Vues: 423 Created: 2011.05.26 Mis à jour: 2011.05.26

Les bonheurs de Sophie

Chapitre 6

Après leurs emplettes, Sophie avait prévenu Tom :

- « Tu m’as bousculée pour une première « sortie ». J’ai besoin de prendre un peu de recul (le terme ‘re cul’ avait tout d’un lapsus), je te recontacterai dans la semaine. »

- « Chère Sophie, tu es une fille super, je sais que nos moments d’intimité t’ont surpris mais la succession des événements ont entrainés les soins que je t’ai prodigué comme un enchainement de circonstances. Si je t’ai rempli le ventre, tu as comblé mes yeux, tu comprends pourquoi le dicton dit ‘qu’il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre !’ J’aurai beaucoup de plaisir à te revoir et te montrer comment on retouche des photos.

- « C’est cela, oui, tu me montreras aussi comment on remplit les brocs, je suppose. Chez toi, il y a beaucoup de chose qui finissent par o ! »

- « Détrompes-toi, l’eau est à l’origine de la vie, c’est quand nous en manquerons que tout sera fini. Mais trêve de bavardage, bonne semaine, je crois que tu as des partiels actuellement à la fac. Bon courage. »

Les jours qui suivirent permirent à Sophie de réfléchir longuement à tous ces événements. Il y avait une chose qui la turlupinait, c’était la nature de l’amitié entre Tom et Justine. Elle avait rencontré cette dernière la semaine passée chez d’autres amis de Tom. L’infirmière était venue avec son ami Mathieu, interne à l’hôpital. Mais visiblement, elle avait une complicité avec Tom dont Sophie voulait connaître l’origine. Justine avait fait allusion au broc à lavement de Tom, sur ses conseils d’achat, sur le choix des canules… etc. Elle s’était empressée de recommander ce traitement d’un autre âge. Tout cela méritait d’être approfondi. Sophie décida de contacter Justine.

- « Allo, Justine, bonjour, c’est Sophie, excuse moi de te déranger mais j’aimerai te voir pour parler tranquillement. »

- « Si c’est pour le traitement de régularisation du transit, je peux te conseiller par téléphone. As-tu atteint l’objectif des deux exonérations quotidiennes ? Si tu n’y es pas encore parvenue, tu peux poursuivre le traitement encore quelques jours. »

- « Oh certainement pas, j’ai arrêté les comprimés, j’avais trop de coliques, non, ce n’est pas pour cela, c’est au sujet de Tom, j’aimerai savoir comment tu l’as connu. »

- « Mais bien sûr, avec plaisir, si tu es libre ce soir à 18 h, on peut se voir à la Tisanière, c’est un salon de thé pas loin de la fac. Je te raconterai la Genèse… jusqu’au déluge ! »

A l’heure dite les filles étaient au rendez-vous.

- « Bonjour Sophie, tu es ravissante dans cette jupe à volants, c’est l’achat que tu as fais avec Tom ? ça te change vraiment. »

Sophie ne voulant pas perdre de temps et surtout ne pas avoir à énumérer d’autres achats plus intimes, entra directement dans le sujet qui la préoccupait.

- « Salut Justine, ta relation avec Tom me paraît curieuse, tu as l’air de bien le connaître y compris dans ses fantasmes originaux, tu te précipites chez lui pour m’administrer un lavement comme une groupie voulant plaire à son idole et satisfaire à son caprice, mais pourtant, tu sors avec Mathieu et d’ailleurs je ne vois pas de stratégie de séduction entre vous deux. Je ne comprends pas. »

- « Ah, ma brave Sophie, j’avoue que l’explication n’est pas courante mais voilà, je suis la meilleure amie de Sandrine, l’ancienne copine de Tom. J’ai connu Tom par elle et j’ai pu ainsi l’apprécier aussi. Ils s’entendaient très bien tous les deux mais voilà qu’il y a six mois, Sandrine à été mutée à Paris pour son travail de visiteuse médicale. Au début ils se voyaient chaque 15 jours mais Sandrine a rencontré là-bas un garçon qu’elle décrit comme l’homme de sa vie et elle a décidé de rompre avec Tom. Comme elle tenait à ce que Tom ne déprime pas trop, elle m’a demandé de le soutenir de mon mieux d’où mon empressement à lui rendre les menus services qu’il m’a demandé. »

- « Pour n’être pas courante, ton explication m’éclaire et me rassure bien que je suis peinée d’apprendre que pour Tom, je ne suis qu’un second choix ! Mais dis-moi, s’il est vrai que Tom aime bien « les jeux de fontaines », pratiquait-il aussi ses « expériences » avec Sandrine ? »

- « Sans dévoiler la vie intime de mon amie, la réponse est oui. Tom trouvait le moindre prétexte pour lui injecter des liquides divers avec une petite poire en caoutchouc de 20 cl. Il adorait remplir et vider la poire effilée dans le fondement de sa petite amie en lui chantant des scies de marcheurs du genre « une poire pour la faim, ça comble, ça comble, une poire pour la soif, ça gonfle l’intestin ; deux poires pour la faim, ça comble, ça comble… etc, tant est si bien, qu’au bout d’une dizaine de couplets, Sandrine criait grâce pour arrêter la randonnée liquide et passer à l’étape pique nique constituant le plat de résistance de la soirée ! »

- « En effet, je vois d’ici le tableau, la pauvre Sandrine à quatre pattes, et Tom allant et venant de ses cuvettes à son cul en levrette (excuses moi de ce terme grivois mais c’est pour la nécessité de la rime). J’ai bien vu la poire en question dans son labo photos mais je croyais à une grosse soufflette pour nettoyer les objectifs. En fait la poire servait bien à nettoyer mais l’objectif était différent ! (Objectif Lune, évidemment !)»

- « Tu as tout compris et c’est pourquoi, comme Sandrine commençait à en avoir ‘raz le bol’ de ces remplissages d’apothicaires, j’ai conseillé à Tom d’acheter un broc à lavement afin qu’il arrête de vouloir remplir une carafe avec une petite cuillère (et pas culière !). Les événements ont fait que c’est toi qui a étrenné l’ustensile que dans mon métier d’infirmière j’aime surnommer le narguilé. »

A cet instant, le serveur du salon de thé s’approcha des clientes pour leur prendre commande. Afin de reprendre rapidement la discussion, Justine commanda deux infusions « ventre plat » sans demander l’avis de Sophie.

- « Tu verras », dit-elle pour se faire pardonner, « c’est un excellent mélange idéal pour le transit : bourdaine et cascara. »

- « Je n’y connais pas grand chose en herboristerie mais je soupçonne que tu aimes bien déboucher les tuyaux par les deux bouts. Bon, je reviens à Tom, il mérite une leçon pour ce qu’il m’a fait subir l’autre jour. Tu connais la fable du Renard et de la Cigogne qui rends sa politesse au compère, ce dernier au final, pris à son propre jeu, se retrouvant ‘honteux comme un renard qu’une poule aurait pris ’ ! Pourrais-tu m’aider à faire gouter à Tom sa soupe à ma manière. »

- « Tiens, Sophie, c’est une bonne idée, je propose une petite soirée samedi soir chez moi avec Mathieu, tu joueras le rôle de la cigogne et moi celle de la poule. On va bien s’amuser. »

- « Mais as-tu une idée pour que Tom se laisse faire ? Je ne voudrais pas que la séance tourne au pugilat. »

- « Ne t’inquiète pas, ma chère, Mathieu à plein de ressources. »