Si on interroge une multitude d'hommes pour leur demander d'expliquer et de décrire leurs orgasmes, il est certain que presque tous parleront de l'éjaculation et des pulsations qu'ils ressentent alors au niveau du plancher pelvien.
Mais est-ce là, véritablement, l'orgasme ? Pour se faire une opinion, il est utile de comparer avec l'orgasme féminin. Celui-ci peut être absent (femmes anorgasmique ou frigides) relativement discret (une simple sensation de plénitude) ou, à l'inverse, "explosif" (une agitation spasmodique des grands groupes musculaires du corps).
Interrogeons encore des hommes. Beaucoup diront qu'après l'éjaculation ils ressentent une grande fatigue et un impérieux besoin de dormir. D'autres parleront même de courbatures et de douleurs dans le dos. A l'inverse, les femmes ayant eu un orgasme très démonstratif se diront en pleine forme, comme "redynamisées", un peu comme l'athlète après une séance d'entraînement.
Faisons à présent un constat : chacun sait que l'orgasme n'a rien d'automatique chez la femme, certaines d'entre elles ne le découvrant qu'assez tardivement (après la trentaine ou la quarantaine). Or les hommes, eux, estiment n'avoir aucune difficulté à obtenir un orgasme du fait de leurs éjaculations.
La nature n'étant pas folle, on peut se demander pourquoi tant de différences entre hommes et femmes...
Mais faisons à présent d'autres constats...
En l'absence de relations sexuelles ou de masturbation, des hommes (surtout jeunes) ont ce qu'on désigne habituellement sous le vilain terme de "pollution nocturne" à savoir une éjaculation non désirée survenant automatiquement durant le sommeil. Si on interroge ceux à qui cela arrive, ils signalent que leur pénis n'était pas en érection à ce moment-là. Etrange, non un orgasme sans excitation de nature sexuelle ? Autre constat : en cas de mort brutale, obtenue souvent par section de la moele épinière, on constate qu'une éjaculation s'est produite. Et les spécialistes parlent là d'un acte réflexe voulu par la nature dans une tentative automatique désespérée de procréation. Encore une éjaculation qui peut difficilement être considérée comme un orgasme !
Autant de constats et de particularités qui conduisent à se poser la question qui suit : et si les hommes confondaient l'éjaculation, simple acte réflexe lié à la procréation, avec l'orgasme qui serait quant à lui lié à un processus de "redynamisation" de l'individu ? Ce qui, évidemment, sous-entendrait qu'une large proportion de la population masculine est anorgasmique ou relativement peu orgasmique.
J'imagine d'ici le grand nombre d'hommes haussant les épaules ou se récriant à cette idée. Et pourtant... Il faut savoir qu'il existe un certain nombre d'hommes qui peuvent éprouver un plaisir violent sans éjaculer. Ce plaisir se manifeste chez eux par des spasmes musculaires intenses qui touchent d'abord l'abdomen puis s'étendent au niveau des cuisses, des fesses, du dos et même des membres. Alors l'anus pulse et le pénis s'agite au même rythme. Faute de mieux, certains ont appelé cela des "orgasmes secs". Mais ne s'agit-il pas plus simplement du véritable orgasme ? Et ne peut-on concevoir alors que l'éjaculation et l'orgasme sont deux phénomènes complètement différents mais pouvant être associés ?
Tout comme les femmes qui peuvent enchainer les orgasmes, ceux des hommes qui ont acquis la maîtrise des "orgasmes secs" peuvent également les enchaîner, chacun devenant plus long et plus fort que le précédent. Au terme de plusieurs d'entre eux, les tensions musculaires disparaissent et l'individu se sent en pleine forme, ne ressentant aucun besoin de dormir, bien au contraire.
Ce qui précède engendre une autre question : pourquoi la nature a-t-elle fait en sorte que l'orgasme ne soit pas donné à tout le monde, automatiquement ? A cela il existe une réponse simple mais qui risque d'en stupéfier plus d'un : les mécanismes sexuels ne sont en aucun cas innés, ils doivent s'apprendre, progressivement, tout comme on apprend à marcher, à nager ou même à parler... Mais s'il n'existe aucun tabou dans l'apprentissage de ces fonctions, il en existe à propos de la sexualité. Et ce sont probablement ces tabous qui engendrent de mauvaises habitudes, lesquelles contrarient l'apparition et le développement de l'orgasme...
Je laisse à chacun le soin de réfléchir à ce qui est dit ici, fondé sur de nombreuses observations et ma propre expérience personnelle.