Vues: 2965 Created: 2007.08.06 Mis à jour: 2007.08.06

Nostalgie

Nostalgie

Author: procyonlotor

Lorsque j'étais gamine, l'approche d'une composition à l'école nous rendait malade. Maladie diplomatique souvent, surtout s'il s'agissait d'une matière où nous étions faibles. Maladie aussi psychosomatique, dût à l'angoisse de ne pas savoir, qui se traduisait par des coliques, voir des nausées... Notre mère, femme efficace avait son ‘'juge de paix'' pour différencier la comédie de la maladie : le thermomètre médical

Lorsque nous poussions la démonstration suffisamment loin pour être exempté de classe, avant de prendre une décision, elle ne faisait subir l'épreuve du thermomètre... Pour avoir gain de cause, il convenait d'avoir plus de 37,7°ainsi l'honneur était sauf et la maladie reconnue. Faute de quoi, ou nous étions fraudeur, ou au mieux victime d'une crise de constipation. L'une ou l'autre hypothèse étant sanctionnées d'un lavement.

Aujourd'hui je me doute que rien qu'en nous touchant pour nous mettre le thermomètre elle se faisait une idée précise de la supercherie ou non, et quand elle venait relever le résultat, si elle estimait qu'il y avait tromperie, la grosse poire était prête et la sanction immédiatement appliquée. Le derrière étant déjà bien exposé et lubrifié, aucune chance d'y échapper. Moi je redoutais surtout l'introduction de la canule, petit morceau d'os tourné, bien trop pointu pour entrer sans douleur dans un anus contracté. Suivait la compression de la poire, durant la quelle il était impératif de demeurer très immobile. Elle était pressée en plusieurs fois, il fallait bien replier le caoutchouc pour extraire un maximum de liquide. Le lavement chatouillait en entrant et on sentait sa tiédeur se répandre dans le ventre. A la réflexion, à part l'introduction de la canule, ce n'était pas très désagréable, mais étant présenté comme une punition, il était de bon ton de pleurer abondement.

Une fois la poire retirée, le faux malade pouvait relever culotte ou pantalon sur un ventre gargouillant devenant rapidement douloureux sous l'action des coliques. Les borborygmes provoquaient bien sure l'hilarité de la fratrie, et il convenait d'attendre l'autorisation maternelle avant de courir vers les toilettes, ce qui parfois était assez long à venir.

Mais me direz-vous si notre mère faisait une erreur d'appréciation et préparait une poire non justifiée ? Dans ce cas là, elle en faisait usage sur elle-même, je ne sais pas si c'était une autopunition ou simplement pour ne pas gâcher.

Vers l'adolescence, ce genre de lavement disciplinaire disparu, mais les lavements purgatifs se développèrent, ils nous étaient maintenant administrés au bock, avec une forte canule en pyrex dont la pointe était renflée comme une grosse olive. De fait, l'introduction se faisait sans douleur. Je n'ai jamais su comment notre mère repérait celui ou celle d'antre nous qui boudait les toilettes, mais personne n'échappait à ses bons soins. Il faut reconnaître qu'elle était sa meilleure cliente, elle attribuait le ralentissement de son transit au port du corset, elle consommait deux à trois grands lavements par semaines.

C'est à cette époque que j'ai commencé à tricher. Non plus pour échapper à ce traitement de choc, mais à simuler de grosses constipations pour recevoir de gros lavements. Tout en simulant un grand mécontentement de devoir être purgé. J'adorais sentir mon ventre vivre, bouillonner. J'avais peu à peu appris à contrôler mes coliques, le plus difficile étant de ne pas monter la jouissance que me procurait chaque lavement.