Vues: 344 Created: 2016.11.28 Mis à jour: 2016.11.28

Eudes et Johann

Chapitre 37

Le réveil fut difficile le lendemain matin à sept heures lorsque le frère hôtelier vint nous secouer. C’était pourtant bien plus tard qu’au pensionnat, j’enviai David et Jonathan qui pouvaient faire la grasse matinée, ils n’avaient certainement pas participé aux vigiles à quatre heures. Le moine nous montra un local ou nous pûmes faire une toilette rapide, nus comme à notre habitude. L’eau froide finit de nous réveiller. Nous déjeunâmes ensuite.

À huit heures, notre calèche nous attendait à l’entrée du monastère. L’abbé nous avait demandé la veille s’il pouvait faire le déplacement avec nous, je lui avais dit que nous allions rester en ville pour la nuit et que nous ne pourrions pas le ramener, il nous avait répondu qu’un peu de marche lui ferait le plus grand bien car il prenait du poids. Il nous rappela pendant le trajet que nous étions attendus pour la grand-messe à onze heures le dimanche matin et nous demanda de ne pas communier puisque nous n’étions pas catholiques.

À neuf heures, nous sonnâmes à l’entrée du Couvent des Ursulines. La mère supérieure vint nous ouvrir en personne.

— Bonjour mon père, bonjour Messieurs, nous dit-elle. Je suis la mère Ruth.

— Bonjour ma mère, dis-je, je m’appelle Eudes, et voici Johann qui m’accompagne.

— Suivez-moi, Messieurs, nous allons faire connaissance.

Nous montâmes dans son bureau, elle nous servit une tasse de thé et des biscuits.

— Ils sont faits par les soeurs du couvent, nous précisa-t-elle. Je pense que vous vous demandez pourquoi nous vous avons invités dans un couvent de femmes.

— En effet, dis-je, c’est inhabituel.

— Vous l’ignorez certainement, nous avons aussi une école de jeunes filles dans le couvent, l’équivalent de votre pensionnat. Il arrive malheureusement que ces jeunes filles, qui doivent rester immaculées jusqu’à leur mariage, se laissent tenter et se fassent abuser par des jeunes hommes. Elles n’ont pas forcément l’impression de pécher, c’est juste de la curiosité. Monsieur l’abbé m’a proposé un échange avec des étudiants de votre pensionnat qu’il connaît par l’intermédiaire de son propriétaire, le Vicomte de R***.

Je me gardai bien de dire que c’était mon père. La mère continua :

— Il m’a assuré que les garçons de ce pensionnat étaient fort respectueux et qu’ils ne toucheraient pas aux jeunes filles. Nous n’avons jamais eu de problèmes jusqu’à présent, et, comme vous n’êtes pas à Fribourg, aucune jeune fille ne va chercher à vous revoir.

— Et de quoi devrons-nous parler aux jeunes filles ? demandai-je un peu inquiet, car je n’avais aucune expérience.

— Vous n’aurez pas à leur parler, c’est l’abbé qui le fera. Et une soeur infirmière l’assistera. Nous aimerions que les jeunes filles puissent voir une fois des jeunes hommes, elles ne rechercheront ensuite plus à en rencontrer, elles attendront bien sagement leur mariage. Je n’assisterai pas à cette rencontre, afin de ne pas en gêner le déroulement par ma présence. Pourrais-je vous demander encore quelque chose, Messieurs ? Il est possible que l’infirmière vous demande de vous mettre à torse nu pour expliquer l’anatomie de l’homme. J’espère que cela ne vous choque pas.

— Pas du tout, ma mère, rien de plus naturel.

— Très bien, la rencontre débutera à dix heures, je vais vous laisser, j’ai un office. Vous pouvez finir de boire votre thé tranquillement. Une soeur viendra vous chercher et vous conduira dans la salle. Vous resterez naturellement pour le repas afin de vous remercier. Pas de questions, Messieurs ?

Nous n’en avions pas, la mère quitta son bureau. Le père nous demanda :

— Alors, jeunes hommes, que pensez-vous de cette punition ? Deux invertis au milieu de jeunes filles en chaleur qui vont les déshabiller.

— Du regard seulement, fis-je remarquer. Et juste le torse.

— Elles pourront toucher ? demanda Johann.

— C’est une nouvelle infirmière cette année. Je ne sais pas comment elle fera son cours.

— Et vous allez leur faire la morale ? demandai-je au prêtre. Cela ne correspond pas bien à ce que nous connaissons de votre personnalité.

— Vous les garçons vous n’avez pas de soucis, ça m’est bien égal si votre précieuse semence se disperse dans la nature ou dans votre fondement, elle est de toute façon perdue pour la postérité. Par contre, si cette semence échoue dans le vase d’une fille, il peut y avoir des effets gênants, cela provoque toujours de la souffrance et des drames. Je vais mettre en garde les jeunes filles. Ce n’est pas prévu dans la doctrine, tant pis.

La soeur vint nous chercher à dix heures moins cinq.

— Vous êtes comme Daniel, nous dit l’abbé, vous entrez dans la fosse aux lions.

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clyso Il ya 8 ans