La MPR est une discipline médicale à laquelle je me suis confrontée après mon opération sur la coiffe des rotateurs de l'épaule. Il s'agit d'un secteur où l'on pratique la Prévention et la Rééducation, MPR étant le sigle de ces techniques, avec le M pour médecine.
C'est la première fois (et la seule) à ce jour où j'ai utilisé sur lettre de ma généraliste, cette spécialité.
Après mon intervention, ma généraliste a tout fait pour que je puisse à nouveau me servir de mon bras presque à 100 % et pour que je reprenne mon travail (à ma demande). Et au moment où j'arrive à cette consultation, mon bras fonctionne à près de 80 %. Ce qui n'est pas si mal après ce genre d'intervention, dira mon kinésithérapeute.
Je me présente à l'hôpital où je dois rencontrer ce médecin, une femme connue pour ses écrits dans ce domaine. Je ne sais pas à quoi je m'attends, et je suis en milieu hospitalier.
Dans la salle d'attente, je vois sortir un patient sur un fauteuil roulant, poussé par une infirmière. Puis entre après lui, un homme qui se déplace avec des béquilles... Une troisième personne attend et elle s'aide d'une canne pour se déplacer. Ces trois consultations ont duré environ 20 minutes en moyenne chacune.
Moi, je n'ai rien de tout ça. Mon bras n'est plus en écharpe et manque encore un peu de mobilité, c'est tout.
Mon tour arrive. J'entre. Il y a là, deux personnes, le médecin, une femme, assistée d'une secrétaire, et derrière moi, une table d'examens plaquée contre le mur. La pièce n'est pas bien grande et il y règne une odeur de chlore, étant donné qu'une des portes du cabinet médical donne sur la piscine de balnéothérapie.
Je présente le courrier de ma généraliste (qui est connue dans cet hôpital) au médecin, qui, dès la lecture, se met en colère.
- Mais pourquoi vous a-t-elle envoyé ici, monsieur ? C'est du n'importe quoi. Je ne peux rien faire pour vous. Désolée.
Je n'ai rien demandé, je ne connaissais même pas l'existence de cette spécialité. Et, le médecin dicte à sa secrétaire un courrier bien tranché à l'adresse de ma généraliste.
S'ensuit un long moment de silence. Le médecin reprend le courrier, le relit et finit par dire :
- Bon, puisque vous êtes là et que vous avez attendu tout ce temps, je vais vous examiner.
Pendant que le médecin installe son matériel, c'est à la secrétaire que je fais face et réponds à toutes les questions qu'elle me pose. Puis je me lève, suivant en cela les consignes de la secrétaire, qui m'a demandé d'aller retrouver le médecin. Celle-ci, de sa place me commande de me mettre en sous-vêtements et de venir m'allonger sur la table.
Je me déshabille devant ces deux femmes, un peu gêné et refroidi par la remarque du médecin. Je tremble, comme si c'était moi le responsable de cet état de choses. Je monte sur la table, qui couine, et le médecin (que j'appellerai Joëlle) essaie de me calmer et de faire cesser mes tremblements, sans quoi, dit-elle, elle ne pourra mener à bien son examen.
Je souffle, je respire fort et je parviens à me calmer. Joëlle prend mes membres supérieurs et au vu des mouvements qu'elle me fait faire, indique des chiffres en degrés, en centimètres à la secrétaire, qui ne bouge pas de sa place et qui note tout ce que Joëlle lui dit. Même chose avec le bras droit : elle me le fait lever, mettre à angle droit, plier à tant ou tant de degrés... Elle constate qu'il y a un léger écart entre l'un et l'autre, dû à l'intervention, sans doute.
Joëlle me commande de retirer le maillot de corps, ce que je fais en me redressant. Elle arrête mon geste et mesure là encore l'angle que je forme. Je descends de la table, et pareillement, elle me fait décrire des angles, des arcs, qu'elle mesure et dont elle donne l'écart à la secrétaire.
Je me rallonge, et le docteur Joëlle passe aux jambes. Examinées l'une après l'autre, et à l'instar des bras, elle les plie, déplie, replie, leur fait dessiner encore une fois un angle. Et à chaque mouvement, elle dicte un chiffre à la secrétaire.
Evidemment, je ne peux que subir : je ne comprends absolument rien à ce qui se dit entre les deux femmes. Et puis, la remarque de Joëlle à mon arrivée m'a profondément ému, décontenancé et désarçonné... Je n'aime pas qu'on dise du mal de MA généraliste.
S'adressant à la secrétaire (environ 10 mètres séparent les deux femmes), elle dit :
- C'est bon ? Vous avez tous les chiffres ? Souhaitez-vous que je revienne sur l'une des données ?
- Non, fait la secrétaire. C'est bon pour moi. J'ai tout ce qu'il faut.
- Bien, je poursuis, dit alors Joëlle.
Me donnant le dos, elle me fait face quelques secondes plus tard en train d'enfiler des gants, et me dit :
- Je vais vous demander de retirer votre slip, monsieur. Je vais contrôler votre sexe et vous faire un toucher rectal.
Là, je ne m'y attendais pas du tout. J'ai mis 3 ou 4 secondes avant de réagir, secondes qui m'ont paru extrêmement longue. Je me suis posé la question : que vient faire un examen du sexe dans une consultation de mobilité de l'épaule ? J'étais abasourdi et je me suis vu retirer lentement mon slip, et me présenter complètement nu devant le docteur Joëlle. Je n'avais plus rien sur moi. Et, est-ce sous le coup de l'émotion ou d'autre chose, avant même que le médecin ne m'examine, j'ai eu une petite éjaculation.
Cela n'a pas arrêté le docteur Joëlle qui, après m'avoir donné du papier pour m'essuyer, a poursuivi son examen. Elle a effectivement observé la mobilité de mon sexe, le tournant vers le haut et le bas, la droite et la gauche. Puis, écartant les jambes pour lui " faciliter l'examen ", elle a pratiqué un toucher rectal, tout en dictant encore à la secrétaire, une série de chiffres, pour moi, incompréhensibles.
Le docteur Joëlle est allé rejoindre sa secrétaire, en fin d'examen, me priant de me rhabiller et de venir près d'elles ensuite. Elle m'a dit que tout allait bien, que ma mobilité n'avait rien de méchant et que tout allait rentrer dans l'ordre progressivement. Elle a de plus corrigé la teneur du courrier à l'intention de ma généraliste, rendant le texte plus soft.
Elle m'a dit que je n'avais pas besoin de balnéothérapie, du moins au niveau médical, mais que je pouvais aller en piscine, que cela ne me ferait que du bien pour retrouver ma mobilité.
Quelques jours plus tard, j'en ai parlé à ma généraliste, lui racontant en détail l'examen que j'ai subi. Elle le savait, évidemment, mais pour ne pas m'incommoder ou m'effaroucher, elle ne m'a rien dit.
J'ai gardé longtemps sur moi, comme l'empreinte du doigté et de la douceur des mains du docteur Joëlle que je n'ai jamais revu depuis.