Hospitalisation à ma demande
Partie 3
Je me suis ennuyé à mourir toute la journée du samedi. Deux infirmières ou aides-soignantes ont eu la gentillesse de me conduire dans la salle d'activités (que je ne connaissais pas) et m'ont proposé de voir en leur compagnie un film. Ce que j'ai accepté. Evidemment, vu le lieu où je me trouvais, il ne pouvait s'agir que d'un film sans violence, sans scène érotique, etc...
Bof ! j'ai pu tuer le temps jusqu'au retour au compte-goutte des permissionnaires du samedi. Et là, j'ai pu remarqué que chaque arrivant, avant de regagner sa chambre, était conduit dans une pièce où il était fouillé. Heureusement que je ne suis pas sorti. Gérard qui s'était absenté de vendredi 20 h à samedi 11 h, est passé par la salle de fouille. Par curiosité, je lui ai demandé si cela ne le gênait pas. Et il m'a dit que depuis qu'il est ici (ça devait faire 3 mois), il a pris l'habitude et il fait avec. J'ai voulu qu'il me raconte comment se passe la fouille, et il m'a raconté en détail, vu que je ne risquais pas de passer par là avant un moment, et aussi, pour me prévenir et m'informer de ce qui pouvait m'attendre.
Voilà son récit :
- Tu entres, tu poses tes affaires sur une table et ce que tu as acheté à l'extérieur. Si tu es ici pour une addiction à l'alcool, ils te font souffler dans le ballon, comme les flics. Si c'est pour le canabis, ils te font une prise de sang. Puis tu te mets en slip et ils voient si tu n'as rien d'interdit sur toi. Les mecs sont palpés par un mec, et les meufs par une meuf. Comme ils sont dans le médical, ils peuvent aussi te mettre à poil et tu peux rien dire et rien faire. Moi ça m'est arrivé tellement de fois, que maintenant, je m'en fous. Mais les deux aides-soignants sont là quand tu te désapes. Après, tu te rhabilles, tu signes un document. Et si jamais ils trouvent quelque chose d'interdit, si l'alcootest est positif, ils le signalent au médecin et ils peuvent prendre des sanctions.
Pour ma part, ne buvant pas, ne fumant pas, ne me droguant pas, je ne vois pas ce que je faisais ici.
A table, en soirée, nous étions 20, mais pour le lendemain, dimanche, jour de marché, ceux qui le souhaiteraient auront le droit de sortie pour faire quelques courses. Mais comme je venais d'arriver, pour moi cela m'était interdit. Dimanche prochain, peut-être... J'ai mieux dormi dans la nuit de samedi à dimanche, et vers 23 h, le surveillant de nuit est entré dans ma chambre : j'étais encore réveillé. Il m'a obligé à éteindre la lumière, à me mettre en pyjama et à me coucher. Il est reparti aussitôt, et de crainte qu'il ne revienne vérifier, j'ai obéi.
Le dimanche matin, le petit déjeuner était plus copieux que les autres jours de la semaine. Les portions étaient plus généreuses et on avait droit à des viennoiseries.
Dès la fin du petit déjeuner, ceux qui avaient reçu l'autorisation de sortie, sont allés au marché, escortés par deux aides-soignants, un homme et une femme. 12 personnes quittèrent l'établissement, avec de strictes consignes : pas de détours au bar, pas d'achat de produits interdits (bouteilles de verre, objets en métal...).
Je me suis ennuyé toute la matinée, surtout que j'ai été expulsé de ma chambre pour cause d'arrangement et de nettoiement. En effet, ici, si l'occupant est responsable du linge de nuit (c'est à lui de refaire le lit, de changer les draps...), le reste incombe à un personnel dédié et en particulier le dimanche, jour où l'établissement est quasiment vidé des résidents. J'ai erré toute la matinée comme une pauvre âme en peine dans le bâtiment, dans le jardin... La direction a accordé aussi, pour ceux qui le souhaitaient le droit de se rendre à la messe dominicale à l'église avec là aussi une consigne très précise : revenir à la clinique 10 minutes après la fin du service, et sans passer par les commerces ou les bars.
Vers 11 h, ceux qui sont allés au marché reviennent tous ensemble, encadrés par les deux accompagnateurs. Mais ils sont conduits un à un dans une pièce pour y être fouillés. Encore une fois, ouf ! j'ai échappé à ça. J'étais dans un des salons, et j'ai pu constater que chaque personne qui entrait dans la pièce de fouille n'en ressortait que 10 minutes plus tard. Par contre, et c'est ce qui est étonnant, c'étaient les deux aides-soignants qui opéraient, un homme et une femme, en même temps. Celui qui s'était rendu à la messe est arrivé un peu plus tard, et a été fouillé lui aussi, par l'aide-soignant homme. Et en tout état de cause, vers 12 h 30, tout le monde était rentré, sauf ceux qui avaient la permission longue du week-end. Gérard était pratiquant et en revenant de la messe, lui aussi est passé par la case fouille.
Le repas du dimanche était plus élaboré que ceux de la semaine. Tout était fait sur place. La cuisine était raffinée, et, ma foi, les portions étaient abondantes et généreuses en semaine, et encore plus le dimanche où nous avions droit à des gâteaux ou des desserts supplémentaires.
Au fur et à mesure de l'avancement de la journée, la maison se remplissait et tous les arrivants se prêtaient volontiers à la fouille sans inconvénients. Les permissionnaires savaient très bien qu'à leur retour ils seraient fouillés, mais cela en valaient la peine, disaient-ils, pour se sortir un peu de ce monde dans lequel ils vivaient. Tous étaient là pour se soigner, leur démarche, comme la mienne, étaient volontaires et consenties. Ils étaient prêts à " supporter " certaines choses pour leur bien...
Les activités allaient commencer pour moi, le lundi. J'ai bien dormi dans la nuit de dimanche à lundi, et, dimanche soir, vers 23 h encore, le surveillant de nuit est entré dans ma chambre, sans frapper bien sûr et m'a trouvé allongé, lumière éteinte. Il est entré, est arrivé jusqu'à moi et m'a découvert pour vérifier que je dormais bien en pyjama ! J'étais dans un demi-sommeil, et je me suis rendu compte de sa présence. Il est sorti sans faire de bruit et il a eu la délicatesse de me recouvrir. Et comme je savais qu'il ne reviendrai pas, j'ai retiré mon pyjama et j'ai dormi en slip, à cause de la chaleur de ce mois de juillet.
La nuit porte conseil. J'ai décidé de mettre fin à mon séjour. Dès demain, lundi, je ferais des démarches en ce sens.
La nuit a porté conseil, en effet. Dès …
Comment va se passer la sortie ? Pas év…