Vues: 562 Created: 2019.04.17 Mis à jour: 2019.04.17

Deux cousins (extraits)

Le dîner

Lorsque Daniel revint de la salle de bain, il était midi, l’heure du dîner. Les deux cousins descendirent au rez-de-chaussée, la salle à manger donnait sur la terrasse. Le chef de rang leur proposa une table à l’extérieur, sous un parasol. Frédéric regarda le menu et le lut :

— Soupe aux légumes, poisson étuvé, pommes de terre vapeur et carottes Vichy. Qu’en penses-tu ?

— Je vais quitter la clinique tout de suite si cela ne s’améliore pas.

— Ce ne sera pas mieux dans mon école. On va demander s’ils ont autre chose.

Le chef de rang revint, il leur expliqua que c’était le seul menu compris dans le prix de la pension. Il pouvait leur proposer une entrecôte et des frites en payant un supplément. Ils acquiescèrent.

— Alors, demanda Frédéric, ça s’est bien passé avec ton infirmière ?

— Oui, elle est sympa. Elle m’a dit que cela ne la dérange pas si je bande lors des soins.

— Des soins ? Quels soins ? Tu n’es pas alité et elle ne te fera pas ta toilette intime.

— Elle veut m’élargir le prépuce, son frère l’aurait fait pour éviter une opération.

— Je vois, fit Frédéric en riant, tu pourrais être excité, en effet !

— L’urologue me prescrira une crème.

Frédéric fut à nouveau inquiet.

— Un urologue ? Elle t’a dit son nom ?

— Oui, le Dr Tissot. Mais c’est celui que tu vois cet après-midi !

Frédéric soupira, son père voulait certainement savoir s’il pourrait assurer l’avenir de la dynastie, ou alors c’était sa mère qui se réjouissait d’avoir des petits-enfants. Ils n’avaient qu’à demander à ses sœurs d’en faire. Un serveur leur apporta des salades.

— Et ton dermato ? demanda Daniel, il s’est inquiété pour tes boutons ?

— Pas vraiment, ça passera. Il m’a tutoyé, c’est un ami de mon père, il va tout lui raconter.

— Il n’a pas le droit, il y a le secret médical.

— Je n’y avais pas pensé, mais je suis mineur.

— Tu demanderas au prochain médecin, cet après-midi. S’il te répond qu’il a le droit de tout dire à tes parents, tu repars tout de suite.

— Bonne idée. Et dire que c’est moi qui ai proposé de faire l’analyse de sperme.

— Il allait certainement te la proposer. Avoue que c’est pour te branler une dernière fois avec moi !

— J’avoue…

Les entrecôtes étaient excellentes, saignantes comme ils les avaient désirées, et les frites croustillantes. Les deux cousins commandèrent encore un dessert : une glace au chocolat.

— On se croirait presque en vacances ici, fit Frédéric.

— Ouais, en vacances on ne doit pas se mettre à poil sans arrêt.

— Ça dépend, si on va à l’Île du Levant…

— Pourquoi ?

— Il y a des nudistes !

— Tu aimerais y aller ?

— Pourquoi pas ? fit Frédéric, on aura l’habitude après nos séjours.

— On doit déjà traverser l’Amérique…

— Ah, oui, j’avais oublié. Pour le moment, l’essentiel est que tu guérisses.

— Et que, toi, tu apprennes l’allemand.

— Je ne sais pas si c’est vraiment utile.

— Qui sait ? Tu pourrais aussi rencontrer quelqu’un à ton école.

— Aussi ? Tu es déjà amoureux de ton infirmière ?