Vues: 800 Created: 2012.09.28 Mis à jour: 2012.09.28

Mélanie

Mélanie

Mélanie

IL y a deux ans, pratiquement jour pour jour, je passais au bloc opératoire pour une intervention sur des calculs de la vésicule biliaire. C'est Mélanie, d'où le titre de mon message, l'infirmière du service chirurgie, qui m'a pris en charge dès mon admission. Et heureusement qu'elle était là, mon séjour n'en a été que moins stressant.

Dès lors que le chirurgien a pris la décision de m'opérer, j'ai stressé à mort. Je n'en ai pas dormi, je me faisais du mauvais sang, surtout que l'intervention devait se faire sous anesthésie générale. C'est ce que je craignais le plus, en fait. Pas tant l'intervention en elle-même.

Mes peurs, mes angoisses, allaient bien vite se dissiper.

Je devais entrer à l'hôpital un lundi, en fin d'après-midi, pour être opéré le lendemain, mardi, et sortir le mercredi. J'ai réussi à surmonter mes craintes : quand faut y'aller, faut y'aller, comme dirait l'autre.

J'arrive en avance à l'hôpital, j'ai même le temps de rester un moment à la cafétaria de l'établissement et de m'y mélanger avec les malades et les visiteurs. L'heure de mon admission arrivant, je prends mon courage à deux mains et je me rends au 3ème étage. Je me présente au bureau des infirmières. Là, tout de suite, c'est Mélanie qui vient à ma rencontre. Elle parle d'une voix douce qui me met en confiance immédiatement.

- Bonjour. Je suis Mélanie, j'ai 26 ans et je vais vous installer. Suivez-moi, je vous prie.

Mélanie est bien faite, blonde aux cheveux lui tombant sur les épaules. Ses yeux sont bleux comme l'océan. Elle est un peu plus grande que moi en taille. Elle a tout ce qui faut, là où il faut, comme on dit.

Tombé sous le charme de Mélanie, je la suis, je n'ai plus peur. Elle me fait entrer dans ma chambre, où, pour l'heure, je suis seul. Elle me dit :

- Voilà, c'est ici. Installez-vous. Prenez votre temps, je viendrai vous revoir tout-à-l'heure.

Mélanie me laisse et je profite du fait d'être seul, pour me mettre en pyjama, sans me cacher de qui que ce soit. Je m'allonge dans le lit, que Mélanie a préparé pour moi, je mets des livres sur ma table de chevet et le téléviseur en marche.

Je n'ai en fait, envie de rien. Mes appréhensions me saisissent à nouveau. C'est vrai que je suis dans un autre monde et je ne vois passer que des hommes et des femmes en blouses blanches. J'entends aussi, de temps à autre, les appels des malades dans les chambres voisines... Je stresse encore.

Mélanie revient, comme promis, et mes angoisses s'effondrent. Elle me dit :

- Je vais vous poser quelques questions, parfois indiscrètes, monsieur. Ne m'en veuillez pas !

- Je vous en prie, vous ne faîtes que votre travail.

Et Mélanie m'interroge sur mes habitudes alimentaires, me pose des tas de questions sur mon poids, ma taille, mes antécédents médicaux... Elle me rassure aussi, me disant que je suis dans un excellent service et que le chirurgien qui va m'opérer est un orfèvre en la matière.

Son questionnaire fini, elle me formule une requète : elle voudrait assister à mon intervention. Si je l'autorise, elle descendra au bloc avec moi, ce qui lui donnera un plus pour sa formation.

Mélanie est tellement charmante que je n'ai su refuser.

Comme pour me remercier, elle me dit que demain, le jour de mon intervention, elle m'accompagnera au bloc.

Je n'en demandais pas tant, mais ayant pris confiance en Mélanie, cela ne pouvait que m'encourager.

Mélanie me souhaîte une bonne nuit, car son service prend fin, mais elle m'encourage une nouvelle fois en me disant qu'on va se revoir demain matin.

Deux autres infirmières prennent le relais, en l'absence de Mélanie. J'en parlerai une autre fois...

Le mardi, le chirurgien a eu du retard. Et, au lieu de descendre au bloc à 8 h du matin, je ne suis conduit là-bas que vers 14 h30. J'ai eu peur, je tremblais car je n'ai rien mangé depuis la veille au soir, à cause de l'anesthésie. Je demande où est Mélanie, mais personne ne me donne une réponse valable. Je stresse de plus en plus quand un brancardier vient me chercher et me dit que mon tour est arrivé.

Avant de descendre au bloc, l'infirmière de l'étage me fait boire une mixture amère pour me décontracter, me dit-elle et me voici, via l'ascenseur, descendu au bloc opératoire. Mon lit, sur lequel j'étais est mis en stand-by dans un couloir, en attendant qu'une salle se libère. Là, quelques infirmières me taquinent, plaisantent... Ce qui m'a permis de me décontracter au maximum !

Quand je rentre enfin au bloc, il n'est pas loin de 14 h 30. Et je vois tout autour de moi s'agiter des hommes et des femmes en blouses vertes ou bleues, me poser ça et là sur mes bras, des appareils en tous genres.

J'ai le temps de demander le temps que prendra l'intervention. Et une infimière me répond gentiment.

Je demande alors où est Mélanie... quand cette dernière apparaît et m'annonce qu'elle est là.

Pour cette intervention, j'ai été entièrement rasé, de la poitrine jusqu'aux milieu des cuisses. Mélanie ne m'a pas vu comme ça, elle ne me l'a pas dit quand j'ai fait sa connaissance. Maintenant, j'étais gêné que Mélanie me voit sous la chasuble opératoire, avec rien en dessous...

Mais j'ai autorisé Mélanie à assiter à l'intervention, je ne me sentais pas le droit de revenir sur ma parole.

Je me suis endormi, sous l'anesthésique avec le visage de Mélanie dans ma tête !

J'ai été opéré par celioscopie, mais le chirurgien a été contraint de m'ouvrir le ventre à cause des muscles abdominaux qui faisaient barrage au passage des instruments chirurgicaux.De par ce fait, l'intervention a duré plus longtemps que prévu. Ma sortie de l'hôpital a été différée d'un jour.

Quand j'ai ouvert les yeux en salle de réveil, il faisait déjà nuit !

Je reprends mes esprits et je suis remonté dans ma chambre vers 20 h 30. Je me souviens qu'il pleuvait beaucoup quand je me suis réveillé. C'est alors que Mélanie vient me visiter. Cette fois-ci, c'était elle qui était de garde cette nuit-là. Elle m'a dit que tout s'est bien passé, qu'elle a tout vu, et elle m'a remercié de l'avoir autorisé à descendre au bloc. Elle me dira ensuite que tout-à-l'heure elle reviendra me faire une piqûre anti-phébite.

Assommé par l'intervention, fatigué, je m'endors presque aussitôt. J'étais encore dans le coaltar quand, la nuit, Mélanie revient dans ma chambre. Elle me tire de ma torpeur et vient me faire l'injection anti-phlébite.

Trop las pour comprendre un traître mot, j'ouvre la couverture qui m'enveloppe et j'écarte largement la chasuble dont je suis encore revêtu. Je m'offre ainsi, tout nu, aux yeux de Mélanie.

Celle me dit, de sa voix douce et suave :

- Ce n'est pas la peine. Je n'ai besoin que d'un petit centimètre, pas plus. Juste de quoi vous faire un petit trou. Où vous voulez.

Je me recouvre et Mélanie me fait dégager le bas du ventre et elle me pique à cet endroit.

Je replonge dans mes rêves.

Le lendemain, donc le mercredi, j'ai bien récupérer. J'ai le droit de manger et on me déperfuse. Il faut même que je marche un peu, dans les couloirs, histoire de faire circuler le sang. Je demande au bureau des infirmières où est Mélanie, qui n'est pas en service ni aujourd'hui et ni demain. Mais, me précise-t'on, elle sera de garde de week-end.

Hélas pour moi, qui devrait sortir jeudi !

Et effectivement, je n'ai plus revu Mélanie. Même en étant hospitalisé dans le même service, quelques mois plus tard, je n'ai pas eu le bonheur de revoir Mélanie.

Son souvenir, son attention envers moi (comme avec tous les autres malades, je suppose) sont si vivaces que, deux ans plus tard, je me rappelle encore d'elle.

Je ne pourrais pas l'oublier.

Jamais !

Comments

Wazabi Il ya 12 ans  
clyso Il ya 12 ans