Vues: 394 Created: 2014.04.05 Mis à jour: 2014.04.05

Étude clinique

Chapitre 9

Épilogue

Au moment où se déroule la fin de ce récit, de nombreuses années se sont écoulées. J’ai terminé mes études de médecine, je me suis marié, j’ai une charmante épouse, 1,6 magnifiques enfants (non, j’ai arrondi à 2), une belle maison et une grosse voiture, tout pour être heureux.

Je suis de nouveau seul dans une chambre, mais cette fois c’est dans un palace 5 étoiles. J’assiste à un congrès médical, la seule raison est une conférence du professeur honoraire Jules Y. au sujet des études cliniques. J’espère le rencontrer et lui poser quelques questions, il m’a toujours semblé qu’il m’a caché quelque chose.

Après le dîner, le professeur, qui était assis à une autre table, se lève. Je me lève aussi et le salue :

— Bonsoir Monsieur le professeur, je suis le Dr. Nicolas K., j’ai beaucoup apprécié votre exposé.

— Bonsoir Nicolas, je ne suis pas encore tout à fait gâteux et je t’ai reconnu. Ravi de te revoir.

— Pourrais-je vous, pardon t’offrir un verre au Sky Bar ?

— Excellente idée, je ne connais plus personne à ces congrès. Je vais me laver les mains et je te rejoins.

Je monte directement au bar et je choisis la table la plus discrète. Jules arrive un quart d’heure plus tard. Nous nous mettons d’accord pour une bouteille de vin rouge. Je retrace le début de ma carrière et je lui parle de ma famille. Lorsqu’il a bu quelques verres, je pense que le moment est venu, je lui demande :

— Puis-je te poser quelques questions au sujet de la fameuse étude sur l’orgasme que j’ai faite dans ta clinique.

— Bien sûr, mais la clause de confidentialité est toujours valable et tu es soumis au secret médical.

— C’est juste pour satisfaire ma curiosité.

— Bien, que veux-tu savoir ?

— Pourquoi aucun médicament augmentant les sensations de l’orgasme n’a jamais été mis sur le marché ? Pourquoi l’étude sur la sexualité n’a pas été proposée l’année suivante comme c’était prévu ?

— C’est simple, ce médicament n’a jamais existé et tu as été le seul et unique participant à cette étude.

La réponse, pas inattendue, me surprend quand même.

— Mais pourquoi toute cette mise en scène ? demandé-je.

Le professeur se lance dans un long récit que je vais retranscrire en espérant ne pas trahir son discours.

Quelques mois avant ton séjour, j’ai été convoqué au siège central du groupe pharmaceutique. J’étais très inquiet, je pensais qu’on allait transférer les études dans un autre pays et que nous devrions licencier tout le personnel. Je n’ai pas pu dormir la nuit précédente. J’ai été conduit directement dans le bureau du CEO, M. I. Celui-ci m’attendait avec un autre homme qui devait avoir plus de 70 ans. Il me l’a présenté : M. X., propriétaire d’une importante entreprise. Même si cet homme est aujourd’hui décédé, je n’ose pas te dire son nom, mais il était une des dix personnes les plus riches de la planète. M. X. avait décidé d’offrir une grosse somme pour la recherche et le développement de nouveaux médicaments, plusieurs centaines de millions, il désirait garder l’anonymat. Il avait émis cependant un vœu, financer une étude sur la sexualité humaine. M. X. allait m’expliquer ce qu’il désirait et je serai chargé d’organiser cette étude dans ma clinique. Le CEO a appelé sa secrétaire et lui a demandé de conduire M. X. dans une salle de conférence. Je suis resté seul avec le CEO qui m’a dit :

— Vous comprenez que cet apport financier est très important. Je vous demande donc d’accéder à tous les désirs de M. X., même s’ils vous paraissent bizarres. Vous êtes déjà couvert par une commission d’éthique qui a pondu le rapport que voici.

— Bien, je comprends l’importance de ce don et je ferai au mieux.

— Nous avons pensé que l’infirmière Mlle T. pourrait vous aider, j’ai entendu dire que vous aviez de bonnes relations avec elle.

Ainsi il savait qu’elle était ma maîtresse à cette époque. Un moyen de pression discret, j’avais meilleur temps d’obéir. Il rajouta :

— Nous vous donnerons une indemnité spéciale, ainsi qu’à Mlle T., si tout se déroule conformément à nos attentes. Cette conversation n’a bien entendu jamais eu lieu. Je vous laisse aller discuter des détails techniques avec M. X. Au revoir M. le professeur.

— Au revoir M. I.

J’ai mis au point les détails de l’étude avec M. X. selon ses vœux, mais tu les connais déjà.

Le professeur arrête de raconter, il se verse un nouveau verre de vin. Quelque chose manque à son explication, je lui demande :

— Je pense qu’une copie des résultats a été transmise à M. X. Mais quel intérêt avait-il à lire ceci ?

— M. X. était un adepte du fétichisme médical. Il y a pris du plaisir, il s’est peut-être masturbé en y pensant.

— Oui, mais il y a certainement des malades qui écrivent ce genre d’histoires et les publient sur internet. Pourquoi faire cette étude dans une vraie clinique ?

— Je ne voulais pas te le révéler, j’ai changé d’idée, tu dois le savoir. M. X. était présent à la clinique pendant ton séjour. Il a même dormi dans une chambre spartiate alors qu’il aurait pu descendre dans le meilleur hôtel de la ville.

— C’était M. Olavson.

— Bien sûr.

— Et il a vu les vidéos ?

— Oui, cela faisait partie du « contrat ».

— Et il assistait aux séances lorsque j’avais les yeux bouchés par les lunettes ?

— Oui, c’est même toujours lui t’a massé le pénis et la prostate, ce n’était pas Julie. Intéressant, non ? Les deux fois où tu savais que c’était un homme, l’infirmier, tu n’as pas joui.

— Même la dernière fois ?

— La dernière fois, non M. Olavson a bien quitté la clinique le mardi. Le mercredi et le jeudi c'était l'infirmier, et le vendredi c'était vraiment Julie. Mais je ne sais pas, ah oui je comprends maintenant.

— Tu comprends quoi ?

— Il n'y pas eu d'enregistrement le vendredi, l'appareil était tombé en panne. Mais ne me dis rien, ça restera ton secret ce qu'il s'est passé la dernière fois, je ne veux pas le savoir.

— Mon secret et celui de Julie.

— Non, désolé de te l'apprendre, Julie est décédée quelques mois après ton séjour à la clinique.

Je suis abasourdi, je reste hébété. Jules me dit alors :

— Je commande une autre bouteille, buvons sans modération ce soir.

NDA Merci à ceux qui m’ont lu jusqu’au bout, merci pour tous vos commentaires et encouragements.

Comments

Woyzeck Il ya 10 ans  
dudu Il ya 10 ans