Quand j'étais étudiant, désargenté, comme beaucoup d'autres, je me faisais soigner dans un centre de santé, près de mon domicile et nouvellement ouvert. L'équipe médicale était composé de jeunes médecins, en majorité des femmes. On pouvait se rendre en consultation n'importe quand, il y avait toujours un généraliste qui recevait.
La force de l'habitude m'a orienté vers une praticienne, le docteur A. Elle prenait soin de moi, elle était blonde avec une longue tresse lui descendant jusqu'au milieu du dos.
A cette époque, j'avais souvent des problèmes de digestion. Le stress, l'approche des examens, me causait des douleurs abdominales abominables.
La première consultation avec le docteur A. m'a surpris, d'abord, parce que je l'ai prise pour la secrétaire médicale ! Elle m'a demandé de la suivre dans son cabinet. Et quand elle a fermé la porte, j'ai compris que c'était elle, le médecin ! C'était, je crois, la première fois de ma vie (à part en milieu scolaire ou universitaire) que j'avais une femme comme médecin.
Je lui explique pourquoi je viens la voir : tout de suite, elle me dit que c'est du stress. Mais elle m'examine : elle me fait enlever le haut, seulement, et je dégage à peine le bas de mon ventre, en entrouvrant mon pantalon. Elle me palpe, attentivement l'abdomen, me demande si j'ai mal ici ou là... En fonction de mes réponses, elle pose son diagnostic et me donne une ordonnance : des médicaments et une radio de l'abdomen à faire faire. Suite à quoi, je dois retourner la voir.
Un mois plus tard, le traitement médicamenteux est terminé. Je vais retrouver le docteur A. et lui montre les radios. Je me plains encore des mêmes maux. Le médecin est sceptique, ne comprend pas. J'ai droit à une deuxième palpation du ventre, un peu plus profonde et un peu plus poussée que la première, dans les mêmes conditions (retrait du haut, et ouverture du pantalon). Elle me donne alors, puisque les radios ne révèlent rien, un autre traitement de fond, plus puissant et un autre rendez-vous dans un mois.
Si les douleurs se sont attenuées au bout de ce mois, elles persistent tout de même. Pour cette troisième visite pour la même chose, elle me met en slip, disant que c'est mieux comme ça, qu'elle verra mieux ainsi (et les autres fois, alors ?). Je m'exécute et je me déshabille : quelque part, j'attendais cet ordre.
Eh bien, pour moi, ce fut le meilleur examen que le docteur A. ait pratiqué sur moi : Et quoiqu'elle n'ait examiné que mon ventre, le fait d'être en slip m'a comblé de bonheur.
Bien longtemps après, je suis retourné dans ce centre de santé, mais pas pour la même chose. Je me suis fait un claquage musculaire en cours de sport.
Manque de chance : ce jour-là, le dr A n'exerçait pas. J'ai rencontré alors le [color=#0000ff]docteur B[/color], une femme aussi, un peu plus âgée que le dr A.
Vu l'urgence, je n'avais pas trop le choix !
J'explique au médecin, ce qui m'amène. Le dr B, sans même m'examiner, sans rien d'autre qu'un entretien pour comprendre le pourquoi du comment, me prescrit une ordonnance avec des anti inflammatoires et quelques séances de kiné.
Une troisième visite, quelque temps plus tard dans ce même centre : cette fois, le docteur A est en vacances et le docteur B ne travaille pas le jour où je dois consulter.
C'est un autre médecin, le docteur C, un homme, cette fois qui me reçoit. Il est peu aimable et me fait attendre longtemps dans la salle d'attente.
Dès qu'il me reçoit, je lui explique que je viens souvent ici, que mon référent est le docteur A et que je viens le voir pour un problème de lombaires.
Son doigt pointé en ma direction me fait comprendre que je dois m'allonger sur la table. Je ne sais pas si je dois me dévêtir ou pas, ou bien quoi enlever. J'ose demander :
- Dois-je me déshabiller, docteur ?
- [color=#800080]Bien sûr, me répond-il. Comment voulez-vous que je vous examine[/color] ?
Et je commence par retirer le haut. J'entends alors le médecin, penché sur mon dossier, m'ordonner :
- [color=#800080]Mettez-vous en slip jeune homme. Je pourrai mieux faire mon travail. [i]Allez hop[/i][/color] !
J'avoue avoir été surpris par cet ordre, ponctué par le allez hop ! (je m'en souviens encore aujourd'hui).
Sans trop y réfléchir, j'obéis au médecin et je m'allonge en slip sur la table. Il m'examine des pieds à la tête, en omettant mes parties génitales.
Puis, il me fait mettre debout et continue son examen de la même manière en me faisant faire des flexions, des étirements et des élongations.
- [color=#800080]Bien[/color], dit-il. [color=#800080]Ce n'est pas méchant. Quelques séances de kiné et revenez me voir. Je vous demande de me voir moi, et non pas le dr A ou le dr B[/color].
Je me rhabille et fait faire mes séances de kiné.
Six à huit semaines plus tard, je suis contraint de revoir le docteur C, que je n'ai pas du tout apprécié. Il a en main, un compte-rendu de mon kiné. Il le lit attentivement. Il ne dit pas un mot. Je suis assis en face de lui, je guette la moindre mimique sur son visage. Rien. Le médecin est imperturbable !
Quand il repose le PV sur le bureau, il lève sa tête vers moi et me dit :
- [color=#800080]Eh bien, jeune homme ? Vous n'êtes pas déshabillé[/color] ?
- Docteur, j'attendais...
- [color=#800080]Ici, on n'a pas le temps d'attendre[/color].
Sans autre forme de procès, je me déshabille et j'entends le médecin me dire :
- [color=#800080]Cette fois, retirez tout. Mettez-vous tout nu. A poil, comme on dit[/color].
J'ai été choqué par l'expression à poil dans la bouche du médecin. Je ne l'avais jamais entendu auparavant, et je ne l'ai plus entendu après !
Submergé par la peur, je me suis mis tout nu, sur la table. Je sentais la honte m'envahir, je sentais monter la fièvre.
Je croyais que, comme l'autre fois, il allait m'examiner la colonne verébrale.
Eh bien non !
Il est passé très vite sur la colonne, et cette fois, il s'est attardé sur mes parties génitales !
J'étais outré, exédé par le comportement de ce médecin, je ne voyais pas où il venait en venir, je ne comprenais pas ses agissements !
Quelques semaines plus tard, je suis retourné voir le docteur A et lui ai raconté ce qui m'est arrivé, ce qu'a fait le docteur C. Le docteur A ne m'a pas cru, non pas qu'elle mettait en doute ma parole, mais elle ne m'a pas cru. Elle m'a dit qu'elle allait tirer l'affaire au clair et convoquer le docteur C. Evidemment, c'était la parole du docteur C. contre la mienne !
Je n'ai jamais eu de suite à cet incident. Et même si j'ai continé à aller me faire soigner dans ce centre, j'ai toujours fait en sorte d'être reçu par le docteur A.
Quelques années plus tard, pour mon mariage, j'ai du passer la visite prénuptiale. C'est le docteur A. qui me l'a faite, elle ne se souvenait plus de moi !
J'ai su par la suite, que le docteur B ne travaillait plus ici... mais que le docteur C, lui y était encore !