Jules
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Vues: 6258 Created: 2007.07.07 Mis à jour: 2007.07.07

Femme Pratique

Femme Pratique

Author: Jules

Comme notre père était plombier et notre mère éprise de propreté, il n'y a rien de surprenant à ce que nous ayons eu la première installation de douche du village. C'était dans les années cinquante, et à l'époque dans notre province reculée, il y avait encore des voisins qui faisaient leur toilette dans la cour, dans l'abreuvoir des vaches. (En usant le moins possible de savon pour ne pas souiller l'eau.) Il faut reconnaître que toutes les maisons n'avaient pas l'eau sur l'évier, certaines même pas l'eau courante...

Donc chez nous c'était le lux, mais le lux coûte cher, et l'eau chaude coûtait très cher. Nous n'avions droit qu'à une seule douche par semaine, Maman surveillait que l'eau ne coule pas en permanence, et que nous ne restions pas trop longtemps.

Pour Maman, la propreté, c'était la santé. La maison devait être propre, nous devions être propres, avoir des vêtements propres sur nous, c'était le meilleur moyen de repousser les microbes et les maladies... Et pour mieux les repousser, elle pensait que nous devions aussi être propres dedans... Donc elle usait largement des lavements pour assainir notre intérieur. Cette contrainte ne nous plaisait guère, ses lavements étaient toujours assez énergiques, et chaque fois nous nous faisions houspiller que nous ne les gardions pas assez longtemps pour qu'ils puissent agir en profondeur.

Notre mère se trouvait donc confrontée à deux problèmes. Elle devait trouver un moyen pour que nous restions un minimum de temps sous la douche, pour des raisons économiques, et par ailleurs, elle voulait que nous gardions nos lavements plus longtemps, pour des raisons sanitaires... En femme pratique, elle ne fut pas longue à trouver une solution commune à ce double problème...

Bien vite elle décréta qu'elle nous donnerait la poire à lavement juste avant d'entrer sous la douche. Ainsi plus question de traîner sous l'eau chaude, les coliques nous rappelaient promptement à l'ordre sans qu'elle ait besoin de s'énerver. Dans le même temps, nous devions serrer les fesses au moins le temps de la douche et de l'essuyage, c'est à dire un temps bien proche du quart d'heure réglementaire.

Quelque part, notre brave mère devait avoir raison. Nous avions la réputation dans notre famille de n'être jamais malade. Aussi ne soyez pas surpris que j'aie gardé ses principes. Si maintenant je prends une douche quotidienne, une fois par semaine je l'accompagne d'un bon lavement, et je suis toujours en pleine forme