Je fais partie d'une génération de Français qui a connu le service militaire et le passage préalable par un "Centre de Sélection", communément appelé les "trois jours" qui ne duraient en fait que 36 heures. Affolé par l'annonce de n'importe quelle visite médicale, la perspective de ces trois jours m'nquiétait particulièrement. Je dirais même qu'elle m'a gâché mes années d'étudiant puisque j'ai craint d'être convoqué à partir de 18 ans et ne l'ai finalement été qu'à 25 ans. Des rumeurs affolantes circulaient parmi les étudiants selon lesquelles ,il fallait défiler nu avec un thermomètre dans le cul devant une cohorte de médecins, dont de plus en plus de femmes, qui prenaient plaisir à humilier les garçons mis à leur disposition,on vous pompait des litres de sang, non seulement pour des examens, mais aussi pour assurer les stocks de l'Armée en la matière, et ,enfin, les médecins avaient un quota de garçons à envoyer aux hôpitaux militaires pour fournir des cobayes aux étudiants en médecine militaire.
La convocation pour cette série de tests et d'examens finit par arriver et je dus me rendre à Blois un matin de l'hiver 1977, comme la plupart de mes camarades de la région parisienne pour y passer 36 heures. J'étais paniqué, je n'avais pas dormi depuis plusieurs nuits et j'étais incapable d'avaler quoi que ce soit..
Après une journée de tests intellectuels et psychologiques, une matinée était consacrée aux examens médicaux. Elle consistait à défiler en slip devant un certain nombre de "spécialistes" (cardiologue, ophtalmo, dentiste, etc...), quelques minutes pour chaque, avant de subir un examen général auprès d'un médecin gradé
En fait, cet examen général s'est révélé être beaucoup plus anodin que ce à quoi je m'attendais et moins sérieux que les visites médicales que j'avais passées lors de mes dernières années de lycée. La visite chez le méedecin gradé, qui m'angoissait le plus, a dû durer cinq minutes en tout. Le médecin militaire avait le physique de l'emploi( la cinquantaine, bedonnant) et le voyant, je me suis attendu au pire. J'étais en slip devant le docteur et j'étais sûr qu'il allait me le baisser pour un examen génital que j'imaginais au moins aussi détaillé que celui que j'avais subi mes dernières années de lycée. Je m'attendais aussi à des questions sarcastiques sur le nombre de filles avec lesquelles j'avais couché ou sur mes habitudes en matière de masturbation. Je me disais même qu'il risquait de me mettre un thermomètre dans le cul puisque ma température n'avait pas été mesurée au cours du parcours médical que je venais d'accomplir. Eh bien, non, j'ai gardé mon slip. Le médecin m'a demandé: "t'as bien tes deux couilles ? " mais il n'a pas vérifié, puis "tu bouffes bien ? tu pisses bien ? tu chies bien ? tu baises bien ? ". Il a rapidement écouté mon coeur et mes poumons avec son stéthoscope et m'a déclaré "apte pour le service". C'était terminé. Je pouvais rentrer chez moi.
Je me suis demandé si le fait que le médecin ne m'ait pas mis nu pour examiner mes organes sexuels comme je m'attendais à ce qu'il le fasse, tenait au fait que, ayant bénéficié de sursis successifs pour mes études, j'avais 25 ans au milieu de jeunes qui en avaient à peine 20.
Dans le train qui me ramenait vers Paris, j'étais euphorique. Bien que j'aie été déclaré "apte pour le service", ce qui risquait de m'amener d'autres problèmes, j'étais délivré de ce poids de l'attente des "trois jours" et je m'en voulais un peu de m'être fait une telle montagne de si peu de chose. A aucun moment, je n'avais été nu, sauf pour la douche obligatoire à l'arrivée au centre,.Il n'y avait pas eu de prise de sang et notre température n'avait pas été vérifiée.
Récemment, j'ai lu sur internet des témoignages de gens qui avaient passé leurs "trois jours" à la même période (années 1970) et en faisaient une description abominable, insistant sur les humiliations imposées aux jeunes futurs soldats. Je n'ai vraiment pas vu cela.