Hospitalisation à ma demande
Partie 1
Je voudrais revenir sur un événement assez récent, puisqu'il remonte à juillet dernier.
Depuis quelques années, je ne m'entends plus avec mon épouse. Nous sommes au bord de la rupture ou de la séparation... Seul l'avenir nous le dira. Pour prendre un peu de recul, d'y voir plus clair, chercher une solution, ma généraliste, il y a deux ou 3 ans de cela, m'a proposé de faire un break et de partir me reposer quelque part.
Oui, mais où ? Je n'ai aucune raison d'être dans une maison de repos, je n'ai pas été opéré, je n'ai pas besoin de cure thermale... Ma généraliste a cherché, cherché pendant de longs mois une possibilité d'être hospitalisé... En vain.
Et moi, de mon côté, je la harcelais à chaque visite. Tout ce qui va suivre est arrivé par ma faute.
Est-ce par suite de ma pression qu'elle finit par m'envoyer dans une clinique privée en service psychiatrie en banlieue parisienne ?
J'ai été peut-être un peu trop loin...
En tout état de cause, lors d'une consultation fin mai dernier, elle rédige un courrier au directeur de cet établissement, précisant que j'ai besoin d'un peu de repos (3 à 4 semaines) pour cause de burn-out familial.
Le temps passe. Le dernier jeudi de juin, je reçois un appel de la gouvernante de la clinique, m'informant qu'on peut me recevoir dès demain, qu'il y a une place de disponible tout de suite. Sinon, ce sera après les vacances, voir en début 2018.
Comme la situation me parait urgente, j'accepte. J'avais averti auparavant mes supérieurs hiérarchiques de mes problèmes familiaux et ils savaient que je pouvais entrer en clinique d'un jour à l'autre. Ils n'ont donc pas été surpris de mon départ précipité.
J'avais préparé quelques affaires pour le jour où l'occasion se présentera. Ma généraliste m'a averti que j'entrais en secteur psychiatrique léger et que j'allais y rencontrer des gens qui souffrent des mêmes maux que moi. Je partais rassuré.
Je me présente à la clinique le vendredi matin à 10 h, comme recommandé par la gouvernante, Magali. Mais auparavant, un petit tour aux services administratifs pour les documents d'usage. La secrétaire qui s'occupe de tout cela fait appeler Gabriel, un grand gaillard d'1,95 au moins, baraqué et qui m'invite à le suivre dans une autre aile du bâtiment. Bien que ma valise ne soit pas lourde, il me la porte. Ce sont les consignes, me dira-t-il. Puis, franchissant une grille, il me dira qu'à compter de maintenant, je n'ai plus le droit de franchir cette limite, si ce n'est avec l'accompagnement d'un soignant.
Oh mon dieu ! Où suis-je ? Qu'ai-je fait de demander cela ?
Gabriel m'escorte jusqu'à une salle d'attente et me laisse là. Il entre dans le bureau d'une autre secrétaire, responsable de l'aile où je me trouve, lui murmure quelques mots et retourne où il est venu, me souhaitant la bienvenue dans l'établissement.
Cette secrétaire me fait entrer dans son bureau. Elle est jeune, jolie et très respectueuse. Aux murs, sont affichées quelques consignes, comme : je ne tutoie pas le personnel et les patients ; je ne les appelle pas par leurs prénoms...Quelques formalités supplémentaires plus tard, me revoilà dans la salle d'attente.
Cinq à six minutes plus tard, Claire et Sébastien viennent me chercher. Sébastien prend ma valise et je suis les deux soignants, qui me font monter au deuxième étage, dans un bureau infirmier (c'était inscrit sur la porte). Claire me fait asseoir sur un fauteuil bien enveloppant, et Sébastien s'affaire à brancher des appareils à un ordinateur. Claire referme la porte de ce petit cabinet à clef.
Claire prend ma tension, mon pouls et Sébastien enregistre les résultats sur l'ordinateur. Puis, elle me demande de me déshabiller pour la pesée, ce que je fais un peu en tremblant sous l'effet du stress. Sébastien tente de me calmer, mais je n'y arrive pas...
Bref, je monte sur la balance n'ayant gardé sur moi que mon slip et mes chaussettes. Claire annonce mon poids à Sébastien qui le note, ainsi que les mesures des tours de taille, de hanche... Puis, passage à la toise. Fin d'examen, je quitte avec Claire et Sébastien cette pièce. Comme l'heure du déjeuner est arrivée, ils me disent en prenant congé de moi, que je serai installé dans ma chambre dans l'après-midi.
Après déjeuner, ma foi très copieux, la gouvernante m'appelle au micro et me prie de la retrouver dans son bureau. Je m'y rends, et, je retrouve ma valise qui était déposée chez elle. Elle me demande de la suivre dans ma chambre où elle va m'installer. Je la suis jusqu'au 3ème étage où elle m'ouvre une chambre et me dit de ne rien déballer de ma valise. De son téléphone portable, elle annonce mon arrivée à deux collègues, qui entrent dans ma chambre sans avoir frappé à la porte.
Ici, dans ce service psychiatrie, rien ne ferme à clef : ni la porte des chambres, ni les armoires, ni les douches et toilettes ! Je m'en rendrais compte assez rapidement.
Se présentent à moi, Marion et Gwen : ils me souhaitent la bienvenue et la gouvernante se retire en refermant la porte derrière elle. Marion me dit :
- Vous êtes dans un service spécialisé et je suis contrainte de vérifier le contenu de votre valise. Ecartez-vous d'une dizaine de mètres, s'il vous plait.
Je me place entre le lit, sur lequel ma valise est déposée et la fenêtre de la chambre. Gwen se positionne dos à la porte, comme pour bloquer toute intrusion pour le moment.
J'ai cru être violé dans mon intimité, car Marion a tout sorti de ma valise, tout, tout, tout. Elle a regardé et examiné à fond tout ce qu'elle contenait. J'ai eu comme un sentiment d'humiliation quand je l'aie vu inspecté mes sous-vêtements, mes chaussettes... Une bouteille de jus de fruits m'a été confisquée, parce qu'elle était en verre, ainsi que des ciseaux de bureau. Je pensais faire des découpages et des collages pendant mon séjour, mais c'est interdit...
La fouille terminée, elle a tout remis en place, ce qui m'a fait plaisir. Mais j'aurais pu tout aussi bien les ranger dans le placard...
Puis elle dit en s'adressant à Gwen :
- A toi de jouer.
Gwen un beau jeune homme blond, plus grand que moi, s'approche de moi, et déclare :
- Désolé, monsieur, mais c'est la procédure à l'admission. Je dois vous fouiller.
Marion se positionne dos à la porte, la place qu'occupait Gwen.
Il s'approche de moi, et ferme le store de la fenêtre, allume la lumière et dit :
- Je vous en prie, monsieur. Déshabillez-vous.
Et en tremblant, je me défais de mes affaires que Gwen inspecte minutieusement. Marion observe de loin ce que fait Gwen.
Il dit : ce que vous avez sur vous n'a pas été examiné, monsieur. Je suis obligé de le faire maintenant.
Je me retrouve en sous-vêtements, mais Gwen me demande de retirer ce qui reste sur moi, sauf le slip.
Ouf ! Au moins c'est toujours ça de pris.
Presque nu, Gwen m'inspecte. Il me dit :
- Voilà, monsieur, ici, beaucoup de choses sont interdites, les objets en verre, en métal, les bouteilles, les flacons, les déodorants... C'est pourquoi nous devons tout contrôler, pour votre sécurité, comme pour la nôtre. Si vous avez un téléphone portable, nous allons vous le confisquer pendant 5 jours. Prévenez vos proches. Idem si vous avez un ordinateur. Pas de communication pendant 5 jours. C'est pour votre bien. Ce sont les consignes de la maison.
Puis s'approchant de moi, il me demanda :
- Vous permettez ?
Et sans attendre ma réponse, il me palpe de partout, de la tête aux pieds, minutieusement. Il passe aussi ses mains sur mes bourses par-dessus le slip... Puis fait la même chose côté dos, sauf qu'il abaisse le slip par derrière pour dévoiler une large partie des fesses... Il prendra soin de me le remonter et pour me signifier que c'est fini.
Marion se rapproche alors de nous et les deux me demandent de signer un document que je prends soin de lire, alors que je suis encore en slip. Je signe ce document, et les deux me laissent dans ma chambre où je me rhabille à l'abri des regards. Il y était stipulé que j'ai bien subi une fouille au corps sans dommage et sans abus, et que rien n'a été trouvé de compromettant pour la sécurité des résidents dans mes affaires.
Mais je commençais à me poser des questions sur le bien-fondé de mon séjour ici.
A peine rhabillé, on entre dans ma chambre, sans frapper encore une fois. J'ai eu du mal à m'habituer à cela et chaque personne qui entrait me faisait sursauter.
Se présente à moi l'aide soignante de l'étage, Béatrice. Elle m'explique son rôle, et ce en quoi je peux l'interpeller en cas de problèmes. Elle m'apprend que je dois rencontrer le médecin pour établir avec lui le protocole des soins, et qu'il me recevra en fin de journée.
Comme on était en juillet et qu'il faisait chaud, après avoir déballé mes affaires, j'entre dans la salle d'eau pour prendre une bonne douche et me calmer de mes émotions. Et là aussi, je constate qu'il n'y a pas de serrure à clef. Je peux fermer la porte, mais n'importe qui peut entrer... Il y a un vasistas dans cette salle d'eau, mais qui ne s'ouvre pas. Je me sens comme en prison, étouffé et je commence à regretter d'être venu ici et d'avoir tant insisté pour cette cure de repos.
J'entre dans la douche, spacieuse, bien aménagée... Tout est fait ici pour empêcher les suicides, je le comprends, mais tout de même... Qu'en est-il de l'intimité ?
Pendant que je me douchais, mon nom a été appelé par le haut-parleur de la clinique. Je n'ai pas entendu : aussi, ai-je été surpris de voir entrer dans la salle de bains alors que j'étais tout nu en train de me doucher, Marion qui venait me chercher pour me conduire au cabinet médical.
J'ai poussé un cri de stupeur, qui n'a pas ému Marion, s'excusant et m'attendant dans ma chambre. J'ai dû faire vite, y compris pour me sécher, pour rencontrer le médecin.
Guidé par Marion, elle me laisse dans la salle d'attente du cabinet du médecin, qui, en m'attendant, a reçu une autre patiente. Le médecin est une femme, peut-être du même âge que moi, cheveux blancs, mince, pas très grande. Elle me fait entrer, et avant même de commencer l'entretien, elle lit le courrier de ma généraliste à haute voix. Puis, elle finit par déclarer :
- Je ne comprends pas ce que vous faites ici, monsieur. J'ai du mal à suivre votre situation. Un burn-out familial, ça s'arrange en thérapie de couple. Je ne vois pas ce que je peux faire pour vous...
Un long silence s'ensuit, puis le médecin se lève se son bureau et commande :
- Déshabillez-vous, je vais vous examiner quand même.
Et pour la troisième fois en mois de 4 heures, me voilà exécuter un strip-tease. Sauf que cette fois, je ne tremble pas, on dirait que j'ai pris l'habitude...
Le médecin me fait passer un examen clinique plutôt rapide. Elle m'a fait mettre en slip, mais cela fut inutile. Elle n'a rien touché ou vu en-dessous de la ceinture. Elle a juste pris ma tension, écouté mon coeur et ma respiration. Je lui ai indiqué le traitement pour la tension que je prenais et la seule chose qu'elle ait prescrit comme soin ici, c'était qu'on me prenne la tension tous les matins au réveil, et le soir au coucher. Rhabillez-vous et bonne installation. J'ai refusé la prescription d'anxiolitique ou de calmant.
Je quitte le médecin et je remonte dans ma chambre.
Je m'ennuie. Il n'y a rien à faire : j'ai remis mon téléphone à la consigne après avoir averti mes proches que je serai injoignable durant 5 jours.
Et les jours s'écoulent, lentement... Et l'ennui aussi. Il y a bien un téléviseur, mais je n'en ai pas voulu. J'ai pris des livres avec moi, mais j'ai vite, tout lu. Et je n'avais plus rien à faire, sinon qu'à compter les heures qui défilent...
Mon dieu ! Qu'ai-je fait en venant ici ? Pourquoi ai-je tant insisté pour être là ?
L'heure du dîner arrive, tout aussi copieux que le déjeuner. Il est à peine 18 h 30 quand le dîner prend fin et la soirée est encore longue.
Je fais connaissance avec d'autres patients autour d'une tasse de café, délivrée par une machine. Mais le café est décaféiné ! Tout comme le thé ou les jus de fruits. Tout est fait au niveau alimentaire, pour éviter les colères, les excitations...
Je remonte dans ma chambre vers 19 h. Marion entre, sans frapper, accompagnée par un autre soignant (qui ne se présente pas) et me dit qu'elle va me faire passer un ECG.
Elle dit :
-Je vais vous faire un ECG. Enlevez ce qu'il faut, s'il vous plait.
Pour en avoir passé un la semaine d'avant mon admission ici, je m'allonge sur le lit et retire mon t-shirt. Je n'ai rien en-dessous, vu qu'il fait chaud en ce début juillet. Mais Marion dit :
- S'il vous plait, monsieur. Enlevez le bas aussi, à cause des boutons de votre jean et de la ceinture.
Et me revoilà en slip encore une fois en cette satanée journée !
L'examen terminé, je me décide à faire le tour du propriétaire, à visiter l'établissement, le parc et les jardins attenants. Et je lie connaissances avec des résidents qui sont là depuis 1 mois, 3 mois, 6 mois, voire un an... Je reste à bavarder avec mes nouveaux amis dans le parc, puis vers 22 h 30, je remonte dans ma chambre, épuisé de cette première journée.
Dans cet établissement, on n'a le droit non plus de rester en pyjama toute la journée. On doit être habillé correctement pour ne pas exciter les instincts des uns et des autres. Aussi, en plein été, personne ne doit revêtir son pyjama avant 22 h 30.
C'est l'heure à laquelle je rejoins ma chambre, mais je n'arrive pas à m'endormir tout de suite. Je mets en marche mon MP4 et j'attends que le sommeil m'emporte. C'est chose faite vers 23 h 10. Je revêts seulement maintenant mon pyjama quand... l'aide soignant de nuit entre, toujours sans frapper alors que je suis pratiquement déshabillé, je suis en slip. Il fait chaud et je n'ai pas de maillot de corps : un tee-shirt sur la peau, c'est tout. L'aide-soignant se présente, arrive jusqu'à moi, dit s'appeler Philippe et me souhaite la bienvenue et une bonne nuit.
Cette première nuit, mon sommeil a été particulièrement agité, me disant que que je n'aurais jamais dû formuler une telle demande à ma généraliste. Maintenant, impossible de la joindre pour qu'elle me fasse sortir d'ici...
A SUIVRE
Oui quelle drôle d'idée !