Beaucoup de vos témoignages évoquent des souvenirs de prise de température pendant les années d'enfance.
Je me demandais si certains d'entre vous avaient aussi des souvenirs vécus en tant qu'adolescent ; s'agissait-il du même rituel? Est-ce que vos parents vous faisaient toujours utiliser le thermomètre rectal ou vous avaient-ils permis de passer au thermomètre buccal, voire auriculaire, ou même axiliaire? Si oui, vers quel âge a eu lieu cette "transition"?
En ce qui me concerne, mes parents n'ont jamais transigé à propos du "dogme" du thermomètre anal. Ils estimaient - à juste titre d'ailleurs - que c'était la façon la plus précise de prendre sa température. Les choses ont cependant changé à partir du collège je pense. Je n'étais pas très souvent malade et les séances thermomètre n'étaient finalement pas si fréquentes que cela, mais aussi rares qu'elles fussent, elles me mettaient hors de moi quand j'étais enfant. Alors que j'avais 11 ans, j'attrapai une petite grippe, bénigne mais assez sérieuse pour rester un ou deux jours à la maison. Le soir, à l'heure du repas, mon père me dit qu'il allait falloir que je prenne ma température, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plusieurs années. Nous étions sortis de table quand il s'approcha de moi avec le thermomètre à la main, et il me dit, l'air à la fois un peu embarrassé et surtout un peu interrogatif :"voilà, tu sais faire?" .Quelque chose avait donc changé puisqu'il estimait vraisemblablement que j'étais alors devenu assez grand pour mettre l'instrument en place moi-même. Son air embarrassé indiquait toutefois que la cible du thermomètre n'avait toujours pas changé. Furieux car blessé dans ma pudeur, je me dirigeai vers la salle de bain avec le thermomètre à la main mais comme j'étais seul, j'en profitai pour me le mettre sous la langue!
Je me souviens d'une autre fois - j'avais alors 15 ans - où le thermomètre ne manqua pas sa cible en revanche : je ne pus y échapper car mon père (à partir de l'adolescence, c'est mon père qui se mit à s'occuper de ces choses "délicates", avec moi comme avec mon frère) arriva dans la chambre avec le thermomètre (je devais alors avoir un rhume) sur lequel il avait appliqué une noix de lubrifiant. Ce détail était en réalité crucial car il anéantissait tout espoir d'avoir enfin affaire à un thermomètre buccal, d'autant que mon père crut bon d'ajouter - de façon certes un peu phatique : - "tiens, mets-le aux fesses!" - peut-être au cas où il puisse y avoir une ambiguïté. Bizarrement, j'acceptai cette intrusion sans faire de scandale .Pour ma part, je me rends compte que je me mis à accepter adolescent des choses que je n'acceptais pas enfant.