L'histoire cocasse de l'une de mes premières aventures amoureuses...
Je devais avoir 19/20 ans, et j'étais follement amoureux d'une Nathalie, à peine plus jeune que moi...
A cette époque, et je le suis toujours un peu, j'étais un grand romantique, j'écrivais des poèmes à mes amies, j'étais réveur, un peu, beaucoup... On me l'a reproché, d'ailleurs à maintes reprises...
J'étais amoureux éperdu de Nathalie et elle attendait avec impatience que je lui montre cet amour que j'avais pour elle. J'avais tout prévu, un soir que ses parents se sont absentés et que j'allais la retrouver chez elle.
Comme elle révisait ses partiels avec des copines à la fac, elle m'a donné les clés de son appartement, m'assurant que j'avais carte blanche. Comme prévu, ses parents se sont absentés ce soir-là. Nous aurions donc toute la nuit pour nous ! Il me fallait seulement attendre 20 h ou 20 h 30, pour entrer chez Nathalie afin d'être sûr que les parents de Nathalie étaient bien partis.
Quant à Nathalie, elle m'a promis d'être de retour, quoiqu'il en soit, au plus tard à 21 h 15. J'avais donc une marge devant moi, pour tout préparer. Et pour me préparer, aussi !
Vers la fin de l'après-midi, Nathalie m'appelle (il n'y avait pas encore de portable) et m'apprend que ses parents vont partir plus tôt que prévu à la soirée dont ils étaient les invités (un gala suivi d'un congrès, qui les occuperaient jusqu'au matin). Elle me dit que je peux aller chez elle vers 19 h, et qu'il n'y a personne. Et même, si par hasard ses parents s'y trouvent encore, pas de problème. Les parents de Nathalie étaient libres penseurs et avaient élevé leur fille (unique enfant) dans cet esprit. Nathalie aussi, était assez libre dans sa tête...
Bref, je me rends vers 19 h 30 au domicile de Nathalie et il n'y a effectivement personne. Pour préparer la soirée, j'avais acheté toutes sortes de petits gadgets pour faire un bon effet. C'était la première nuit que j'allais passer avec Nathalie et je voulais mettre tous les atouts de mon côté.
J'ai d'abord pris une douche en utilisant des gels et autres produits aux bonnes odeurs et je me suis parfumé, comme il se doit dans une telle circonstance. J'étais tout de même stressé, je ne voulais pas râter mon effet... L'adrénaline montait, montait...
J'ai entrepris de mettre en scène, notre première relation.
Sur le portail (Nathalie vivait dans une villa et sa chambre se situait au premier étage), j'avais suspendu un écriteau, sur lequel j'avais inscris une phrase, du style " l'amour n'attend pas... Entre... Je suis là... ".
Une fois le portail passé, un autre écriteau sur la porte d'entrée, cette fois, qui disait : " alors, qu'est-ce que tu attends ? je suis là ", ce pannonceau étant accompagné d'une flèche qui pointait en direction de la poignée de la porte.
A l'intérieur, dès la porte ouverte, j'avais semé des pétales de roses, qui menaient jusqu'à la porte de la chambre de Nathalie. Ce chemin était lui aussi parsemé de flèches, de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Sur les unes, j'avais écrit : " l'amour, c'est par là..." et il fallait suivre, bien sûr la flèche qui indiquait une direction précise (toujours la chambre de Nathalie).
Sur d'autres flèches, il était porté ces mots : " Le septième ciel, c'est en haut " ; au pied de l'escalier menant à la chambre de Nathalie, ces mots : " Amour à 20 mètres ". Devant la porte de Nathalie, le dernier écriteau portait ces mots : " l'amour est derrière la porte : ouvre, ouvre vite...".
Je ne me rappelle plus exactement ce que j'avais écrit ni le nombre de messages, mais la teneur des textes est à peu celle que j'ai cité...
Le décor est planté. Maintenant, je me mets en condition, c'est-à-dire que je ne me rhabille pas après la douche. Je me sèche parfaitement, me parfume, etc... comme je l'ai dit plus haut, et j'attends Nathalie... à poil, lové dans son lit. Je surveille l'heure, qui ne tourne pas vite... Je mets un peu de musique douce, pour accentuer l'ambiance, et j'attends ma dulcinée qui m'a promis de venir me rejoindre vers 21 h 15, comme je l'ai dit plus haut.
Vers 21 h, j'entends des pas, très faiblement, dans le jardin. Comme la nuit commençait à tomber, je n'ai pas très bien vu de qui il s'agissait. Et de toutes les façons, pour que l'effet de surprise soit totale pour Nathalie, il ne fallait pas que je quitte ma position.
Les pas se rapprochent, et je sens une hésitation. Tiens, me dis-je, c'est Nathalie qui doit lire avec attention, les messages laissés sur les flèches ou les écritaux...
Les pas se rapprochent de plus en plus et ils sont derrière la porte, maintenant. Le stress se fait plus sentir, je transpire à grosses gouttes... Je vois le loquet tourné et, avant que la porte ne s'ouvre, je jette à bas la couverture qui me couvre, et je m'expose, entièrement nu au regard de Nathalie... Je crie :
- Nahalie, je t'aime ! quand la porte s'ouvre...
Mais... ce n'est pas Nathalie : c'est sa mère, qui, ayant oublié quelque chose d'important pour son congrès (qui ne se tenait pas si loin du domicile des parents de Nathalie) est revenue le chercher. Mais intriguée par le décor, elle a été jusqu'au bout des choses, voir de quoi il s'agissait tout ce ménage...
Qu'elle ne fut pas la surprise de la mère de Nahtalie (et la mienne) de retrouver un mec dans le lit de sa fille ! La mère de Nathalie n'a pas crié de peur, ou de frayeur : on aurait dit qu'elle s'attendait à ça ! Elle n'a pas du tout été surprise par ma présence, mais moi, si ! Ô combien !
Tout de suite, la honte m'est monté au front. Je me suis redressé pour saisir la couverture qui gisait par terre, pour m'en recouvrir. Je me suis confondu en excuses en lançant des pardon madame, je ne savais pas, j'attendais Nathalie...
La mère de Nathalie n'a pas bronché, n'a pas dit un mot. M'étant recouvert, elle s'est approché de moi et s'est assise sur le bord du lit sans sourciller, sans se formaliser... L'image que Nathalie m'a donné de ses parents était bien conforme à la réalité !
J'étais géné, ne savant plus où me mettre. Je me suis éloigné de la mère de Nathalie, allant me réfugier au fond du lit.
Elle me dit :
- J'aime connaitre les garçons que ma fille fréquente. Alors, dites-moi... Racontez-moi tout. N'ayez pas peur, je ne vais pas vous manger.
Et je me suis mis à tout lui expliquer, en balbutiant, en minaudant, ce qui a beaucoup amusé mon interlocutrice, qui en a pouffé de rire. Comme elle était pressée et qu'elle devait retourné à son gala, et, d'autre part, elle ne voulait pas que Nathalie surprenne sa mère, elle s'est empressée de quitter les lieux. Sans avoir fait une dernière chose : elle m'a rassuré, et, une fois rasséréné, elle a fait, elle-même, et d'un coup, retomber la couverture, en disant :
- Laissez-moi vous regarder. Et après, je m'en vais !
Je l'ai laissé faire, et, pendant une bonne trentaine de secondes, je fus entièrement offert à la vue de la mère de Nathalie. Je n'ai pas bougé d'un iota, tellement j'étais paralysé par la scène que je vivais.
Avant de me quitter, elle posa sa main gauche sur mon sexe en me disant :
- Faites attention, tout de même !
Ce qui m'a causé une petite érection.
- Profitez-en tant que ça marche encore, conclut la mère de Nathalie en se levant du bord de lit et en me quittant.
J'étais géné, je ne savais plus où me mettre. Dernière recommandation :
- Ne dites pas à Nathalie ce que je vous ai fait. Ni qu'on s'est vu, elle pourrait le prendre très mal.
Et quand Nathalie arriva, un bon quart d'heure plus tard, je ne lui ai rien dit. Mais la nuit d'amour n'a pas eu l'effet escompté, l'intrusion de sa mère a ralenti mes élans. Le souvenir, très vivace, et le passage, les paroles de la mère de Nathalie m'ont pronfondément troublé.
Cette nuit d'amour fut en partie râtée ! Je n'ai pas réussi à honorer convenablement ma partenaire, hélas !
Mes relations suivantes avec Nathalie ne furent pas au beau fixe.... Le souvenir et l'intervention inopinée de sa mère devénaient obsédantes et notre passion, tellement forte ne pouvait qu'aller en s'étiolant...
Et l'on rompit quelques mois plus tard !
Nathalie n'en n'a jamais su la véritable raison, je ne lui ai jamais rien dit. Mais du côté de sa mère, je ne le sais pas.
J'ai eu énormément de mal à me défaire de cette image obsessionnelle de la mère de Nathalie surgissant quand je ne m'y attendais point !
Je crois que c'est à partir du moment où nous nous sommes quittés, Nathalie et moi, que mon romantisme inné a pris du plomb dans l'aile...