Je crois que cette aversion répandue du lavement est à rapprocher simplement d'autres réticences tout aussi communes que révèlent les jeux de l'amour physique.
La zone anale, pourtant très richement innervée et sensible, associe deux rôles, tout comme l'endroit du méat urinaire, autant chez la femme que chez l'homme. Dans les deux cas, la fonction d'élimination se confond dans l'esprit de beaucoup avec la fonction érotique. Le pipi, certes moins agressif, incidemment, par accident même, ou volontairement ( pas mal d'hommes aiment contempler une femme faire pipi parce que c'est la vision d'un aspect de son intimité...) est plus facilement admis par chacun malgré sa proximité physique de la vulve et de la verge.
Mais pour l'anus, la confusion des deux rôles est le plus souvent naturelle, et seule une minorité , je crois, fait nettement une séparation entre l'érotisme et l'élimination, alors que seule cette séparation dans l'idée d'appréhender un corps permet de jouer des plaisirs pourtant bien réels de cette zone; c'est ce qui explique certainement que pas mal d'hommes n'aiment pas faire un annulingus à leur femme (...les pauvres !...je parle là autant de l'une que de l'autre ), ou qu'une minorité d'amants aiment la sodomie par pur plaisir. Certaines femmes ( à titre personnel, j'ai connu ça ) n'aiment pas qu'on touche, qu'on regarde, qu'on lèche leur cher, leur si cher ! petit trou ! Cet endroit des plus intimes est le lieu extrême de la pudeur, de la honte souvent, de la non reconnaissance des réactions qu'il provoque, tout ceci expliquant pourquoi le lavement est redouté, surtout quand il s'associe à des problèmes de santé ou de maladie.
Et pour les personnes qui aiment les jeux associés au lavement, là, la confusion s'inverse : plutôt qu'avoir à séparer les rôles, les fonctions, le plaisir vient d'avoir à désirer confondre ces deux rôles, à les mêler dans un plaisir commun, et à des degrés divers selon les plaisirs de chacun...
Je pense aussi que beaucoup de femmes souffrant de constipation, parmi celles qui se font, parfois, mais toujours en secret, des lavements, certaines se laissent aller à reconnaître, aux yeux d'un plaisir diffus apparu petit à petit qu'elles ressentent, qu'elles finissent par éprouver réellement, mais le plus souvent avec honte, un plaisir à se donner un lavement.
De là à en jouer librement et sincèrement, il y a un pas !...de là à l'avouer à un amant, il y a un grand pas !...et de là à trouver un amant complice !...
...c'est bien ce qui explique pourquoi nous sommes sur ce site, pour la plupart, à exposer nos difficultés dans nos recherches...
L'ai-je bien dit ?