Cette chair défendue
Publié le 07/12/2014 à 06h00 par
THIERRY LéVêQUE
L’écrivain Diane Ducret brise le tabou du sexe et du plaisir féminin dans son livre « La Chair interdite ». Une histoire immémoriale de peur, d’ignorance et de désir
Diane Ducret : « Beaucoup de femmes voudraient que je sois féministe, mais je ne le suis pas ». © Photo
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY LéVêQUE « Sud Ouest Dimanche ». +
Pourquoi avoir traité ce sujet ? Diane Ducret. Dans « Femmes de dictateur », je parlais des hommes qui dictaient leurs désirs et leurs volontés, corps et âme, à leurs populations, mais aussi à leurs compagnes et leurs épouses. J'ai réalisé que lorsque Eva Braun était indisposée, Hitler l'envoyait à la pharmacie afin de prendre une médication pour passer son indisposition. Je me suis demandé si la grande énigme n'était pas celle-là, comment l'homme envisageait l'organe dont il tire son plaisir et sa naissance.
Votre livre parle d'une chair interdite mais surtout inconnue? C'est vrai. On pensait jusqu'à très récemment que la femme indisposée était poison, faisait tourner le lait, pourrir la viande, détruisait les récoltes. On ne découvre le clitoris qu'au XVIe siècle avec un certain Realdo Colombo. Les Grecs l'avaient déjà découvert en réalité, et l'appelaient « le serviteur qui invite les hôtes ». Je trouve ça très charmant. Mais ensuite le christianisme l'a complètement honni et on a perdu ce savoir. Ce qui est amusant, c'est que Realdo Colombo - qui écrit là-dessus - est un chirurgien appelé par le pape au Vatican.
On découvre aussi que l'excision a été longtemps pratiquée en...