Dans les années 1970, pendant mes années d 'étudiant, le bureau des élèves de mon école eut l'idée d'organiser un voyage en URSS dont le principal intéret devait être de nous faire prendre le mythique "Transsibérien". Vivement intéressé par ce qui se passait de l'autre coté du "rideau de fer" et encore marqué par mes lectures de Michel Strogoff, je m'inscrivis pour ce voyage. Comme mes camarades, je fus décu lorsque l'on nous informa que le "Transsibérien" ne serait finalement pas accessible aux étrangers cette année-là et que les transferts entre les différentes villes se feraient en avion. Spoutnik, l'agence de tourisme soviétique pour les étudiants, nous assura que cette modification permettrait de renforcer le programme des visites des villes et nous remboursa même quelques centaines de francs en compensation.
Une guide était assignée à notre groupe d'une trentaine d'étudiants. Nathalie (ça ne s'invente pas) nous accueillit à l'aéroport et tous les garçons du groupe eurent un choc. Grande, blonde avec des cheveux longs, un visage ovale parfait souligné par de légères pommettes, des yeux bleus où l'on aurait voulu se noyer, mince sans être maigre, des jambes superbes mises en valeur par sa minijupe, une poitrîne généreuse moulée par un T-shirt d'université américaine, Nathalie représentait l'archétype de la beauté slave. Elle parlait français à la perfection et nous découvrimes au fil des jours l'étendue de sa culture encyclopédique, elle avait lu plus de livres français que tous les étudiants du groupe réunis. Elle était par ailleurs passionnée de cinéma, à condition qu'il ne fût pas soviétique. Elle se montrait en effet passablement critique du régime politique. Elle nous disait que, sous Brejnev, le peuple russe avait cessé d'avoir peur et qu'il se réveillerait prochainement.
Bref, Nathalie devint très vite l'attraction principale de ce voyage et eut contamment une cour d'une dizaine d'entre nous à ses pieds.
Le lendemain de notre arrivée, après un tour de ville de Moscou, débutait notre périple aérien. Arrivés à l'aéroport, on nous annonça que l'avion avait trois heures de retard que nous devions passer dans le hall d'embarquement. C'est là que le jeu d'échecs intervient. Nathalie sortit de son sac un petit jeu d'échecs magnétique et demanda si l'un de nous voulait faire une partie avec elle . L'un d'entre nous, le président du club d'échecs de note école, accepta la proposition. Un cercle se forma autour des deux joueurs, notre camarade se fit battre à plate-couture en quelques minutes. Un autre lui succèda, qui n'eut pas plus de chance, puis un autre. Ma timidité et la peur du ridicule m'empéchêrent ce soir là de relever le défi de la jeune fille. Nathalie était manifestement une joueuse hors pair. Après qu'elle eu remporté une dizaine de parties contre cinq ou six d'entre nous, Nathalie nous dit avec un grand sourire: "je trouve que vous n'êtes pas trés forts, Messieurs les petits Français! Vous jouez plus mal que mon petit frère..." Elle sembla hésiter un instant, eu un sourire ambigu sur son visage, puis poursuivit: "Comme nous allons avoir pas mal d'occasion de faire des parties d'échecs pendant ce voyage, je vous propose un petit jeu pour stimuler votre ardeur, je vous promets que je couche avec celui qui me battra d'ici notre retour à Moscou dans dix jours". Immédatement après cette offre de Nathalie, nous fumes invités à monter dans l'avion pour notre première étape, Novosibirsk.
Tous les joueurs d'échecs de notre groupe se prîrent au jeu; Pendant la durée de ce circuit, nous eumes en effet l'occasion de disputer au moins une centaine de parties avec Nathalie, sans jamais gagner bien sûr. Et de plus, sans mettre en cause la qualité de son jeu, il faut reconnaitre qu'il était parfois difficile de se concentrer sur les petites pièces du jeu quand on avait à quelques centimétres devant soi les seins et les cuisses de la jeune fille Pour ma part, je fréquentais irrégulièrement le club d'échecs et ne me considérais pas comme un très bon joueur. J'ai joué une dizaine de parties avec Nathalie et ai toujours été lamentable. Je me souviens en particulier d'un vol entre Novosibirsk et Irkoutsk où Nathalie m'a invité à m'assoir à coté d'elle. Je crus un moment "avoir une chance" avec elle, d'autant qu'au décollage, elle pris ma main dans la sienne en me disant: "J'ai toujours peur dans nos avions soviétiques, serre moi la main".Sa main était chaude et douce. Ensuite, elle me proposa de jouer et eut le temps de me battre quatre fois pendant les trois heures du vol.
Finalement, nous rentrâmes à Moscou dix jours plus tard, sans que personne ne soit parvenu à battre Nathalie. Il y eu une sorte de soirée à l'hotel avec force vodkas et slows occidentaux vieux de quelques années. Moi qui dansais très mal, je me souviens d'avoir osé un slow avec Nathalie, qui portait une superbe robe, longue cette fois, sur "l'été indien". Quelques minutes plus tard, elle vint me trouver avec son échiquier et me dit: avec un large sourire: "tiens, je t'offre une dernière chance". J'eu alors un fol espoir, je me dis qu'elle allait peut-être me laisser gagner. Mais non, elle m'infligea une nouvelle défaite et m'abandonna à mon triste sort. Quelques minutes plus tard, j'eu la surprise de voir Nathalie quitter la salle où nous étions, en tenant par la main Philippe, un de mes camarades qui ne jouait même pas aux échecs. Je me sentis trahi et j'entrepris de me saouler , ce qui dût réussir puisque je me souviens pas comment je me suis couché ce soir là.
Le lendemain, journée libre à Moscou avant le retour à Paris. Devant le buffet du petit déjeuner, je me retrouvai face à Philippe, qui me dit: "tu sais, ta copine qui joue aux échecs, au lit, elle est pas terrible..." Je dûs me retenir de lui mettre mon poing dans la figure. Après le petit déjeuner, quelques uns d'entre nous eurent l'idée d'aller voir le mausolée de Lénine.
Comme nous étions un groupe d'étudiants, nous n'avions pas droit au circuit VIP réservée aux touristes occidentaux et nous dûmes faire la queue comme les citoyens soviétiques ordinaires . M'estimant toujours trahi par Nathalie, mais choqué par les propos de Philippe à son égard, je n'avais vraiment pas le moral, quand je me suis apperçu qu'il commençait à pleuvoir. Je n'avais pas de parapluie et me laissais tremper sans m'en soucier le moins du monde. Soudain, je réalisais que je sentais plus la pluie sur moi et que ma voisine dans la queue me protégeait de son parapluie. C'était une jeune femme qui n'avait rien à voir avec Nathalie. Elle était petite, les cheveux bruns courts, elle portait un ensemble en jean, sa poitrine semblait minuscule. Son visage était fin, mais ses yeux étaient foncés. A l'opposé de mon type de femme. Je la remerciai avec mon peu de russe. Elle enchaina en anglais pour me demander d'où je venais, puis la conversation s'engagea. Elle n'était pas russe, mais allemande, ... de l'Est. Pendant l'heure de queue que nous fimes ensemble, je découvris peu à peu la seule communiste convaincue que j'ai rencontrée au cours de mes voyages dans les pays de l'Est. Nous commençames une discussion sur nos systèmes politiques respectifs, tout en parlant un peu de nos expériences personnelles. Elle enseignait l'anglais dans un lycée dans une petite ville de RDA et était en vacances à Moscou chez une amie. Après être passés devant le corps embaumé de Lénine, Ulrike me proposa de poursuivre notre conversation au restaurant, ce que j'acceptais. Nous ne nous sommes plus quittés jusqu'à plus de minuit. Cette expérience de discussion politique, assortie d'un flirt de plus en plus poussé, dont elle prit l'initiative, est restée dans ma mémoire. Nous avons fait l'amour plusieurs fois dans l'appart de son amie, absente, mais je pensais tout le temps à Nathalie. Ulrike m'avoua qu'on lui avait souvent dit qu'elle avait un corps de petit garçon. En effet, elle n'avait quasiment pas de seins, mais de jolies petites fesses bien rebondies. La jeune Est-Allemande avait du tempérament et de l'expérience ( plus que moi). C'est elle qui m'a proposé sans façon de la sodomiser. Ce qu'il y eu d'extraordinaire dans cet "échange", c'est que, tout en faisant l'amour dans des positions parfois invraisemblables, nous avons continué toute la soirée à débattre de grandes idées politiques et de la situation internationale. Nous nous quittâmes en nous promettant de nous écrire et, pourquoi pas de nous revoir à Moscou, Berlin ou ....Paris.
Rentré à l'hotel en taxi vers une heure du matin, j'eu du mal à me lever pour prendre le bus qui nous amena à l'aéroport à 5 heures. A la réception de l'hotel, au moment du départ, on me donna une enveloppe à mon nom. Je ne reconnus pas l'écriture de Nathalie et ouvris le pli dans le bus. Le message était court et explicite: "Rejoins moi, chambre 119 à 14h. Je t'aime. Nathalie" Je crus tomber dans les pommes. Le ciel me tombait sur la tête. Je maudissais Ulrike. Si j'étais rentré déjeuner à l'hotel après le mausolée de Lénine, c'est avec Nathalie que j'aurais passé la journée.
A l'aéroport, nous n'avions que quelques minutes avant de rejondre la salle d'embarquement. Soudain, je vis Nathalie en face de moi, l'air pas contente. C'etait presque une scène de ménage, ...avec une fille avec qui je n'avait rien fait en plus....
- Je t'ai attendu hier toute la journée. Tes copains m'ont dit que tu étais parti avec une Allemande, ... de l'Est, en plus (on aurait dit que cela aggravait mon cas). J'espère que tu t'es bien amusé.....
J'essayai de me justifier:
-Avant-hier soir, tu m'as bien envoyé promener, non
Elle était toujours fachée:
-Si tu l'a baisée en pensant à moi, alors c'est encore plus déguelasse...
Elle se mit à pleurer à chaudes larmes; Soudain, son visage s'adoucit et elle me dit de sa voix redevenue douce et chaude : "Je te demande pardon, tout est de ma faute, je t'aime, j'aurais tant voulu faire l'amour avec toi"
Elle se colla à moi et me donna le baiser le plus profond et le plus désespéré que j'ai jamais reçu. Il est resté dans ma mémoire. Nous restâmes collés l'un à l'autre et le reste du monde n'existait plus. Si hélas, il existait bien, la sécurité de l'aéroport nous trouva trop démonstratifs et nous sépara. On me poussa littéralement dans la zone sous douane où Nathalie n'avait pas accès.
Je laissais libre cours à mes larmes sur une banquette de la salle d'embarquement. Un de mes camarades vint me voir. Croyant me remonter le moral, il me dit:
- C'est pas la peine de te mettre dans un état pareil pour cette nana, même si je reconnais qu'elle est super bien foutue. En fait, c'est une sacré pute. Tu ne le sais pas, mais après s'être fait Philippe avant-hier soir, elle s'est fait Christian hier soir. Et tu sais quoi, tout ça parce que Christian l'a battue aux échecs.