Christophe, jeune homme naïf

Ostéosynthèse

La convalescence se passait bien. Cécile allait en cours et en kinésithérapie. Le week-end, elle ne rentrait pas chez ses parents pour s’éviter un trajet pénible avec les béquilles. Christophe restait avec elle.

Cécile avait décidément pris goût à la pénétration vaginale. Pour plus de sûreté, rapport à la journée de pilule oubliée, ils utilisaient des préservatifs, qui parfois lui procuraient des sensations désagréables ; quant à Christophe il avait parfois l’impression d’avoir la verge dans un sac plastique. Le premier paquet fut bientôt terminé. Christophe décida d’investir dans un modèle plus haut de gamme, et l’essai fut concluant.

Ne pouvant monter sur Christophe, elle faisait travailler celui-ci en position du missionnaire. Elle éprouvait une certaine volupté à être là, jambes écartées, bien ouverte et offerte, plaquée sur le lit à se faire ramoner. Dans cette position, elle affectionnait le frottement du pubis de Christophe contre son clitoris ; mais parfois l’astucieux garçon passait une main et agissait du bout des doigts. Cécile apprécia cette sensation de ne rien contrôler, d’avoir le plaisir qui venait de son clitoris manipulé et de son vagin pénétré.

Ou encore, elle se mettait sur le côté et tendait les fesses. Dans cette position, elle se caressait le clitoris, et sentait le ventre de Christophe contre elles. Parfois Christophe, qui aimait la taquiner, en profitait pour lui mettre un doigt dans l’anus, ce contre quoi elle protestait pour la forme.

Les « règles » à la fin de la plaquette furent gérées fort simplement : Cécile s’installait jambes écartées sur une serviette et Christophe lui retirait son tampon avant de s’occuper de son sexe. Il avait été un peu intimidé par ce geste, mais Cécile l’avait encouragé. Après le rapport, elle sortit aux toilettes uriner et remettre une protection. Elle fut surprise quand il lui proposa le matin de changer son tampon ; elle trouva ce geste très doux. Ces petites attentions lui plaisaient.

Il y a un an, elle ne se serait pas imaginée si coquine. Elle avait des pensées licencieuses. Par exemple, lisant avec une amie une description du jambon ibérique issu de porcs nourris aux glands, elle eut la pensée qu’elle aussi aimait avoir un gland dans la bouche et pouffa. Elle n’osa toutefois pas expliquer le motif de son rire.

Car Cécile, si elle s’était mise pour de bon à la pénétration, n’oubliait pas les plaisirs oraux. La fellation, qu’elle aurait considérée comme un acte sale, l’excitait beaucoup : sucer la faisait mouiller. Quant à la langue de Christophe, elle en profitait régulièrement.

Les vacances de printemps arrivèrent ; les deux amants retournèrent chacun dans leur famille. La mère de Christophe, qui se doutait qu’il devait y avoir une fille (ou un garçon ? elle préféra chasser cette pensée) derrière les absences de son fils, tenta quelques questions indirectes, mais n’obtint aucune information.

Martine passa. Christophe se sentait embarrassé en sa présence. Il le fut encore plus quand elle l’entraîna à l’écart dans le jardin.

« Finalement, nous avons fait opérer Denis. Et toi, ça va ?

— Euh oui oui. Aucun problème de ce côté.

— Non mais je parlais en général, pas de ton zizi ! Pour lui… tu as une petite amie, non ? »

Christophe rougit.

« Donc oui tu en as une. Ta mère s’en doute, tu sais. Content que ça se passe bien de ce côté là » (elle esquissa un geste en direction de l’entrejambe de Christophe) « c’est important dans une relation ; ce n’est pas la seule chose mais c’est important. Un homme ça sert à ça aussi. »

Christophe rougit encore plus. Toutefois, la pensée de Martine, femme de caractère mariée à un homme plus discret, exigeant de celui-ci qu’il remplisse le devoir conjugal, le fit sourire.

« Elle est comment ?

— Martine ! Enfin ! Je n’en ai pas parlé à mes parents.

— Rooh la là, mais tu peux m’en parler à moi. Je serai plus discrète que ta mère. »

Christophe maudit sa mère et sa manie de raconter à ses amies les affaires personnelles de ses enfants.

« C’est une fille de mon école, en première année aussi. Elle s’appelle Cécile. Elle est vraiment bien.

— Sinon, pas de bêtises hein, ne prends pas le risque de la mettre enceinte.

— Ne t’inquiète pas. »

Martine était devenue sérieuse. « J’ai eu un accident de contraception quand j’avais une vingtaine d’années. J’ai dû me faire avorter. Je ne souhaite cela à personne et notamment pas à ton amie. Et puis, il y a les maladies… »

C’était la décennie SIDA.

« Non non ne t’inquiète pas. »

Un appel de la mère de Christophe mit heureusement fin à cette embarrassante conversation.