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Vues: 880 Created: 2015.05.05 Mis à jour: 2015.05.05

Une canne très spéciale!

Une canne très spéciale!

Nouvelle tirée du livre "désir de femme" (Editions Blanche) 1999

Jeanne Decize. La mort en ce visage

Je m'engouffre sous la porte cochère. Je reprends mon souffle, je repousse une mèche de cheveux qui tombe sur mes yeux. Un homme, de dos, fini de traverser la cour. II tient une canne au pommeau arrondi, noir et brillant comme l'ébène. La main gantée fermement posée dessus, il en martèle, tous les deux pas, le pavé inégal de la cour. Je suis fascinée par sa démarche curieuse, il semble ivre et pourtant le dos demeure bien droit. II disparait après les trois petites marches par lesquelles on accède aux bureaux des éditions "L'heure de vous plaire". Se grave en moi l'abondante masse de ses cheveux sombres. D'un noir de jais, d'une violence qui attire ma bouche.

Adèle descend me chercher dans le vestibule où je patiente seule. Je suis intriguée de ne pas y trouver l'homme qui me précédait. Un léger cliquetis dans l'escalier de service me fait bouger la nuque mais Adèle s'approche, les mains tendues. Je me lève pour aller à sa rencontre. Je l'avais croisée, adolescente, je me souvenais de sa belle silhouette. De l'été où nous fêtions mes quinze ans, de la nuit dans le jardin où elle m'a couchée sur la rosée du soir et m'a caressée de sa langue et de ses mains habiles qui ont les premières fait onduler mes hanches. Je ne l'avais revue qu'une fois ou deux, une soirée chez ma mère, un diner chez mon père, j'avais rougi, elle m'avait dévisagée, curieuse, sans faire aucun commentaire, ni tenter un seul geste lorsque je m'étais assez vite éclipsée.

Elle n'a pas changée du tout, toujours vêtue de noir, la bouche exagérément rouge, pulpeuse au possible, ses yeux verts flamboyants se plantent droit dans les miens, me dénudent jusqu'à l'os en une seule fois. Elle n'a pas changée du tout.

Je serre, un peu intimidée, sa main blanche aux veines bleues transparentes, gracieuses comme autrefois, elle me rassure d'un sourire. Dans l'escalier en colimaçon, je suis ses cuisses d'albâtre, qui remontent petit à petit, de plus en plus visibles, de plus en plus nues. Au quatrième étage, j'ai le vertige de sa chair sur mes pupilles.

"Attendez-moi un moment, Joséphine. Je suis encore en rendez-vous. . . Tenez, mettez-vous là!" indique-t-elle en me désignant le petit banc de velours rouge accolé au mur.

Elle disparait au bout du couloir. Je reste debout, le coeur battant, soulevée par l'émotion depuis que j'ai pénétré dans la cour. D'abord l'homme à la canne, puis elle, sa peau nue qui reste imprimée en moi.

Soudain, quelque chose effleure l'arrière de ma jambe. Je demeure immobile. J'entends un souffle, je sens une respiration chaude au creux de mon genou. Une langue suit une veine jusqu'à la cuisse, entrainant avec elle ma jupe. Je me retourne à demi. Je discerne en une fraction de seconde une canne, l'étoffe noire du pantalon. Il est assis sur le banc, je ne l'ai entendu ni arriver, ni s'y installer. Je me tourne un peu plus.

"Regardez devant vous!" ordonne sèchement une voix pourtant basse et grave dont la chaleur m'empoigne le ventre.

La canne maintenant se déplace en même temps que sa bouche effleure le bas de mon dos, elle se glisse entre mes jambes, je n'ose bouger mais je contracte mes muscles sur elle. Au froissement léger d'un tissu, sa chemise sans doute, je déduis qu'il recule pour s'appuyer peut-être contre le mur. Le froid du bois effleure la rosette, je frissonne, une fine sueur commencer de perler sur mon front. Ma culotte se déchire sous ses dents. Si Adèle revenait ? Si quelqu'un passait ? J'oublie tout quand le bombé de la canne caresse les fronces autour de mon trou du cul. Son souffle à nouveau effleure mes fesses. Ses dents s'y plantent avec gourmandise, je me crispe mais je ne bouge pas, je n'ai pas du tout envie de bouger. Sa langue voyage sur les plis minuscules et force soudain la rosette, droite et dure, je me dis Que sa langue m'encule, je me le répète et je mouille à flots. Se déplie la fleur de mon cul comme s'épanouit en accéléré une rose sous un soleil de chauffe. Son autre main se pose sur mon ventre et descend lentement jusqu'au con dont la liqueur poisse tout de suite ses doigts. Des vagues secouent mon ventre. Je me mets à gémir, éperdue, encore une seconde et je crie. Brusquement, il se dégage, je perds l'équilibre, il me rattrape par la taille, je me retrouve presque assise sur ses genoux, il gémit à son tour un peu, glisse sa queue entre mes fesses. D'un geste assuré, il les écarte alors et m'enfonce d'un coup sec sa bite dans le cul. Je hurle mais sa main se plaque vivement sur ma bouche et en étouffe le cri. II reste immobile en moi, la douleur remonte jusqu'à mes reins, fait sourdre des bouillons de sang à mes oreilles. Je vais m'évanouir, je panique de souffrance. Je veux me pencher en avant, avoir moins mal, le sang quitte mon visage, des larmes piquent au coin de mes yeux. II me retient par son bras qui pèse et barre ma poitrine. Il saisit mon sein d'une étreinte violente, en pétrit la pointe avec une vulgarité et une absence de douceur qui me font défaillir. J'ai moins mal, de moins en moins mal. II embrasse mon cou mordille la nuque par petits coups comme le ferait un chiot .

La salive chaude qu'il crache sur mon épaule avant de la mordre jusqu'au sang, me détend jusqu'au cul, je n'ai plus mal, mais je ne bouge plus, je n'ose plus bouger, ni les reins, ni le cul, ni les jambes. Je n'ai toujours pas vu son visage. J'essaie, sournoise, d'apercevoir ses yeux par un mouvement de coté.

"Non, non, ne bougez pas, ne vous retournez pas ou je vous cogne. Je vous jure que je le ferais !"

Il soulève à peine mes hanches, avec douceur cette fois, sa queue va et vient en cadence, je me dilate, m'ouvre, savoure sur chaque centimètre le plaisir qui irradie mon corps. Je renverse la tête sur son épaule, aussitôt, il plaque la main sur mes yeux.

" Bordel de merde ! Ne vous retournez pas, vous entendez ? " dit-il d'un ton rageur.

Je reste saisie, presqu'effrayée de la colère que j'y perçois.

Entre ses doigts, comme entre les stries d'un store, je vois devant moi, la canne qui s'est levée, qui reste suspendue, prête à me battre. Je la prends du bout des doigts, la caresse comme on touche une queue, l'apprivoise, rapproche et ouvre la bouche sur le manche où ma langue s'enroule. Je l'entends rire derrière moi, un beau rire sonore et tonitruant. Il me l'enlève, la fait pénétrer dans ma fente trempée et la remue lentement. S'échappent de ma gorge de petits gémissements qui me comblent d'excitation et de honte. Le pommeau et la queue s'agitent en moi, par le con et le cul, de plus en plus vite, l'envie de jouir me presse les tempes. Le plaisir me monte à la tête, je me mords les lèvres pour ne pas hurler à la seconde ou son foutre m'inonde les entrailles. Je cherche sa bouche à baiser, par jeu, par bonheur, mais il se retire brutalement de moi et me pousse à terre. Je me trouve face contre sol, la jupe à demi relevée, les Jones chaudes que me font le plaisir et la gène mêlées dans ce couloir désert aux murs lie-de-vin. Je suis sans bouger, puis je tends mon cul en arrière, je rougis de cette position soumise et humiliée mais je veux encore, mon esprit s'échauffe, je le désire encore. Je brule de voir ce visage qu'il me cache. Devant moi, le pommeau marbré de foutre blanchâtre hésite puis caresse une seconde ma joue. Je m'attends à ce qu'il me frappe. Je me redresse mais la canne, lestement, maintient mon crâne au sol. Il est debout, je meurs de vouloir voir son visage, rencontrer ses yeux mais je n'ose pas, j'ai peur. Soudain si peur que la sueur couvre mon corps. Il me relève, en veillant à tenir mes paupières masquées et m'entraîne au bout du couloir. Je devine les toilettes. Quelque chose en moi se révolte à cette idée.

"Tu te trouve trop bien pour baiser dans les chiottes ? Tu vas voir que non, tu y seras très bien et moi aussi. Elle ne te plaît pas ma queue ? Tu ne veux plus qu'elle te fasse jouir ? murmure-t-il à mon oreille avec une ironie qui m'indigne et m'excite à la fois.

— Si. "

Il me pousse à l'aide de sa canne, je manque de trébucher. J'entends la porte se refermer derrière nous. Il m'attrape par la taille, me tient contre lui un instant, mon dos sur sa poitrine, je sens son cœur qui bat la chamade, son souffle dans mon cou, je m'abandonne.

« Pas de sentimentalisme, hein ? Pas de ça, sale petite conne Je vais te cogner, salope ! »

Je souris. Il pousse un soupir d'exaspération, et serre avec force ma gorge. Je m'étouffe. Je suffoque. Le sang se bloque. Il va me tuer, il va me tuer, me massacrer à coups de canne dans les toilettes, j'ai peur à nouveau, la sueur irise ma peau. Ma main hésite, cherche derrière mes fesses ses couilles que je désire prendre, faire volte-face pour les baiser sur le creux de ma paume. Je suppose qu'il a remarqué comme je tremble.

«Tu as peur ! »

Il fouille sans précaution dans ma fourrure.

« La trouille, ça te fait mouiller à flots, pas vrai ? » chuchote-t-il d'une voix douce à pleurer. Je reste interdite, comment entend-il ce que je pense. Comment me devine-t-il si bien ?

« Ferme bien fort les yeux ou il t'en cuira. »

Je m'exécute. Il s'écarte de moi, me laisse contre le mur et se déplace. Il fait quelques pas puis revient vers moi. La peur me reprend. Je n'ai cependant pas l'idée une seule seconde de chercher à m'enfuir. Il empoigne à nouveau mes seins, glisse jusqu'à mon ventre qui tressaille. Il fait passer mes jambes autour de ses épaules. Je bouge seulement les hanches sous la langue qui me branle. Je frémis jusqu'au tréfonds de l'imaginer à genoux devant moi. Il repousse sèchement ma main qui effleure ses cheveux.

« Ne me touche pas, petite pute ! », halète-t-il soudain oppressé.

Je sens mon ventre se crisper sous les spasmes que me procure sa langue qui entre lentement dans mon con, il me retient de justesse lorsque je vacille à en tomber sous la décharge, puis s'écarte aussitôt. Je me laisse glisser à terre, les paupières closes, la bouche sèche, le corps embrasé. C'est de moi que je commence à avoir peur quand il noue un foulard ou une cravate, je ne sais pas, sur mes yeux. Ses mains se posent sur mes épaules, je pose un baiser tendre sur l'une d'elles. II me gifle à toute volée.

« Pas de ça entre nous, voyons ! Point besoin de méli-mélo, ma chère, » répète-t-il entre ses dents.

Je suis touchée qu'il ne m'insulte plus mais les larmes coulent jusqu'à ma bouche pendant qu'il dénoue sa ceinture je l'entends défaire, il serre fort le cuir autour de mes poignets joints dans mon dos.

« Essaie donc de me caresser maintenant, » s'esclaffe-t-il. Il me force à me baisser, je sens sa queue qui s'ouvre le chemin de ma bouche, elle heurte mes dents, s'agite contre l'intérieur de mes joues. J'ai envie de rire moi aussi. Il le comprend tout de suite, je reste surprise qu'il me sente si bien et une autre gifle me rougit la peau.

« Ne ris pas. Je te défends de rire. Suce, salope, suce-moi bien. Jusqu'au fin fond de ta gorge, engloutis ma queue aussi loin que tu peux. Fais-moi disparaître. Donne-moi la mort, » supplie-t-il la voix brusquement entrecoupée de sanglots.

Ses mains empoignent mes cheveux, je pompe, j'aspire presque par automatisme, l'esprit et la pensée sur l'architecture de ses mains que je sais fines et belles, sur cette voix grave et profonde qui me bouleverse et qui me pénètre mieux que sa queue qui grossit et voyage de plus en plus vite dans ma bouche. Je n'ai plus que l'idée de voir ce visage, jusqu'à l'obsession. Je m'étouffe presque lorsqu'il se répand en moi. J'avale son plaisir en m'étranglant. Il rit encore de ce rire qui me donne envie d'écarter les cuisses pour l'y recueillir.

« Tu ne vas pas vomir d'avaler du foutre comme une première communiante, non ? »

Je me relève, je le cherche à tâtons comme font les aveugles et les enfants, je me cogne le front à une porte. Dans le silence éclate une nouvelle fois son rire lumineux, flamboyance qui parle aux reins. Ses bras me soulèvent, mes jambes s'enroulent autour de lui.

« Encore ? demande-t-il.

- Encore. »

Je n'ai désormais plus honte, il m'ouvre la bouche pour des baisers violents, des frissons me soulèvent jusqu'au ciel quand il me mord, encore, sa salive mouille mon cou et mon cul, mes lèvres se fendent pour sa queue, encore, l'arrière de ma tête frappe le mur granuleux d'un feu d'artifice. Je penche le menton sur le sommet de son crâne, je devine sa tête baissée sur mes seins et je plonge dans la masse des cheveux que je sais si sombres. Je suppose qu'il va me gifler de le toucher mais il place simplement mon visage de profil. Il pousse un cri lorsque la chaleur de son foutre incendie l'intérieur de mon ventre. Je reste sous le charme de son souffle haletant sur ma joue, la bouche que je sens entrouverte où je glisse un doigt qu'il suce et mordille à la fois.

Je sais qu'il sourit.

Il me demande d'une voix où transparaît la fatigue, de me tourner contre le mur.

« Ne bouge pas, ne bouge surtout pas quoi qu'il arrive. De toute façon, tu ne me reverras plus. Tu promets de ne pas te retourner ? »

Je dis « Oui » la gorge serrée sans savoir pourquoi, je sens ses lèvres effleurer ma bouche, la tristesse me gagne de sentir la ceinture rendre la liberté à mes poignets, mes iris hurlent à la lumière trop forte du vasistas puisque mes paupières s'ouvrent désormais comme elles le désirent. Le battant de la porte des toilettes claque. Je suis figée, les cuisses trempées, les cheveux moites, j'enfonce un doigt loin dans mon cul pour lécher le foutre qu'il y a laissé.

Dans le bureau d'Adèle, je referme machinalement un bouton de mon chemisier. Le téléphone sonne. Je sursaute. Elle soupire, s'excuse avant de décrocher.

"Ce n'est décidément pas votre jour, je vous ai déjà fait tellement attendre !

-Mais non, ce n'est rien, tout va bien. »

«Allô ... . Ah oui ? Je voulais t'appeler aussi... Il a déposé son nouveau texte... J'en ai marre... J'ai refusé le dernier... Trop obscène...Oui, je sais bien que c'est bête de dire ça... Je n'y peux rien, ça me soulève le cœur, torturer à petites doses pour se branler dans la souffrance d'autrui, non merci... Où va-t-il donc chercher des horreurs pareilles ?... Moi non plus, je ne l'ai jamais vu... Il l'a laissé comme toujours dans la boîte... Il devient impossible... Tu sais qu'il m'a insultée au téléphone... De plus en plus odieux... On dîne ensemble ce soir ? Oui d'accord, on en reparle... »

Adèle reste pensive. Elle prend une bière dans le frigidaire, qu'elle décapsule et boit au goulot. La fine écume perle sur la commissure de ses lèvres. Elle revient s'asseoir, pianote avec ses ongles sur la paroi de la bouteille. Elle se souvient soudain de moi, relève la tête et me sourit gentiment.

« Excusez-moi... Alors, que puis-je faire pour vous ?

-Je tape très vite à la machine, je sais rédiger des contrats d'édition. J'ai travaillé deux ans dans un service de droits étrangers en Angleterre, j'ai un peu d'expérience. On m'a dit que vous cherchiez quelqu'un. Si vous n'avez toujours pas d'assistante...

- C'est une bonne idée. Vous tombez du ciel. Vraiment ! Faisons un essai, voulez-vous? Un mois, ensuite on verra si vous me convenez, si je vous conviens. Ça vous va ? »

Je hoche la tête et soudain, je m'immobilise. J'entends un petit bruit qui me semble étrangement familier. Je sursaute, le coeur battant.

« Vous savez, votre père était un ami très proche. Je suis aussi sous le choc de sa disparition. Vous avez raison de vouloir retravailler tout de suite. Il faut s'occuper l'esprit absolument, » m'assure Adèle.

Le bruit. La canne. C'est le bruit de la canne sur le trottoir. Je me précipite à la fenêtre que j'ouvre en grand. Dans la rue, passe un homme à la canne au pommeau noir, son allure est celle d'un halluciné ou d'un ivrogne, il se heurte avec violence à une poubelle. Furieux, il jette sa canne contre elle. Se retrouve ensuite à quatre pattes pour la chercher. Un éclat de soleil traverse un nuage. Il lève instinctivement la tête à la chaleur du ciel. Son visage est affreusement défiguré. Un étal de viande informe, une patine de tissus recousus ensemble par un fil noir grossier. Tout n'est que plaies, les paupières boursouflées, les joues et le front fondus, le menton aussi, chairs souffreteuses, prêtes à se décoller des os. Seule resplendit dans ces quelques instants où il tend la boucherie de sa face au soleil, une bouche boudeuse, moqueuse, aux lèvres pleines, sensuelle à pleurer. Il s'en va maintenant, la démarche hésitante mais le cliquetis de la canne, lui, est régulier. À son passage, un enfant fait un bond de côté,pousse un cri d'horreur, puis presse le pas, tête baissée. Lui ne se retourne pas, il éclate d'un rire sonore, orgueilleux, blessé. Vivant. D'une envie de vivre qui fait peur.

« Je regrette infiniment, votre père me manque beaucoup aussi, murmure Adèle qui s'est approchée de moi.

-Je n'oserai plus jamais aimer personne. Plus autant. »

Sa main se pose sur mon épaule.

« Mais si, mon petit, bien sûr que si.Allons, il ne faut pas pleurer. Il détestait vous voir dans cet état.»

Je souris à travers mes larmes, et d'un mouvement d'épaule, je chasse les condoléances qu'elle s'apprête à m'offrir.

FIN

Comments

Charly75 Il ya 11 mois  
arthur Il ya 4 ans  
arthur Il ya 5 ans