Soizig
Soizig 5 - Le Partage
Plus je les regardais, plus j'avais la désagréable sensation qu'il allait ce passer quelque chose, ne recevant plus de lettre de Soizig pendant mon périple outre-mer, j'avais déjà ressentis cela, mais comme je la trompais en allant voir les "Dames", si c'est tromper que d'aller se faire du bien en payant, je m'étais dis qu'après tout, elle avait aussi ses envies et désirs, que personne n'était de bois, qu'elle était libre de disposer de son corps comme elle voulait, nous ne nous étions rien jurés la dessus, on en avait parlés une fois, alors qu'en était-il advenu de sa vie de célibataire pendant mon absence, m'avait-elle trompée un peu, beaucoup, passionnément, avec mon pote Malo par exemple, avait-elle décidée de rompre avec moi, tombée éperdument amoureuse de mon meilleur copain, je n'écoutais plus ce qu'ils me disaient, seul un bourdonnement parvenait à mes oreilles, les questionnements avaient prit le pouvoir dans mon cerveau inquiet, à un moment, Malo se leva, ce qui me sortit de ma torpeur interrogative, " - Soizig a quelque chose à te dire… Je vous laisse parler…" me dit-il en partant faire un flip au bar, les choses se précisaient, mon cœur battait fort, je pressentais une grosse déception…
Soizig se tortillait les doigts en regardant son verre vide, tardant à me parler, j'avais chaud, très chaud, effet de la cheminée ou de l'angoisse, j'attendais que le couperet tombe, silence pesant et regards fuyants, on en étaient là, elle a relevée la tête, son visage était livide, le morceau devait être gros à lâcher, je ne disais rien, jouant avec ma clope dans le cendrier, elle s'est raclée la gorge pour essayer de se défaire, sans doute, d'une boule d'angoisse qui la gênait…
- Je vais te dire quelque chose… Mais jures-moi de ne pas te fâcher…? Et de m'écouter jusqu'au bout…? Me demande-t-elle en préambule…
- Hum… Ok… Vas-y… Lui dis-je en me raclant aussi la gorge, il fait soif depuis un moment, je recommande une tournée…
- Tu promets…?
- Ouiii… Je promets…
- Bon… Voila… Dit-elle en prenant son souffle…
- Tu sais comment tu es parti là-bas…? Pas un coup de téléphone…! Pas une lettre…! Je me suis retrouvée toute seul…! Je ne savais pas où tu étais…!
Je lui ai expliqué la précipitation de mon changement de bateau, le manque de temps pour téléphoner, pour écrire, le coup de fil aux parents pour qu'ils préviennent les copains, ce n'était pas de ma faute s'ils avaient mit du temps à le faire, que moi aussi j'angoissais de ne pas pouvoir lui donner de mes nouvelles, elle me regardait dans les yeux, essayant d'y déceler un mensonge ou d'y lire la vérité, les siens étaient embués, comme si elle revivait ce moment tragique…
- J'en ai chialée plusieurs jours…!!! Je t'en ai voulue à mort…!!! Me lança-t-elle sèchement, les yeux humides.
Je restais silencieux un moment, le serveur apportait des bières, je laissais baisser la tension nerveuse, elle vidait son sac, non sans raisons, mais j'avais mon mot à dire et des questions en suspend, une clope, une gorgée de houblon, je me sentais prêt pour la suite…
- Pourtant… je t'ai écris deux cartes de là-bas… Avec l'adresse du bateau… Tu n'as jamais répondue…
- Si je t'ai écris… Deux lettres… Tu n'en parles même pas dans tes cartes postales…
- Mais je n'ai jamais rien reçu de toi…! Je te le jure… Merde…! Ils ont dû les paumer… Je sais pas moi…! Je t'en ai voulus aussi…!
Un lourd silence s'installe, un ange passe, les ailes noircies d'amertume et de doutes, Soizig n'est pas une menteuse, je le sais, elle est franche, cela m'a toujours plut en elle, mais j'ai le sentiment que tout n'est pas encore dit, la distance ressentie entre nous au début commence à ressembler à un fossé qui se creuse peu à peu, j'aperçois Malo au bar, il jette de temps en temps, un coup d'œil rapide vers nous, il semble inquiet de voir la discussion dégénérer entre elle et moi, d'habitude, elle m'aurait prit les mains, elle est tactile, il lui faut le contact physique des mains, c'est un signe que le courant passe, mais là… rien…
- Tu vas m'en vouloir… me dit-elle.
- Pourquoi…?
- … Je… Je suis sortie avec Malo… M'avoue-t-elle d'une traite, les yeux baissés, comme une honteuse craignant ma réaction.
Même si je m'en doutais un peu, je reçois la révélation de sa tromperie avec mon pote comme une baigne dans la gueule, mon bide se noue d'une crispation douloureuse, est-ce parce qu'elle m'a trompée ou parce que c'est avec Malo, de plus, les images de mes tromperies outre-mer me remontent au cerveau, tout ce mélange, je l'ai fais, elle l'a fait, je me reproche, elle se reproche, je suis libre, elle est libre, je sais qu'un soir je lui ai dis qu'elle n'était pas ma propriété, comment maintenant gérer des sentiments contradictoires, l'amour, le besoin d'affection, le sexe, je ne sais quoi répondre, j'ai la tête lourde, comme un malaise, ça doit ce voir sur ma tronche, je finis mon verre cul sec et en commande un autre, me beurrer la gueule, c'est la seule chose qui me vient à l'esprit pendant cette perte d'équilibre mental, mais elle me prend les mains, le contact me surprend mais me fait reprendre pied…
- Ne flippe pas… Attends… J'ai une autre chose à te dire… Si tu veux m'écouter…? Me dit-elle.
- Vas-y…Au point où j'en suis…
- J'aime bien Malo… J'ai couchée avec lui… Mais c'est toi mon amour… J'étais seule… Et il est la personne la plus proche de toi… Avec lui… J'étais comme avec toi…
- Tu déconnes ou quoi…? Tu baise avec mon meilleur pote… Lui, me fait cocu… Et je devrai trouver cela romantique…!? Plein de bons sentiments…?
- Ne te fâche pas… S'il te plait… Ecoute-moi encore… me dit-elle d'une voix douce, essayant d'être apaisante.
- Hum… Quoi encore…?! Dis-je courroucé.
- C'est toi que j'aime… Mais je veux bien sortir avec vous deux… Si tu es d'accord…? Me dit-elle droit dans les yeux, sans rougir…
Là… je suis sur le cul une fois de plus, moi qui n'ai jamais imaginé faire cela, qui ai tout juste fantasmé là dessus pendant quelques lectures manuelles de polars érotiques, voila qu'une jeune femme, encore pucelle il y a même pas un an, me propose un truc à trois, sans aucune gêne et avec un copain en plus, j'en suis soufflé, estomaqué, boulversifié, elle me surprend par sa détermination, je l'ai quitté jeune fille il y a cinq mois, je la retrouve maintenant femme, assumant ses envies, ses désirs, ses choix, moi l'initiateur un peu imbu de lui-même, croyant détenir un pouvoir par sa braguette magique, je me sens un instant tout petit devant elle, je crois même que ma bite en rétrécie dans mon pantalon, je me lève, j'ai besoin d'air…
- Tu t'en vas…? Me demande-t-elle.
- J'ai besoin de réfléchir un moment…
- Je comprends… Mais reviens… On t'attend ici… Tu dois parler avec Malo aussi… Me dit-elle en me tenant la main… Quoi que tu décide… je veux être avec toi…
Je sors du troquet, l'air frais me file une claque mais pas suffisante pour calmer mon émoi, je pars marcher sans but dans les rues de la ville, mon cerveau bouillonne, ça tourne à tout berzingue dans ma caboche de jeune coq, Soizig, Malo, moi, un couple à trois, partager ma chérie avec un autre, la voir faire des choses à un autre, et l'autre me regarder lui en faire, tous à poil, elle, devant lui et moi, moi devant lui et elle, lui, bandant devant moi, moi avec la queue en l'air, si j'y arrive, je n'ai jamais vus une autre bite en érection que la mienne, à part dans les films de fesses, mais ce n'est pas pareil, l'acteur est loin, pas à côté de toi en train de se faire sucer ou de fourrer ta copine, et puis, qu'est-ce qu'elle va vouloir faire, quels fantasmes cache-t-elle, si elle nous demandais de faire des trucs entre mecs, je ne pourrai pas, je n'ai de fantasme bisexuel que celui de voir deux femmes ensemble, comme tous les mecs, je marche, je marche, je cogite, je cogite, par moments, l'idée de l'expérience m'attire, par d'autres, elle me terrorise, comment il baise les femmes Malo…? Nous n'en parlons jamais, il est prude et moi je suis timide sur le sujet avec les gars, moins devant les filles, il est peut-être mieux monté que moi, ou moi plus que lui, y a peut-être des choses qu'il ne fait pas, ou alors il aime des trucs dégueux que je ne ferai pas, inconsciemment, je me suis mis à visionner des scènes de sexe entre nous trois, ma verge a réagie en se durcissant, j'en ai donc envie alors…?
J'aime Soizig, Malo est mon meilleur pote, je ne veux rien perdre de tout cela, je retourne au bistrot, j'ai décidé de tenter l'expérience, le cœur battant, je les retrouve dans le box au fond de la salle, Malo se lève et me laisse la place à côté de Soize, il est gêné comme c'est pas possible, on dirai une pucelle du Léon (région de Bretagne où les filles sont réputées farouches), Soizig à l'air de maitriser son émotion malgré son regard interrogatif, tous les deux attendent ma réponse mais j'attends un mot de Malo, pas des excuses, non, mais un mot, une phrase, quelque chose qui finisse de me calmer et d'accepter, Soizig se lève et va au bar pour nous laisser régler nos comptes seuls, (J'en vois d'ici qui trépignent d'impatience… Merrrde… Mais c'est quand la partie de cul à trois…?)…
- Tu as les boulles contre moi…? Demande-t-il
- Oui…! Un peu quand même…! Lui dis-je sèchement… faut bien marquer le coup.
- Tu sais… On ne l'a fait que deux fois… Et puis on était bourrés…
- Ca ta plut de baiser ma copine…?
- On n'est pas allés jusqu'au bout… Trop bourrés je te dis… Et puis… Tu m'avais dis de m'occuper d'elle quand tu étais en mer…
- Pas à ce point là quand même…! Il y a une différence entre la sortir et la lui mettre…
- Elle se sentait trop seule… Elle picolait trop… Elle m'appelait par ton prénom… Moi je ne voulais pas… Elle m'a dit que tu étais d'accord…
- Mmmouai… c'est vrai… Mais sans croire qu'elle le ferait…
- ……… (Silence)
- Et pour…? Elle t'en a parlée…? Me demande-t-il rougissant.
- Heuuu…Oui… Dis-je en chauffant des joues.
- Alors…? Tu as décidé…? Moi je n'ai jamais fais ça… Si tu ne veux pas… Ce n'est pas un problème… C'est toi qu'elle aime, pas moi…
- Moi non plus… jamais fais… Mais si elle veut le faire… Je veux bien essayer… Avouais-je.
Soizig revient à ce moment là, elle nous demande si l'on est réconciliés… On lui dit que oui et commandons une tournée d'apéros…
- Et…? Hum… Vous êtes d'accord pour…? Avec moi…? Tous les deux…? Demande-t-elle un peu gênée en regardant son kir…
Malo et moi acquiesçons de la tête, avec un sourire aux coins des lèvres qui en dit long sur notre complicité, Soizig nous roule une pelle à chacun, même s'il prétend ne pas avoir été jusqu'au bout avec elle, je suis certain que Malo a dû apprécier ce qu'elle lui a fait, et comme je sais de quoi elle est capable dans ses moments d'excitations extrême, on ne peut que se douter tous les deux, que l'on va prendre un super pied à goutter à cette expérience en trio, nous finissons l'apéro et allons manger un morceau en ville, aucune allusion ou prévision sur le sexe n'est faite pendant le repas, à l'aventure, nous partons euphoriques vers une nuit, de découvertes très aventureuses, Soizig est chaude comme la braise, elle va de bouche en bouche et d'effleurements aux paquets sans aucune pudeur, elle enlève même sa culotte mouillée pour la poser au milieu de la table, provoquant un regard exorbité de la serveuse, Malo la met dans sa poche après l'avoir sentit et nous invite à aller chez lui, il n'y a pas le choix de toute façon, chez Soize comme chez moi, ce n'est pas possible, nous remontons à pieds vers notre quartier, en visitant quelques estaminets musicalement joyeux à la convivialité alcoolisée, nous en avons besoins, pour nous désinhiber totalement avant le grand saut dans l'inconnu…