Une étrange visite

Lors d'une de mes consultations avec le docteur Michel, il s'est passé quelque chose d'étrange. Vous allez peut-être dire que c'est de la fiction, ou un fantasme... Mais j'ai vraiement vécu cette situation. Et quand on la vit, croyez-moi, ce n'est pas une cinécure !

Comme à chaque fois avec le docteur Michel, je suis son dernier patient de la journée. Le malade précédent parti, le docteur Michel ferme la porte du cabinet médical à clé, pour ne plus recevoir personne, et me fait entrer dans son cabinet.

Comme à chaque fois, étant le dernier patient, le docteur Michel prend du temps avec moi. Nous parlons lui et moi de toutes sortes de choses avant la consultation. Son épouse est kiné et je lui demande des nouvelles d'elle, de ses enfants... Il en fait autant, ayant, à un moment ou à un autre, soigné mes enfants et ma compagne !

Il est environ 20 h 30, quand le docteur Michel me fait entrer dans son cabinet. Du fait de la bonne relation établie entre lui et moi, il se permet, avec ma permission, de manger quelque chose avant de s'occuper de moi. Un des patients qui me précède, lui a apporté de quoi manger, et, du fait que les heures de travail du docteur Michel sont à rallonge, le médecin a de quoi se sustenter en attendant.

Cette situation ne me gène pas du tout, ce n'est pas la première fois que cela se produit, d'ailleurs !

Le docteur Michel me dit que son épouse a certainement fini son boulot et que lui est encore là... Mais voilà : le docteur Michel aime beaucoup son travail et il prend grand soin de ses patients. Son épouse, la kiné à qui j'ai déjà eu affaire d'ailleurs, le sait très bien et elle est en accord parfait avec lui dans ce domaine.

Un soir, donc, très tard et sans rendez-vous, je suis reçu par le docteur Michel pour un renouvellement d'ordonnance. Comme à l'accoutumée, le docteur Michel m'examine en slip. Je suis à peine déshabillé, qu'on frappe avec vigueur à la porte extérieure du cabinet.

Le docteur Michel me laisse un moment et il laisse aussi entrouverte la porte du cabinet médical, pendant qu'il va ouvrir. Il me dit que c'est peut-être une urgence, et du fait que la salle d'attente est encore allumée, il est dans l'obligation d'ouvrir.

C'est la ... police qui fait irruption dans le cabinet et qui entre jusque sur le seuil du bureau médical.

Moi, allongé sur la table, en petite tenue, je ne sais quoi faire. La brigade de police qui est là est composée de 3 hommes, grands, forts et d'une femme, plus petite et blonde, la queue de cheval dépassant de la casquette.

Les policiers restent sur le seuil de la porte, mais ils ont une vue d'ensemble sur tout le cabinet... et sur moi, presque nu, étendu sur la table.

Les policiers s'excusent de cette intrusion, et la policière m'adresse de grands sourires, comme pour dissiper la gène qu'elle suggère !

Les policiers saluent le médecin et moi-même : moi, je ne sais pas quoi faire, où me mettre, me dissimuler. En fait, les policiers sont venus réquisitionner le docteur Michel pour une urgence judiciaire. Ils laissent juste le temps au médecin de m'examiner et ensuite, il devra les suivre. Ils vont l'attendre dans la salle d'attente.

Le docteur Michel ne se démonte pas pour autant : il prend tout son temps pour m'examiner, comme il l'a toujours fait.

Moi, géné, je lui demande si c'est normal que la police agisse ainsi. Et le docteur Michel me dit que oui, que du fait que son cabinet est encore ouvert, il se doit de répondre à toute injonction policière ou judiciaire.

La visite terminée, je quitte le docteur Michel et, dans la salle d'attente, les quatre policiers sont toujours là à l'attendre. Je prends congé de tout ce beau monde et regagne mes pénates.

J'avoue que cette intrusion m'a profondément bouleversé, traumatisé. J'en ai parlé longuement avec le docteur Michel lors d'une autre consultation.

Il m'apprend que cela est arrivé à plusieurs reprises, et qu'il a toujours coopéré avec les services judiciaires. C'est pour cela que la police fait toujours appel à lui en cas de problème !

Et il a fallu que ça tombe sur moi.

Le docteur Isabelle, mon médecin référent d'aujourd'hui a, elle aussi, subi des intrusions de ce genre ! Et, comme elle exerce dans une zone aéroportuaire, c'est très fréquemment, qu'elle est réquitionnée par la police.