Les études de Marie-Jeanne
Des revenus bienvenus
Le train-train reprit. Madame Granlean, ayant à l’occasion du séjour parisien et de son retour rappelé à Marie-Jeanne l’usage qu’elle entendait faire de ses parties intimes antérieures et postérieures, se fit moins impérative dans ses désirs. Tout se passait bien.
Marie-Jeanne avait parfois, les mois précédents, gardé les enfants de familles du voisinage, sur la recommandation de sa logeuse. Les Jolibois lui demandèrent de garder leurs trois enfants à domicile tout un week-end. La somme proposée était intéressante. Il faudrait, comme le lui expliquait madame Jolibois, leur servir les repas, veiller à ce qu’ils desservent, un peu de ménage, s’occuper du bain, passer une couche au cadet pour la nuit, celui-ci n’étant pas encore propre, etc.
Si Marie-Jeanne avait l’expérience de garder trois enfants pendant quelques heures, elle n’avait jamais eu celle de s’occuper d’une maisonnée pendant deux jours, sachant que lorsque l’on est seule pour trois enfants, il y en a deux qui peuvent faire des bêtises pendant que l’on s’occupe de l’un. La première journée se déroula sans incident, mais elle était tout de même soulagée que le soir soit arrivé.
C’était le moment du bain. Madame Jolibois n’avait pas donné trop de consignes. Marie-Jeanne, qui ne voulait pas que cela se terminât trop tard, décida de faire passer les deux garçons (3 et 9 ans) à la douche d’abord avant de s’occuper de la petite fille.
« Marie-Jeanne, je peux me doucher seul » lui dit l’aîné.
« Votre maman m’a demandé de m’occuper du bain pour vous trois. Allez ne m’embête pas. »
Marie-Jeanne rinça le cadet, passa la douchette à l’aîné puis se mit à savonner le cadet.
« Mais ? Lave-toi pendant que je m’occupe de ton frère !… Oh et puis zut puisque c’est comme ça je le ferai. »
Ayant rincé le cadet et faisant fi des protestations de l’aîné, elle se mit à laver celui-ci sans omettre aucune partie.
« Si tu avais fait ce que je t’avais demandé tu n’en serais pas là. »
Elle fit se sécher les deux enfants, puis mettre en pyjama, avec une couche pour le cadet.
Ce fut le tour de la petite fille. Au point où elle en était, même tarif : elle la lava de pied en cap.
Elle lut quelques histoires avant que les enfants ne s’endorment. Elle se demandait comment elle assumerait le rôle de mère, comment seraient ses enfants.
Pour la seconde journée, elle avait pris de l’assurance, mais fut tout de même soulagée quand les Jolibois rentrèrent.
Madame Granlean l’accueillit avec un sourire. « Alors ? Vous vous sentez l’âme d’une nanny, comme disent les Britanniques ? ». Marie-Jeanne rit.
Ce week-end avait en tout cas été bénéfique à la réputation de Marie-Jeanne, qui reçut d’autres demandes de garde à la soirée, à la journée… Ceci réduisit les opportunités de sorties avec madame Granlean, mais elle appréciait de pouvoir avoir des activités indépendantes.