Camps de vacances
Chapitre 7
C'était Damien qui avait une érection. J'étais bien sûr content de le voir dans cet état, j'avais aussi pitié de lui, ce devait être la honte de sa vie. Tout le monde commençait à chuchoter dans la salle. Le présentateur intervint :
— Silence s'il vous plaît. Ce n'était pas prévu au programme, mais c'est quelque chose... de tout à fait naturel. Damien, désirez-vous remettre votre peignoir ?
— Non, répondit-il, ça passera.
— Parfait, Madame Claude, voudriez-vous nous montrer comment on enfile un préservatif ?
— Avec grand plaisir.
J'espérais que Damien débanderait, ça aurait été pour moi la preuve qu'il n'était pas sensible aux charmes féminins. Malheureusement ce ne fut pas le cas, il resta en érection pendant que l'animatrice déroulait la capote en donnant des explications. Il fut spontanément applaudi à la fin. Les quatre modèles descendirent de la table pour aller se rhabiller.
Nous fîmes une pause pour nous désaltérer. Je demandai à Damien :
— Pas trop traumatisé ?
— Non, ça va, je m'en remettrais, le ridicule ne tue pas.
— Heureusement.
— Et si je deviens comédien, je pourrais me recycler dans les films X si je n'ai plus assez de travail.
— Je n'ai pas l'impression.
— Pourquoi ?
— Excuse-moi de te dire la vérité, elle est trop... courte. Pour jouer dans un film je veux dire, pour le reste elle ira très bien.
— Et la tienne ?
— Sans me vanter, elle conviendrait déjà mieux.
J'eus envie d'ajouter :
— Veux-tu la voir lorsque je bande ?
Je me retins. Le présentateur interrompit notre conversation et nous pria de regagner nos places. La deuxième partie me passionna beaucoup moins, ce furent quatre filles qui se déshabillèrent. Je les regardai juste pour l'aspect scientifique, voir quand même une fois dans ma vie comment une femme était faite. Ce qui me désola, c'est que Damien s'intéressa beaucoup à elles, en particulier à Céline qui répétait aussi la pièce avec nous. J'étais jaloux. Damien était-il hétéro ? Mes espérances s'évanouissaient. J'écoutai à peine le reste, essentiellement des questions au médecin et ses réponses. J'aurais bien voulu en poser une, mais je n'osai pas, on aurait soupçonné que j'étais homosexuel.
Après le déjeuner, les filles restèrent avec Madame Claude pour parler de thèmes plus féminins, comme la palpation des seins, thèmes qui ne nous concernaient pas. Ce n'est pas tout à fait exact. Ceci aurait intéressé la plupart de mes camarades, j'ai tendance à généraliser. Le présentateur resta avec les filles pour se rincer l'oeil.
Jeremy, qui avait aussi assisté au cours, « pour des raisons professionnelles uniquement », m'avait-il dit sans rire, « afin de voir si la mise en scène était bien faite », vint avec nous et nous mena à l'ombre dans la forêt. Il me dit qu'il avait été très satisfait de la prestation de Damien. Oser bander sur scène, il ne le pourrait pas. À la rigueur pisser, mais pas bander.
Le médecin était aussi avec nous, il nous expliqua qu'il allait nous montrer comment examiner régulièrement nos testicules afin de détecter tout changement. Il demanda un volontaire pour faire la démonstration. Personne ne réagit, sauf Nathan :
— Damien, tu as l'habitude maintenant, vas-y !
Jeremy intervint :
— Et toi, au lieu de toujours parler et de dénigrer les autres, ne pourrais-tu pas nous prouver que tu en as ?
— Que j'en ai quoi ?
— Des couilles, évidemment.
Tous rirent et approuvèrent, Nathan commençait à énerver bon nombre d'entre nous. Tête basse, il se résolut à se mettre en face de nous. Il attendit les ordres du médecin qui lui dit :
— Eh bien, baissez votre pantalon, on verra mieux.
Il obéit, le médecin lui expliqua ce qu'il devait faire, corrigeant ses gestes. Il put ensuite se rhabiller. Nous pensions en avoir fini, lorsque le docteur nous dit :
— C'est à vous maintenant.
Nous nous regardâmes, personne ne semblait avoir compris. Le médecin insista :
— Oui, vous pouvez tous le faire maintenant.
Nous baissâmes alors nos pantalons et caleçons, puis nous nous triturâmes les couilles pendant quelques minutes. Nathan nous matait en prenant sa revanche. Jeremy compatit à notre triste sort et nous imita.
Le médecin nous invita ensuite à nous rendre à l'infirmerie, chacun à notre tour, pour parler de la prévention des MST. Ce n'était pas obligatoire, je m'y rendis, même si je n'avais pas tellement envie de retourner dans ce local qui avait peut-être des caméras cachées, mais ce sujet m'intéressait. Je me disais que j'allais certainement faire une visite dans un sauna gay ou dans un autre lieu de perdition et baiser avec n'importe qui. Il faudrait être prudent.
Le médecin était bien plus respectueux que le précédent. Il me vouvoya, me demanda si je voulais bien répondre à quelques questions. J'acceptai. Il me demanda ensuite si j'avais déjà eu des relations non protégées, je dis non, sans oser dire que je n'avais jamais eu de relations du tout. Il me parla avec tact de mon orientation sexuelle, je lui avouai que j'étais gay.
Il me pria de me coucher sur la table d'examens et de baisser mon caleçon. Il examina brièvement mon pénis, faisant un commentaire sur mon grain de beauté. Le monde entier allait bientôt connaître cette particularité de mon anatomie. Il me conseilla de faire régulièrement des contrôles, en particulier si j'avais plusieurs partenaires. Il me montra ensuite comment on faisait un prélèvement dans l'urètre avec un coton-tige. Ce fut très désagréable.
Il me proposa ensuite une vaccination contre le papillomavirus. J'acceptai, il me demanda de me retourner et me fit une piqûre dans les fesses. C’était terminé, je pris congé et je sortis. À ce moment-là, je pensais ne plus avoir de contacts avec un médecin jusqu’à la fin de la colo.