Christophe, jeune homme naïf

Noël indiscret

Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de retrouvailles familiales. Christophe se retrouva donc au milieu d’oncles, tantes, cousins, cousines, plus ou moins éloignés. Il n’était pas forcément très à l’aise, surtout avec les adultes plus âgés qui, l’ayant connu petit, avaient encore parfois tendance à le traiter comme un enfant.

Une tante par alliance lui demanda s’il avait une petite amie. Il n’avait jamais parlé de Cécile à ses parents, de peur d’une litanie de questions maternelles (que font ses parents, etc.). Heureusement, devant son air embarrassé, la tantine sourit et n’approfondit pas.

Sa mère avait été plus indiscrète. Ses appels téléphoniques à la résidence étudiante étaient souvent infructueux. Son fils « découchait » ! Une prudence alternance entre sa chambre et celle de Cécile permettait cependant de prétexter diverses activités. Elle se doutait cependant bien qu’il devait y avoir quelque chose, mais ne creusa pas trop.

Christophe aurait voulu que le plancher l’engloutît lorsqu’une autre tante l’aborda sur un sujet très intime :

« J’ai appris pour ton opération. Pas de problème ?

— Euh non.

— Tout de même à près de 20 ans ce doit être difficile. Raphaël, le petit de Martine, ses parents vont le faire opérer à 6 ans, je trouve que c’est mieux plutôt que d’attendre que ça s’infecte. »

Christophe s’excusa. Sa mère avait-elle raconté ses problèmes intimes à toutes les rombières plus ou moins de la famille, y compris par alliance ? Il finit par l’aborder :

« Dis, maman, tu as raconté à tout le monde pour mon opération ? Tata Annette m’en a parlé.

— Mais non. C’est juste que nous nous sommes retrouvés avec Martine qui expliquait qu’elle avait hésité avant de décider de faire opérer son fils sur avis du médecin, à titre préventif, alors qu’il n’avait pas de désagrément, et j’ai approuvé sa décision en expliquant que tu avais eu une infection et que tu avais dû le faire faire l’été dernier. C’est quelque chose qu’on avait regardé il y a longtemps mais que j’avais laissé traîner, je n’aurais pas dû. »

Christophe s’imagina la scène, Martine, une amie de sa mère, encore hésitante d’avoir fait enlever une partie du corps de son enfant à titre préventif, et les rombières la rassurant avec des anecdotes intimes sur leurs propres enfants. Hé bien, il n’y avait plus qu’à boire le calice de ces indiscrétions !

Le calice fut bu quelques jours plus tard, quand ladite Martine, de visite à la maison, coinça Christophe dans le jardin. Christophe aimait bien Martine, qu’il connaissait depuis longtemps et qui l’avait parfois gardé quand il était petit, mais là il appréhendait le sujet de conversation.

« Christophe je peux te poser des questions ? »

Christophe appréhendait le sujet, mais comment refuser ?

« Euh oui ?

— Voilà j’ai appris pour ton opération. Nous avons pris rendez-vous pour faire opérer notre fils pour le même problème… le phimosis. Donc toi tu as eu une infection ?

— Euh oui. Une balanite.

— C’était très douloureux ?

— Un peu mal sans plus. C’est passé avec du Dakin et des antibiotiques.

— Tu n’avais pas d’autre problème ?

— Non, à part que… comment dire parfois c’était un peu inconfortable quand j’étais en érection.

— Ah ?

— Oui, ça tirait, ça faisait un peu mal.

— Et là tu n’as plus de problème ?

— Euh… comment dire, enfin la cicatrice est assez sensible et parfois ça fait mal quand ça frotte dessus.

— Les vêtements ?

— Non plutôt comment dire… »

Christophe était rouge. Martine le regardait d’un air attendri.

« Tu veux dire, lors d’un rapport sexuel ?

— Oui un peu douloureux parfois. Surtout si c’est… avec la main.

— Ah je vois. C’est gênant ?

— Parfois un peu. Pas trop quand c’est moi mais si c’est une fille si. Enfin ça va mieux maintenant.

— L’urologue ne m’avait pas prévenu de ce genre d’effets secondaires.

— Moi non plus, on m’avait dit qu’il n’y avait aucun problème. »

Martine hocha la tête, pensive.

« Et pour un rapport sexuel… normal, c’est gênant ? »

Christophe rougit jusqu’aux oreilles.

« Je ne sais pas. »

Martine eut un air attendri, l’air que prennent les adultes pour s’adresser aux enfants quand ceux-ci admettent une faiblesse. Le pauvre petit était sans doute encore vierge, ou du moins n’avait-il pas dépassé le stade des caresses manuelles !

« Une dernière chose Christophe. Tu peux refuser bien sûr. Voilà, en fait… Est-ce que cela te dérangerait de me montrer ce que cela donne ? »

Christophe regarda Martine d’un air affolé.

« Quand le médecin m’a parlé j’étais convaincue : une petite opération, éviterait de graves infections, pas d’effets secondaires. Puis là tu me dis que tu as des douleurs, une cicatrice sensible. Alors j’ai des doutes. Il a été assez vague. J’aimerais me rendre compte par moi-même. Je sais que c’est très embarrassant et je comprendrais que tu refuses. »

Christophe avala sa salive.

« Bon, si tu veux. Où allons-nous ?

— Dans ta chambre, c’est possible ? »

Et c’est ainsi que Martine s’assit sur le lit de Christophe, et que celui-ci se débraguetta devant elle.

« Ah oui. Je vois. Je ne pensais pas qu’ils enlevaient tout. Et où as-tu mal ? »

Christophe tira sur sa peau et désigna la portion de la circonférence où il avait ressenti des douleurs.

« Oui, je vois, la cicatrice.

— Et même toute cette partie il faut éviter de frotter trop fort ça fait mal. Ou… lubrifier.

— Oh. Je vois. Merci Christophe, je suis désolé de t’avoir demandé quelque chose d’aussi intime mais c’est difficile d’avoir des informations. »

Christophe, en se renculottant, se demanda quand il pourrait recroiser Martine sans rougir jusqu’aux oreilles. Heureusement, la fin des vacances fut moins embarrassante.