Cette fin d'année ne m'a pas permis de me déplacer beaucoup, Christine ne voulant pas que j'utilise mon véhicule personnel. Elle m'a donc confié des visites dans le secteur où se situent nos bureaux - 10ème, 11ème, 19ème et 20ème arrondissements. Et encore, il ne fallait pas que j'aille trop loin.
Je prends rendez-vous avec une dame pour des travaux administratifs, assez urgents. Son mari est décédé récemment et elle ouvre droit à la pension de réversion. Martine (je l'appellerai ainsi) ne sait pas remplir un tel dossier : c'est pour cela que Christine me délègue chez elle.
Je ne connais pas Martine, je n'ai jamais été chez elle. Elle me reçoit cependant comme si j'étais un ami de la famille, un proche... Elle commence par me proposer un café chaud, vue la température extérieure et la fatigue engendrée par cette visite. Martine habite en haut de Ménilmontant et la côte est un peu rude. Les bus sont blindés, impossible de monter à bord. Alors, rien d'autre à faire que marcher.
La tasse de café avalée, Martine me présente le dossier à remplir. Bien que le décès de son mari soit récent, elle n'a pas l'air d'être triste ou éplorée. Elle me dira plus tard qu'elle ne l'aimait plus et qu'elle faisait chambre à part depuis de nombreuses années. Elle m'a fait comprendre aussi qu'elle le trompait depuis un moment, et elle pense aussi que feu son époux, en faisait autant.
Bref, les histoires de couple ne me regardent pas... Les gens se confient à moi, je les écoute et je m'arrête là.
Pour en revenir à mon travail, Martine me présente le dossier, et pendant que je suis en train de le remplir, on sonne à son interphone. Martine se met en devoir de répondre, puis revient vers moi me dire que son aidante à domicile est arrivée, en retard, à cause des grèves et qu'elle ne l'attendait plus.
Un détail important : Martine vit dans un petit appartement. Une seule pièce lui sert de séjour, de salle à manger. Il y a un coin cuisine et, bien sûr, toilettes et salle d'eau en commun, dans un recoin exigu.
Yelena, l'aide à domicile entre après avoir sonné. Elle possède les clefs du logement de Martine. C'est une femme blonde, environ 35/40 ans, mince, élancée et assez jolie, qui parle avec un accent slave. Martine me dira qu'elle est Ukrainienne. Elle donne des consignes à Yelana : passer l'aspirateur, faire la vaisselle... Yelena obéit, mais avant de commencer son travail, elle pose son manteau sur le petit fauteuil qui se trouve là. Elle dépose son sac, assez volumineux, duquel elle extrait un bas de jogging, une chemise longue et un tablier.
Puis Yelena se déshabille, comme ça, devant Martine et moi. Elle retire son jean qui était tellement moulant que sa culotte descend un peu. Yelena sourit et rougit en même temps. Puis, elle retire son pull (elle portait un polaire) et reste en petite tenue, culotte et soutien-gorge, dépareillés, quelques secondes avant de revêtir ses vêtements de travail, qu'elle enfile en prenant son temps, et sans sembler être gênée de ma présence. La chemise longue, à boutons, lui arrive jusqu'en haut des cuisses, et dissimule à peine sa culotte. Puis, elle ajuste son jogging et le serre un peu au-dessous du nombril. Elle retire ses chaussures et met des chaussons.
Yelana se met au travail et moi, je reste choqué par ce que je viens de voir. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire... Martine comprend mon trouble, mais ne dit rien non plus. J'essaie de me remettre au travail, mais je suis hanté par la scène que je viens de vivre. J'ai croisé un bon nombre d'aidants à domicile, et qui se sont changé en arrivant. Jamais personne n'a agit comme Yelena. Elle aurait pu se retirer dans la salle d'eau ou me demander de sortir quelques instants...
Je reviens sur mon dossier rempli sous la dictée de Martine pendant que Yelena s'active à passer un coup de serpillière avant de passer l'aspirateur. Martine lui demande, pour ne pas faire trop de bruit, de passer aussi le plumeau avant l'aspirateur et de faire la vaisselle.
Je continue ma tâche. Martine me donne les justificatifs à joindre au dossier. Yelena s'approche de Martine, lui dit qu'elle a finit et demande si elle peut passer l'aspirateur. Martine me regarde et propose à Yelena de faire quelques courses dans les environs, de lui prendre du pain pour ce midi, des fruits, etc... Yelena s'exécute, mais avant de partir, elle retire ses vêtements de travail, remet ses vêtements de ville. J'ai donc droit à un deuxième déshabillage. Je ne pouvais pas faire autrement que de voir Yelena... Elle n'avait rien pour se dissimuler.
Seul avec Martine, elle m'explique qu'en fait, Yelena devait venir plus tôt ce matin, mais les grèves l'ont retardé. Martine ne souhaitait pas sa présence en même temps que moi, mais voilà. Cela n'a pas été possible.Elle m'explique aussi que Yelena se change toujours avant de commencer son travail, qu'elle est maniaque et qu'elle fait attention à ses affaires.
Pendant son absence, j'ai continué à remplir le dossier, avec des confidences faites par Martine qui ne voulait pas que Yelena les entende. Je me hâte de finir mon travail, pour ne pas revoir Yelena une nouvelle fois.
Mais Yelena a été rapide : elle est revenue très vite au domicile de Martine avec les courses. Il n'y avait pas grand monde dans les magasins à cause, toujours de la grève. Sans attendre, elle se déshabille une autre fois et enfile son jogging et son tablier. Cette fois, elle ne m'a pas semblé gênée le moins du monde. Elle a même pris tout son temps pour enlever ses vêtements de ville et revêtir sa tenue de travail. Elle a, aussi, ostensiblement, fait claquer l'élastique de sa culotte en l'ajustant à sa taille avant d'enfiler son jogging.
De mon côté, j'avais fini. Le dossier a été complété et j'ai pris congé de Martine. Yelena aussi me salue et me remercie d'avoir aidé Martine, qui était perdue dans ce dossier, me dira-t-elle en partant.
Dès la porte refermée, j'entends l'aspirateur se mettre en marche.
Je ne savais pas... J'allais recroiser Yelena une autre fois, dans d'autres circonstances.