Qui sont les Françaises qui pratiquent la fessée ?
Quand on parle avec des sadomasochistes, on a parfois l’impression que certains d’entre eux se considèrent comme une élite du sexe. Quand je l’avais interviewée pour cet article sur le SM, la fondatrice du forum d’informations et de prévention « BDSM ou abus », Isa, m’avait raconté comment avait été accueillie son initiative. Avec « le mépris qu’on peut accorder à des provinciaux qui ne savent pas de quoi ils parlent ».
Sur son blog Sexactu, Maïa Mazaurette raconte aussi :
« L’aristocratie est présente dans le sexe comme elle est présente dans le regard déçu d’un ami tellement littéraire qui ne comprend pas pourquoi vous lisez Game of Thrones.
Concrètement, j’ai rencontré plein de sadomasos qui se foutaient de la gueule du sexe “vanille” [expression qui désigne les personnes qui ne pratiquent pas le sadomasochisme, ndlr] (dont les pratiquants le leur rendent bien, au passage). »
Pour résumer ce sentiment voire le caricaturer, on pourrait dire que ce que l’on sent c’est qu’il existe un sentiment de distinction fort. Que certains pratiquants du SM estiment qu’ils sont sortis d’une norme, celle des ploucs au missionnaire gentillet, pour s’élever à des pratiques difficiles d’accès, réservées à quelques élus.
5% des femmes le pratiquent
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Je me suis souvent demandé dans quelle mesure cette distinction existait vraiment, si elle était sociologiquement identifiable. L’enquête (voir ci-contre) diffusée jeudi par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) donne quelques éléments de réponses.
Commandée par le magazine Femme actuelle, cette étude portait initialement sur « Les Françaises et le “ mommy porn ” “ avec l’idée de mesurer les fantasmes et la réalité.
Pour la réaliser, 1 008 femmes représentatives de la population féminine française, âgée de 18 ans et plus, ont été interrogées.
On y apprend d’abord que le SM, s’il s’est un peu développé reste une pratique confidentielle : 5% des femmes disent le pratiquer contre 3% en 1985. Ce qui semble s’extraire de l’étude, c’est que sans s’approprier l’étiquette de sadomasochistes, les françaises en picorent certaines pratiques :
35% ont déjà fait l’amour en étant ‘dominées’ (9% aimeraient bien) ;
32% ont déjà dominé leur partenaire (11% en ont envie) ;
24% ont déjà reçu une fessée de leur partenaire (tandis que 4% le fantasment) ;
15% ont déjà donné une fessé à leur partenaire (6% en ont envie) ;
36% ont déjà griffé ou mordu leur partenaires.
La frontière de la fessée est générationnelle
Pour ce qui est des affinités politiques. Plus on va vers le FN, plus on se donne des fessées. Alors que la moyenne nationale des femmes ayant déjà reçu une fessée est de 24% (contre 8% en 1985), on trouve 28% des femmes proches du parti d’extrême droite qui en ont déjà pris une. Ailleurs, elles sont :
12% au Front de Gauche ;
21% à l’UMP et 21% au PS, ex æquo ;
22% chez Europe Ecologie-Les Verts.
Niveau milieu social, on se fesse moins chez les cadres (22%) que chez les CSP- (30%), mais plus chez les Bac+2 (27%) que chez les personnes qui n’ont pas le bac (20%).
La frontière de la fessée est surtout générationnelle : près de la moitié (48%) des femmes de moins de 25 ans en ont déjà reçu une contre 7% des 65 ans et plus.
On observe la même frontière dans l’envie de se faire dominer. Seules 10% des 65 ans et plus sont prêtes ‘à se soumettre à tous les désirs de leur partenaires’, contre 26% des moins de 25 ans. La moyenne est de 15%.
Politiquement, on note aussi des différences dans les réponses à cette question. Sont prêtes à se faire dominer :
13% de celles du PS et du MoDem ;
14% des femmes proches du Front de Gauche ;
16% de celles de l’UMP ;
21% de celles du FN.
Voilà, sur ce, on vous laisse vous lâcher sur les blagues d’usage.
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