Voilà ce qui est arrivé à l'un de mes meilleurs amis, vers le début des années 1980... Comme moi, Gérard était jeune étudiant frais émoulu, tout juste diplômé de l'enseignement supérieur. Mais voilà que la crise économique de cette époque, le changement de majorité présidentielle et tout un tas d'autres facteurs, ont transformé la vie de Gérard en un véritable cauchemar, quand il s'est agi de trouver un job. Ce qu'il m'a raconté, est digne de foi, moi-même ayant vécu des aventures quasi similaires.
Gérard a déposé des CV et a envoyé un peu partout, des candidatures spontannées. L'une d'elle a abouti, et Gérard a été convoqué un matin, dans une PME de prime importance, en proche province (je crois que c'était dans le Loiret...).
La qualification universitaire que lui et moi avons obtenu (BAC + 2 ou 3) nous permettait d'envisager une carrière d'encadrant ou de dirigeant. Gérard et moi, depuis pratiquement la seconde, avons suivi le même cursus scolaire. Sauf qu'après l'IUT, Gérard s'est éloigné géographiquement, pour mettre toutes les chances de son côté. Il était titulaire du permis de conduire (moi, pas encore) et était d'une mobilité absolue.
Malgré la distance, nous nous voyions souvent, et surtout, le téléphone entre nous fonctionnait parfaitement.
C'est donc Gérard qui m'a raconté, un jour où l'on a déjeuné ensemble, ce qui lui advint, suite à sa candidature.
Gérard est convoqué dans un grand immeuble du centre ville. En fait l'entreprise qui veut le recruter ne dispose là où est Gérard, que d'un étage dans cette tour. Tous les services administratifs y sont regroupés, et Gérard va occuper l'un de ses bureaux. Par contre, il faudra qu'il se déplace, vu qu'il possède le permis de conduire, pour visiter les autres sites de la société.
La personne qui reçoit Gérard est un monsieur de plus de 45 ans, le visage raviné et creusé (c'est comme cela que me le décrit Gérard). Il est vautré sur un fauteuil tournant et faisant entrer Gérard, le prie de s'assoire face à lui... Ce que Gérard fait en tremblant.
Puis le DRH le questionne sur plusieurs points de son CV, sur sa rémunétation souhaitée, la motivation qui l'a poussée à postuler, sur son expérience (oui, mais voilà : Gérard, débutant, n'en n'a pas...). Malgré tout, le DRH est enclin à embaucher Gérard : c'est un jeune, lui dira-t'il, pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Gérard commence lundi !
Le DRH s'est alors levé de sa chaise pour congédier Gérard et le raccompagner sur le seuil de la porte, quoi de plus normal. En saisissant la poignée de la porte, avant même de l'ouvrir, le DRH revient à sa place en déclarant :
- J'ai oublié de vous demander quelque chose : rasseyez-vous, je vous prie.
Le DRH s'installe un peu plus confortablement et rapprochant son visage de Gérard, tout en le fixant droit dans les yeux, lui dit :
- Vous allez diriger une équipe de 4 ou 5 personnes. Savez-vous exécuter un ordre, jeune homme ?
Gérard répond en balbutiant :
- Euh... oui ! Si je vois que c'est pour le bien de la société...
- Même si vous ne le comprenez pas dans l'immédiat, même si cela vous semble absurde ?
- Oui, oui, fit Gérard... J'essaie de savoir...
Il est interrompu par le DRH, qui lui dit :
- Eh bien, jeune homme, déshabillez-vous. Complètement. Ici même et tout de suite. Je vous attends..
Géard vit son rêve s'écrouler :
- Euh... Pardon... Je...
- Vous m'avez dit, il n'y a pas 5 minutes que vous saviez exécuter les ordres : eh bien, faites-le. J'attends. Mais je n'attendrais pas longtemps ?
Gérard a hésité quelques dizièmes de seconde. Il fut sortit de sa torpeur par l'appel du DRH.
- Alors jeune homme ? Avez-vous compris mon ordre ? Vous ne voulez pas ou vous ne pouvez pas ?
En se ressaisissant, Gérard commença à enlever sa veste. Il était près à tout pour avoir ce job. Puis, il défit le noeud de sa cravate (il s'était présenté à ce rendez-vous en costume-cravate) et ouvrit les boutons de sa chemise, qu'il retira et qu'il posa sur la chaise, face au DRH. Ce dernier, d'ailleurs, suivait la scène des yeux, impassible. Son front ne sourcillait pas, sa bouche de vibrait pas : aucune émotion ne se lisait sur son visage.
Gérard, imperturbable, continua son strip et ôta son maillot de corps. Puis, il ouvrit la boucle de sa ceinture, sa braguette aussi.
Dès qu'il fit mine de baisser son pantalon, le DRH l'arrêta à l'apparition de la partie supérieure de son slip :
- C'est bon, jeune homme. Arrêtez-là, s'il vous plait. Vous êtes la personne qui nous faut. Rhabillez vous, le test est réussi.
Gérard esquissa un sourire et se rhabilla très vite.
Cette fois, le DRH accompagna pour de bon Gérard sur le seuil de la porte, lui fit visiter les locaux et en particulier le bureau qu'il allait occuper, dans lequel se trouvait deux charmantes jeunes femmes, ses futures collègues.
Gérard est resté dans cette boîte plus de 10 ans. Son audace a payé.