Quatre petits récits de 200 mots chacun à ce sujet.
Citron
Un samedi avant Noël, Yanis, mon copain de volley, qui est apprenti pâtissier, m’aide à faire des biscuits de Noël, il a une recette avec du citron. Alors qu’il finit de mettre la pâte dans les moules, je m’absente quelques minutes pour répondre à un téléphone. Ma grand-mère aimerait savoir ce qu’elle doit m’offrir. Yanis me rejoint dans ma chambre.
— Tu voulais me montrer ton ordi.
C’est la dernière vidéo que j’ai regardée qui apparaît.
— Ça alors, dit Yanis, deux hommes !
— Euh, je suis tombé dessus par hasard.
— Menteur, j’aime bien voir les teubs, juste pour comparer.
— Bah, ce sont des acteurs, elles sont surdimensionnées.
Nous visionnons le film. Yanis exhibe sa bite.
— Regarde, elle est pas mal la mienne. Montre-moi la tienne.
Je bande aussi, elles sont comparables.
— Les biscuits ! s’exclame soudain Yanis, il faut les sortir du four.
Nous nous précipitons à la cuisine, ma mère a été plus rapide.
— C’est quoi ces biscuits en forme de pénis en érection ? demande-t-elle.
— Une plaisanterie, répond Yanis.
— Je pensais que les ados ne s’intéressaient qu’aux vulves.
— Je n’en ai jamais vu.
— Et des pénis ?
— Celui de votre fils… sous la douche après le volley, bien entendu.
Girofle
— Est-ce que Yanis pourrait fêter le réveillon avec nous ? Ses parents sont cheminots et ils travaillent.
— Certainement, Noël est une fête de partage et d’amitié.
— Merci, maman. Il fera un dessert : une tarte à l’orange et aux clous de girofle.
— Parfait, ses biscuits étaient excellents, surtout ceux en forme de zizi.
J’aide Yanis à préparer la tarte, et nous attendons à la cuisine qu’elle soit cuite.
La fête est très réussie. Tout le monde apprécie la tarte, et, en plus, Yanis offre des truffes au chocolat à toute la famille. Ma mère est très gênée car elle n’a pas prévu de cadeau pour lui, moi non plus, d’ailleurs.
Nous n’allons pas à la messe de minuit, personne ne croit plus à rien dans ma famille, et la soirée se prolonge. Vers une heure, ma mère dit à Yanis :
— Je te raccompagne chez toi.
— Excusez-moi, madame, je pense que vous avez trop bu. C’est plus prudent que je dorme avec votre fils.
— Comme tu voudras, son lit est étroit, il faudra vous serrer.
Nous nous retirons dans ma chambre.
— J’espère que je ne te dérange pas.
— Pas du tout.
— Sais-tu que le clou de girofle est un aphrodisiaque ?
Mousse
— Est-ce que Yanis pourrait fêter le réveillon avec nous ? Ses parents sont invités et il est seul.
— Ouais, on dit ça, je pense plutôt que tu es amoureux de lui.
— Euh, tu as deviné ?
— Il y avait beaucoup de mouchoirs avec du sperme séché dans ta poubelle à Noël. Bon, c’est d’accord.
— Merci, maman. Il fera un dessert : une mousse au chocolat avec quelques zestes d'orange.
— Parfait, il est très bon pâtissier.
J’aide Yanis à préparer la mousse, il en met un peu de côté dans une tasse.
La fête est très réussie. Tout le monde apprécie la mousse, et, en plus, Yanis offre des petits fours. Ma mère n’est pas gênée, elle a un cadeau pour lui.
— Merci, Madame.
— De rien, ne l’ouvre pas tout de suite.
Vers une heure, ma mère dit à Yanis :
— Je ne te raccompagne pas chez toi, tu sais où dormir.
Yanis passe à la cuisine chercher le reste de mousse et nous nous retirons dans ma chambre.
— Qu’est-ce qu’elle t’a donné ma mère ? demandé-je.
Yanis ouvre le paquet, ce sont des préservatifs et du lubrifiant. Nous rions.
— J’ai bien mérité de déguster une spécialité, dit-il, la bite au chocolat.
Aromates
— Est-ce que Yanis pourrait fêter l’Épiphanie avec nous ? Il…
— Ce n’est plus nécessaire de me demander chaque fois. Du moment qu’il nous prépare quelque chose à manger.
— Il aimerait faire une tarte provençale aux aromates.
J’aide Yanis à préparer la tarte. Il pétrit la pâte feuilletée lui-même, coupe les légumes et ajoute les aromates.
La fête est très réussie. Tout le monde apprécie la tarte, et, en plus, Yanis a apporté une galette des rois. Ma mère a renoncé à lui donner un cadeau chaque fois qu’il vient.
Après le repas, je sens des fourmillements à un endroit que la décence m’interdit de nommer. Il me semble que les autres membres de ma famille sont aussi mal à l’aise.
— Qu’as-tu mis dans ta tarte ? demande ma mère à Yanis.
— Juste quelques aromates : des clous de girofle, de la coriandre, du gingembre, de la noix de muscade, du safran, du thym de Provence, du piment de Cayenne, de la cannelle et de la sarriette.
— Je pense que je vais me retirer dans ma chambre avec Yanis, dis-je, sinon je crains le priapisme.
— Puis-je venir avec vous ? demande mon frère. J’ai bien peur que ce soit contagieux.