

Nous arrivons devant le bureau du professeur, Julie frappe et nous entrons. Il se lève et vient me saluer :

— Bonjour M. K., bienvenue.

— Bonjour Monsieur le professeur.

Julie ressort.

— M. K., nous allons nous tutoyer, en tant que futurs confrères. Je m’appelle Jules.

— Enchanté.

— Tout s’est bien passé ce matin, je sais que ce n’est pas facile, c’est moi qui ai fait tous les essais.

— Vous ? Pardon, toi ?

— Il fallait bien un cobaye pour valider l’étude. Je me suis dévoué.

Je m’imagine alors le professeur sous les mains expertes de Julie, et je suis presque un peu jaloux.

— Nous avons un patient qui vient d’arriver, continue-t-il. Il passera tout d’abord vers Julie pour les mesures, prise de sang, électrocardiogramme, puis viendra vers nous. Je dois lui demander l’autorisation pour que tu restes, mais je te présenterai comme un étudiant qui a fini la première année. Tu n’as pas besoin de faire de commentaires.

— D’accord. Vient-il aussi pour la même étude que moi ?

— Non, il est trop vieux, 56 ans. Il vient faire une étude concernant un nouveau médicament contre les dysfonctions érectiles.

— Je pensais qu’il existait déjà des médicaments efficaces, les inhibiteurs de la phospho… quelque chose.

— Phosphodiestérase. Oui, mais il y a maintenant des génériques. Nous devons développer quelque chose de nouveau, le présenter comme bien meilleur même si ce n’est pas le cas, et le marketing fera le reste.

— Ce patient a-t-il ces troubles ?

— C’était une condition pour participer à l’étude, mais je n’ai aucune information à part son âge et son nom, Daniel F. Nous verrons bien tout à l’heure.

— J’aurais encore une question, un infirmier, son prénom est Éric, m’a proposé d’aller au sauna avec lui, afin de me surveiller parce que j’ai l’appareil. Qu’en penses-tu ?

— Tout le monde sait qu’il est gay, c’est un très bon infirmier. Ne te fais pas de souci. Il participera aussi à une partie de l’étude, mais je ne dois pas t’en dire plus pour le moment.

Julie frappe à la porte, l’ouvre et entre avec le patient. Elle pose le questionnaire médical sur le bureau du professeur et ressort. Nous nous levons pour saluer le nouveau venu. Il est assez grand et doit être en surpoids. Je suis frappé par ses cheveux roux.

— Bonjour M. F., je suis le Professeur Jules Y., directeur médical de la clinique.

— Bonjour Monsieur.

— J’ai avec moi un étudiant en médecine, M. K., qui a terminé sa première année et qui fait un stage chez nous pendant les vacances, êtes-vous d’accord qu’il assiste aux examens ?

— Bien sûr, je n’y vois pas d’inconvénient.

— Bien, prenez place à mon bureau.

Je m’assieds à côté du professeur, il avait préparé une chaise. Il commence à questionner M. F. :

— M. F., tout d’abord merci d’avoir pris contact avec nous. Vous savez que ces études cliniques sont capitales pour le développement de nouveaux médicaments.

— Je fais ceci dans l’intérêt de la médecine, pas pour l’argent.

— C’est tout à votre honneur. Vous avez choisi une étude concernant un médicament pour soigner les dysfonctions érectiles. Je dois vous poser quelques questions à ce sujet.

— Je m’y attendais.

— Souffrez-vous de cette maladie ?

— Oui, mais pas en permanence, certains jours cela fonctionne bien, d’autres moins bien et parfois pas du tout.

— Avez-vous déjà consulté un médecin ?

— Non.

— Avez-vous pris un médicament ou un aphrodisiaque ?

— Non, jamais.

— Bien, je vais consulter votre questionnaire. Je vois que vous avez un médicament contre l’hypertension, cela peut aussi provoquer ces dysfonctions.

— Il me semble que cela a commencé avant de prendre ce médicament.

— Je ne vois pas de contre-indication à l’essai clinique. Je vais vous examiner, je demanderai à Nicolas, l’étudiant, de refaire certains examens si cela ne vous dérange pas.

— Pas de problème.

— Je vous prie de vous déshabiller, vous pouvez garder votre sous-vêtement.

Moi, par contre, cela me dérange, ce n’était pas prévu. Comment vais-je faire ? Je n’ai jamais examiné personne. Le patient se déshabille, je remarque qu’il peut garder son boxer alors que moi j’ai dû me déshabiller entièrement dès le début. Il se couche sur la table d’examen à la demande du professeur qui l’ausculte ensuite. Soudain, Jules me passe le stéthoscope et me dit :

— À toi, tu me diras si tu entends quelque chose de suspect.

Je mets le stéthoscope dans les oreilles, presque en tremblant. C’est très impressionnant de se retrouver face à un homme presque nu et à devoir l’examiner, le palper. Je pose le stéthoscope sur la poitrine, un peu au hasard, en ayant l’air très concentré. Je suis évidemment incapable d’interpréter les sons, il me semble juste que le cœur bat trop fort. Je dis :

— Il me semble que tout est normal, peut-être le pouls est-il trop élevé ?

— Eh bien mesure-le.

Je prends le pouls au poignet en regardant ma montre, je sais au moins faire cela. J’arrête au bout de 30 secondes et je dis :

— 90 pulsations par minute. Je pense que c’est la nervosité.

— Oui, me confirme le patient, j’ai toujours trop lorsque je suis chez le médecin.

Le professeur reprend le stéthoscope et poursuit l’examen. Je dois encore tester les réflexes en tapant sur les genoux, je dois m’y reprendre à plusieurs fois jusqu’à ce je trouve le bon endroit. J’espère que le patient ne remarque pas ma maladresse. A la fin, le professeur s’assied sur une chaise, puis demande au patient de se mettre debout en face de lui et de baisser son boxer. Je suis derrière et je ne vois pas, mais je devine puisque j’ai eu droit au même traitement au mois de mars. Je suis content que la visite arrive bientôt au bout, mais le professeur me dit :

— Nicolas, pourrais-tu aussi examiner le sexe de M. F. ?

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dudu Il ya 10 ans