Jean-Yves, Gérard, dermatologues
Mes deux dernières visites en dermatologie m'ont profondément troublé, au point de me demander si des médecins ont le droit d'agir comme ils l'ont fait.
Premier dermatologue, Jean-Yves.
Sabrina n'exerçant plus dans le lieu où je suis allé la voir, je me suis tourné vers un autre praticien, et j'ai voulu un médecin homme. Peut-être ira-t-il plus loin, sera-t-il plus investigateur ?
Je consulte un site sur internet pour choisir un praticien qui ne fait pas de dépassements d'honoraires. Et joie ! j'en trouve un à quelques minutes de mon lieu de travail. J'appelle, je prends rendez-vous. La secrétaire me dit que le médecin est débordé, que la salle d'attente ne désemplit pas, mais elle parvient à me caser une après-midi vers 15 h.
Au risque de me répéter, c'est toujours pour la même raison que je consulte un dermatologue, suivant en cela les conseils de ma généraliste. Celui avec lequel j'ai rendez-vous, c'est le docteur Jean-Yves, et, lorsque j'arrive devant la porte de son cabinet qui est situé en rez-de-chaussée d'immeuble, c'est lui-même qui m'ouvre après m'être annoncé à l'interphone.
J'entre. Pas de secrétaire. Une salle d'attente immense mais... vide ! il n'y a personne. Deux cabinets donnent sur cette pièce : celui du dermato et celui d'une gynécologue, peut-être son épouse, car les deux médecins ont le même patronyme.
Malgré ces deux spécialités, il n'y a personne dans la salle d'attente à 15 h quand j'arrive. Je suis très surpris ! Bon, il y a peut-être un patient dans chaque cabinet, mais tout de même...
Je n'ai pas le temps d'aller plus loin ou de penser davantage que déjà la porte du dermatologue s'ouvre et le médecin m'invite à entrer. Il n'y avait donc personne en consultation, et mon rendez-vous a lieu avec un bon 1/4 d'heure d'avance, ce qui est rare. Il me tend la main, pour dire bonjour, mais sa main remonte le long de mon bras, et pour me faire entrer, il me prend par l'épaule, m'escorte en quelque sorte, jusqu'à son bureau. Il me suit et pour avancer encore plus, il me pousse en mettant ensuite sed deux mains sur mes épaules. Puis me prend la main pour me faire asseoir.... J'ai l'impression que ce docteur est très tactile.
Le cabinet du médecin est vaste. Son bureau fait face à la table d'examen, et la pièce dispose de grandes baies vitrées. Le médecin a affiché un écriteau stipulant que les vitres sont occultées et qu'on ne voit rien de l'extérieur. Mais quand on parle avec le médecin, on ne voit pas la table d'auscultation.
Je m'assieds face au médecin, et lui explique en détail ce qui m'arrive. Comme c'est un homme, j'entre dans les détails, lui précise des choses que je n'ai jamais mentionné chez les dermatos femmes par pudeur et timidité. Je lui ai dit, par exemple que pour éviter de me démanger en public, je portais des sous-vêtements amples, que je dormais souvent tout nu la nuit, etc... que j'ai changé de formes de sous-vêtements, de slips au boxer, du boxer au caleçon, puis retour au slip, sans gêne, sans honte, ce qui est rare chez moi. Bref, je lui ai tout dévoilé, tout dit.
Ce qui m'a surpris, c'est que le docteur J.Y n'est pas informatisé : il a noté mes commentaires sur un bristol lorsqu'il a ouvert et créé mon dossier. Il a mis pas écrit les raisons de ma visites : démangeaisons fréquentes et douloureuses entre les orteils, sur le scrotum, les plis de l'aine et les aisselles. Comme toujours, mêmes lésions aux mêmes endroits. Il m'a demandé si j'avais un courrier de ma généraliste, mais elle ne m'en a jamais fait, elle m'a souvent conseillé oralement d'aller consulter. Je n'ai donc aucun document à lui présenter. Le docteur prend quand-même soin d'indiquer sur le bristol les coordonnées de mon médecin-traitant déclaré. L'interrogatoire a duré 12 à 15 minutes.
Quand il a eu finit d'écrire, il m'ordonne de me déshabiller et de monter sur la table d'examen. Bien que j'ai un homme en face de moi, j'ai un peu peur de me dévêtir comme ça, même si c'est moi-même qui ait entrepris cette démarche... J'enlève tout, sauf le slip, et je m'allonge sur la table. Et pour aider à la visite, j'avais revêtu ce jour-là, exprès, un slip échancré, qui laissait apparaître de chaque côté, le scrotum et la zone pubienne, et qui arrivait un peu au-dessous de la ceinture. Il a revêtu des gants pour l'examen, ce qui m'a fait croire à une mise à nu durant l'examen. Sinon, pourquoi mettre des gants ?
Le cabinet est tellement clair que le médecin n'a pas besoin de s'aider avec l'ajout d'une lampe artificielle. Il m'examine à la lumière du jour en commençant par les orteils. Au hasard, sur le pied gauche, il écarte le gros orteil et passe au petit. Il ne les examine pas tous et dit :
- C'est bien ce que je pensai. Inutile d'aller plus loin.
Il fait de même avec le pied gauche, et fait la même réflexion. Sauf que pour le pied droit, il n'a fait qu'écarter le gros orteil et s'est arrêté là. Il ne regarde rien d'autre, alors que sur mes jambes fleurissent de nombreux furoncles qui, en disparaissant, laissent une trace visible. Mais cela n'attire pas le regard du médecin, qui se met tout près de ma tête, à ma droite, pour examiner mes aisselles. A sa demande, j'écarte le bras que je pose sur son épaule et passant sa main sur mes poils, il déclare que ce que j'ai entre les orteils, je l'ai aussi sous les aisselles, un petit champignon.
Il n'observe pas le côté gauche, et rejoint son bureau, s'y assied et me prie de descendre, son examen est terminé.
Je reste interloqué et lui dit :
- Docteur, vous ne n'avez pas examiné entre les jambes. C'est pourtant là que ça me démange et que ça me dérange le plus, comme je vous ai dit. Je me réveille la nuit pour me gratter.
Réponse du médecin :
- Désolé, monsieur. Je ne reviens pas en arrière. Je vous ai examiné de bas en haut, point barre. Rhabillez-vous.
- Mais, docteur, je vous l'ai signalé en rentrant, et vous l'avez noté sur mon dossier.
Le dermato campa sur sa position, me tourna le dos, et fit mine de ne rien savoir.
J'ai insisté, tenté de négocier... En vain. J'ai eu à cette réponse lapidaire :
- Si vous vouliez me montrer vos parties, vous auriez du vous mettre à poil dès le début.
J'ai bien entendu, il a dit " à poil ". Drôle de langage pour un médecin.
- Et là, je vous aurez examiné, finit-il par ajouter. Rhabillez-vous, j'ai d'autres patients qui m'attendent.
Je suis descendu de la table, écoeuré. Je suis revenu à la charge. Me plantant debout devant lui, je lui ait dit :
- Vous ne voulez vraiment pas que je vous montre ?
Un geste de sa main m'a fait comprendre que je devais en rester là.
Je me rhabille et il me rédige à la main une ordonnance illisible.
Puis il me dit :
- Vous avez une mutuelle ?
Suite à ma réponse positive, il m'annonce alors le tarif dépassant les honoraires affichés sur Internet. Je proteste. Il répond que c'est comme ça, et que si je n'ai pas les moyens, je n'ai qu'à aller dans un dispensaire.
Je sors du cabinet avec la sensation d'avoir été mal soigné, mais surtout humilié. La salle d'attente est aussi vide à mon départ qu'à mon arrivée, la gynéco, son épouse effectivement, ne travaillait pas aujourd'hui. Et lui, n'avait pas d'autres patients immédiatement après moi.
Je me résigne à appliquer le traitement qu'il m'a prescrit, mais celui-ci a été très agressif. Mes rougeurs, mes marques, mes boutons, mes lésions, ont augmentées de volume et sont plus douloureuses.
Je ne suis pas retourné le voir, comme il me l'avait demandé, suite à sa façon de recevoir les patients. Je me suis tourné vers Gérard, quelques semaines plus tard.
Second dermatologue, Gérard.
Mes lésions, avec l'été, étrangement, se sont apaisées. D'habitude, c'est le contraire. J'ai pensé que tout allait rentrer dans l'ordre. Puis il y a eu l'hospitalisation à ma demande (dont j'ai parlé sur ce site), les vacances, la rentrée des classes...
Réapparition des problèmes de peau avec la reprise de l'activité professionnelle. Pas question de retourner chez J.Y. Je cherche un autre dermatologue, sans dépassement d'honoraires, toujours, et j'en trouve un dans un autre quartier, mais accessible en transport en commun, à une demie-heure de mon lieu de travail.
Ce qui me surprend, c'est que sur Internet, les sites dédiés ne proposent un rendez-vous en dermatologie avec un délai d'attente de 5 à 6 semaines. Quand j'appelle le docteur Gérard, c'est d'abord, lui-même qui me répond. Je m'en rendrai compte quand je serai dans son cabinet, et, lui ayant fait part de mes disponibilités (souhaitant un rendez-vous entre 12 et 14 h), il me propose de venir la semaine prochaine à ce créneau horaire.
Pour respecter mon horaire, je me rends au cabinet un peu en avance, histoire de repérer les lieux, la configuration du quartier. Je sonne à l'interphone, et c'est encore le médecin qui me répond, m'indiquant de monter au 1er étage.
C'est le médecin en personne qui me reçoit, me fait entrer dans sa salle d'attente qu'il referme sur moi, me disant qu'il va me recevoir dans quelques minutes. Cette pièce n'est pas bien grande et peut recevoir 4 malades en même temps. Je suis tout seul à cette heure-là.
A travers la porte, j'entends le médecin raccompagner la patiente qu'il recevait dans son bureau, et, une fois la porte d'entrée fermée, il ouvre celle de la salle d'attente et vient me chercher.
J'entre dans son cabinet, vaste en angle sur deux rues, et surplombant un carrefour piétonnier. Le bureau du médecin est installé dans une alcôve et, derrière un pan de mur, je peux apercevoir, dans une autre pièce, un bout de la table d'examen, une lampe et d'autres objets médicaux.
Le docteur Gérard semble avoir 55/60 ans, un peu comme moi. Mais si moi j'ai encore les cheveux noirs, les siens sont blancs. Il porte une blouse blanche et me demande de lui raconter ce qui m'amène chez lui.
Je lui explique, avec moult détails, n'omettant rien, comme avec le docteur J.Y. Je vais même jusqu'à lui dire que j'ai du mal à me raser le matin, que je ne peux pas non plus me laisser pousser la barbe sous peine de démangeaisons insupportables...
Comme le précédent dermato, le docteur Gérard n'est pas informatisé et il note tout sur un dossier médical qu'il ouvre à mon nom, me demande les coordonnées de ma généraliste et un courrier de recommandation, que je n'ai pas.
Il me dit sur un ton olympien :
- Si je ne sais pas ce que vous a prescrit votre généraliste, comment voulez-vous que j'oriente mon diagnostic ?
Puis, prenant son carnet d'ordonnance, il ajoute :
- Déjà, je vais vous prescrire des produits, qui ne sont pas remboursables. Tâchez de vous les procurer là où c'est le moins cher.
Et, baissant la tête, il écrit sur une ordonnance ce qu'il convient que je prenne pour enrayer les problèmes de rasage, de douche, de démangeaisons et me remet ce document.
Il se redresse et il m'explique ce qu'il a fait, et comment je dois appliquer les produits.
Puis il dit :
- Pour le reste, je vais vous faire une autre ordonnance, remboursée celle-là...
Et le voilà qui rédige une deuxième ordonnance, qu'il me donne aussi, me la commente et me l'explique.
Il me demande de régler la consultation, ce à quoi je réponds :
- C'est tout ? Vous ne m'examinez pas ?
- Non, c'est bon. J'ai vois très bien ce que vous avez.
- Vous ne voulez pas que je vous montre, docteur ?
- Inutile. Je n'ai pas le temps, monsieur.
Le temps de lui faire le chèque, sans dépassement, heureusement, il se lève de son fauteuil et me montre le chemin de la sortie.
De rage, de colère, je déchire les ordonnances qu'il m'a données et je les jette dans une corbeille en bas de son cabinet.
Avec ses deux expériences, je me demande alors si un médecin a le droit d'agir comme ça... De se moquer de ses patients, en qui il ne voit qu'un moyen de gagner très bien sa vie...
C'est inadmissible. Un patient attend au moins une réponse, mais avec ces deux-là, rien. On en repart comme on est venu avec ses interrogations, ses questionnements...
Ont-ils agit de même avec les autres patients ?
Inutile de dire que je ne retournerai jamais chez ces deux praticiens, qui ont pourtant des titres ronflants des recommandations très riches et des cartes de visites bien étoffées...
Ce qui, parfois, ne veut rien dire.