Vivou


Vues: 24492 Created: 2010.03.20 Mis à jour: 2010.03.20

Vivou et Caro

Le jour "J" avec Caro

Après quelques mois passés à faire connaissance par courrier interposé, Caro et moi avons décidé de nous rencontrer physiquement.

Nous avons vécu des moments si intenses en IRC, à rêver et parler de tout et de rien, à nous raconter notre vie quotidienne et nos fantasmes, que nous ne pouvons plus nous contenter d'une relation épistolaire.

Aussi, après avoir longuement hésité chacun de notre côté, nous en sommes arrivés en même temps à la conclusion qu'une rencontre est inévitable. Ce rendez-vous a été fixé à Orly, au café à côté de l'aéroport. C'est en effet un lieu cher à nos passions et proche des transports. Ce matin là, je me réveille en proie à une excitation folle. Je suis tellement sur mon petit nuage que je me cogne partout, je me coupe en me rasant et je manque d'oublier de fermer la porte en sortant.

J'applique quand même le plan que j'ai préparé dés que le rendez-vous a été fixé, à savoir qu'un rendez-vous avec Caro nécessite une préparation particulière. Je passe donc mon pantalon le plus large par dessus couches et culotte en plastique et prends sous le bras un pack de bouteilles d'eau.

Pendant la journée, je m'applique avec bien peu de succès à mon travail. Je me demande sans arrêt comment cette entrevue historique va se dérouler. Je passe en revue dans ma tête divers scénarios possibles en refusant toutefois d'imaginer que cela puisse mal se passer. Nous nous en sommes trop dit sur le Net pour être des étrangers l'un pour l'autre. Nos mois de conversation ont forgé entre nous une complicité que je n'ai partagé avec aucune femme auparavant. C'est pendant le trajet vers Orly que je réalise que la préparation que je pensais si judicieuse pour ce rendez-vous est en train de me jouer un tour. Comment aborder un personne pour la première fois avec l'esprit détendu quand on a une telle envie de faire pipi ? Je vous le dis : Impossible ! C'est dans un état de nervosité extrême que j'arrive donc en vue du café. Je jette un rapide coup d'oeil sur les personnes assises aux tables, ne reconnais pas Caro dont je connais le visage par ses photos.

Dur, dur, d'arriver le premier, mais dans un sens, je préfére le lui éviter. Je m'assois donc dans le fond de la salle dans un coin isolé de façon très pratique par de hautes banquettes. C'est la tête entre les mains, plongé dans mes réflexions qu'une voix suave me surprend.

- Bonjour, tu es en avance.

Je me lève tellement brusquement que je manque renverser la table. Elle est là, en face de moi. Qu'est ce que je dois avoir l'air bête, les yeux exorbités, la mâchoire pendante, pendant les quelques secondes que je mets à encaisser le choc. Bientôt, je me remets suffisamment pour bredouiller un rauque :

- Bonjour.

Et l'inviter du geste à s'asseoir. Hypnotisé, le mec !

Incapable de recoller les morceaux, de détacher ses yeux de ce regard pénétrant, si familier et si étrange à la fois. On reste comme ça pendant un temps fou, à se regarder simplement yeux dans les yeux. Pourtant, sur le moment, les seules bribes de pensée qui arrivent à se frayer un chemin jusqu'à mon esprit obscurci me disent : "Reprends-toi, tu as l'air d'une cloche, dis quelque chose". Et c'est là que je vois une rougeur monter sur ses joues, se répandre sur son visage. Elle me souffle très vite :

- Je vais faire pipi.

C'est juste ce qu'il fallait qu'elle dise pour que je me reprenne.

Je lui prends la main et lui glisse :

- Moi aussi, maintenant ?

- Oui, maintenant.

Et c'est main dans la main que nous partageons ce premier moment de complicité, laissant le flot se répandre en même temps qu'un doux bonheur irradie nos visages. Pendant ce temps, nous nous sourions, fiers de constater que nous ne nous sommes pas trompés l'un sur l'autre. Je crois que c'est à ce moment là que je réalise que ma vie a basculé, que plus rien ne sera comme avant. Elle me dit alors :

- C'est si bon d'être ici avec toi.

J'ai la gorge tellement nouée par la tendresse que ces mots révélent que je coasse :

- J'ose pas encore y croire.

Quelques instants après, je me reprends suffisamment pour resserrer ma main autour de la sienne et détacher suffisamment mes yeux des siens pour admirer son visage.

La peste soit des photos ! Eles sont incapables de retraduire le charme et la personnalité de son visage, de montrer l'innocence de ses traits fins et réguliers et la grâce de sa chevelure et de son port de tête. Je le lui dis. Je lui avoue ma gaucherie, mes angoisses quant au succès de notre entrevue, la pression que notre relation entretient chez moi depuis le début. Je lui confie tous les petits secrets du monde intérieur que j'ai bâti petit à petit pour elle et moi. Je lui avoue tous mes défauts, en vrac, soudain pressé de me livrer, de vider mon sac.

C'est alors qu'elle s'avançe lentement vers moi tout en me tirant doucement par la main que j'ai toujours dans la sienne.

J'entends ma voix faiblir, puis finalement se briser pendant qu'au ralenti, nous nous rapprochons l'un de l'autre. C'est à cinq centimètres de moi qu'elle s'arrête, me contemple quelques secondes avant de me souffler doucement :

- Tout ça, je le savais, gros bêta, c'est fini maintenant, embrasse-moi.

Flash, explosion dans ma tête au contact de ses lèvres de velours en même temps que mes vannes s'ouvrent une fois de plus.

Ensuite, c'est elle qui parle, me décrivant de sa voix chaude la lente transformation du simple intérêt du premier contact en affection, puis en attachement. Elle me dit dans des mots doux à l'oreille le soutien que j'ai été au début, puis le réel besoin que je suis devenu, transformant en doux enfer l'attente du prochain contact.

Nous nous levons ensemble, d'un même élan. C'est là que nous nous rendons compte que, l'un comme l'autre, nous avons sous-estimé les réserves nécessaires à notre épanchement. Nous sommes trempés de la taille aux pieds ! Bras tendus entre nous, nous nous regardons pour finalement exploser de rire, laissant ainsi échapper toute notre tension. Puis, nous nous serrons l'un contre l'autre pendant un temps infini, interrompus seulement quand nous titubons trop pour rester debout.